France 45322
(25918)
BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,
En date du 29 mai 1860,
Aux sieurs PIDAULT et CORDIER, à Paris,
Pour un révolver avec cartouche spéciale.
Pl. XIX.
Nous nous sommes attachés depuis longtemps à perfectionner le révolver et à en faire une arme sûre, précise, et ne pouvant jamais faire défaut aux mains de celui qui s’en sert.
Déjà, dans les brevets précédents, nous avons indiqué de notables améliorations; nous venons, dans la présente demande, détailler les importants perfectionnements qui, d’après nous, complètent cette arme terrible.
Tous les révolvers connus jusqu’à ce jour présentent cet inconvénient que, par suite de l’usage, les rochets, gâchettes, cliquets ou pièces qui font marcher la denture du chien s’usent, s’arrondissent et finissent par laisser échapper le chien un peu plus tôt qu’il n’est calculé, de telle sorte que ce chien, au lieu de frapper exactement sur la capsule, s’abat un peu à côté et ne la fait pas partir, ce qui laisse à l’adversaire un temps bien précieux en pareille circonstance.
Afin d’obvier à cet inconvénient, nous avons imaginé de disposer une pièce auxiliaire qui sert de limite précise au mouvement et qui est établie de telle façon qu’au moment calculé elle fait toujours sortir le rochet ou cliquet de la denture pour laisser échapper le chien, qui tombe exactement, et sans manquer, sur la capsule et jamais à côté.
Nous avons, en outre, pensé à utiliser cette même pièce auxiliaire en la munissant d’un cran de repos qui peut s’engager dans la denture du chien, de telle sorte que, celui-ci étant armé, la denture repose sur le cran; dans ce cas, c’est le cliquet ou rochet inférieur qui vient, au moment précis, déclencher la pièce auxiliaire pour laisser échapper le chien.
La figure 1 est une vue en élévation de notre revolver.
La détente a porte un cliquet ou rochet bà fourche, dont l’une des pointes se trouve placée au repos sous la dent inférieure du disque denté e, qui est solidaire du chien d; la pièce auxiliaire fest fixée à demeure, mais jouit cependant d’un très-léger mouvement en arrière quand elle est comprimée contre le ressort g, qui, à l’état ordinaire, presse constamment cette pièce fcontre le disque e.
Lorsqu’on presse la détente a, le ressort b, étant appuyé sur la dernière dent du disque e, élève ce disque en le faisant tourner autour de son centre h, de telle façon que le chien d se porte en arrière en même temps que le ressort l est tendu fortement sous cette action.
Lorsque le rochet b est arrivé àla hauteur précise où il doit abandonner le chien pour que celui-ci tombe sur l’une des capsules, ce rochet b rencontrejustement la pièce auxiliaire f, dont la pointe pénètre au milieu de la fourche, de telle sorte que, le mouvement d’élévation du rochet continuant, la pièce auxiliaire retient le rochet en place, et celuici laisse échapper la dent du disque, qui, pressé par le ressort 1, revient à sa position première, tandis que le chien s’abat pour faire partir la capsule sans avoir aucun frottement contraire à son mouvement d’abatage, puisqu’aucune pièce ne reste en prise avec la denture du chien.
Par cette méthode on peut tirer sans avoir besoin d’armer, rien qu’en pressant la détente, qui arme le chien et fait partir les coups successifs sans possibilité de voir le coup perdu, faute de frapper juste.
Si l’on veut, au contraire, tirer avec précision en armant d’avance le révolver, il suffit d’armer le chien; dans ce mouvement, le disque s’élève jusqu’à ce que la denture supérieure soit engagée sur la saillie de la pièce intermédiaire f, tandis que le rochet best amené juste en dessous de la pointe de la pièce intermédiaire, dont la pointe se trouve placée au milieu et à l’intérieur de la fourche du rochet b.
Pour faire partir le coup il suffit donc de toucher la détente, qui, en élevant légèrement le rochet, prend la pointe de la pièce intermédiaire entre la fourche et la pousse en dehors de la denture, qui, sous l’impulsion du ressort 1, revient à sa position de repos en faisant frapper le chien sur la capsule au point précis et voulu.
Ainsi, de toute façon, le coup part sûrement par suite de cette disposition d’une pièce butée qui agit comme pièce provoquant l’enlèvement du rochet au moment voulu, tantôt comme cran d’armement du chien, et dans ce dernier cas c’est le rochet lui-même qui la désencoche.
Le mouvement de rotation du tonnerre est obtenu exactement en combinaison par la disposition d’une pièce m détaillée à part, fig. 2 et 3, sous deux vues et qui agit sur des crans n établis au centre du plateau p, solidaire du tonnerre q; la pièce m reçoit son mouvement du disque e lui-même, dans lequel il s’ajuste par le teton s.
La figure 4 détaille la pièce de recouvrement qui s’ajuste sur le pistolet pour cacher toute cette partie du mouvement et qui peut s’enlever, au besoin, en défaisant une seule vis, afin de visiter et de reposer l’arme, s’il y a lieu.
On doit facilement comprendre qu’il n’est point d’usure qui puisse modifier la précision des mouvements que nous venons d’indiquer.
Une autre partie de mon invention consiste dans une disposition également fort importante qui permet à la cartouche de se dilater sans jamais pouvoir empêcher le mouvement de rotation du tonnerre, ou même sans pouvoir diminuer la facilité avec laquelle s’exécute ce mouvement.
Pour obtenir le résultat que nous venons d’indiquer, nous disposons, par exemple, le plateau p avec un tube central r au milieu duquel passe la broche t; l’extrémité du tube appuie contre la paroi du support v, sur laquelle il frotte en tournant, fig. 5, 6 et 7.
Le tuber porte une légère cavité à son extrémité, dans laquelle peut venir se loger une bague à charnière z, détaillée ouverte à part fig. 8 et 9.
On comprendra facilement que le tonnerre q et le plateau p tournent sur l’axe t, en frottant seulement par l’extrémité du tube r: or, quelle que soit la dilatation des cartouches, cette dilatation n’aura jamais comme effet que de comprimer le tonnerre contre le rebord saillant du tube r; ce qui ne pourra en aucun cas gèner la rotation du tonnerre et du plateau, puisque les pressions contre les parties frottantes ne seront pas accrues.
Enfin, une troisième partie de notre invention concerne les cartouches que nous employons de préférence avec ce genre de révolver, et qui peuvent servir plusieurs fois en les rechargeant.
Nos cartouches sont composées de trois parties distinctes le culot en cuivre A, fig. 10; la balle B, fig. 11, et le portecapsule C. Le porte-capsule C est représenté, fig. 12, en élévation et, fig. 13, en plan; il est formé d’une pièce en cuivre découpée en croix.
La figure 14 montre l’ensemble de la cartouche.
On place la capsule D sur le porte-capsule C, que l’on renverse dans le culot de façon que le fond de la capsule D touche le fond du culot A; puis on remplit le culot de poudre jusqu’à la hauteur de la ligne supérieure du porte-capsule et l’on place la balle B par-dessus; la cartouche est prête.
Une fois le coup tiré, la balle et la poudre seules sont parties, le porte capsule est resté, parce que son diamètre est un peu plus fort l’orifice du canon; quant au culot de cuivre, il est un peu dilaté, mais il suffit de le mandriner, et ce culot peut servir de nouveau. Le portecapsule peut recevoir telle capsule que l’on veut.
Ainsi le brevet comprend:
1º Le révolver perfectionné que nous avons décrit ci-dessus, avec un ensemble de dispositions nouvelles et anciennes nouvellement combinées;
2º La disposition d’une pièce de butée, limite combinée avec le rochet et la détente pour assurer l’exactitude du tomber du chien, armé ou non d’avance.
Il nous sera facultatif d’employer cette disposition avec tous genres d’armes et de révolvers, quels qu’ils soient, comme aussi de varier les moyens d’exécution décrits;
3º La disposition spéciale d’un tonnerre et d’un plateau montés sur le même axe de manière à pouvoir tournerdans des conditions toujours identiques, quelles que soient les pressions développées par la dilatation des culots de cartouches parties.
Il nous sera facultatif de varier les moyens décrits à cet effet, et de remplacer l’anneau à charnière par un écrou à vis se montant sur le tube même pour supporter la pression du tonnerre lorsqu’il y a lieu; ou d’adopter tels autres moyens permettant d’obtenir l’effet nouveau que nous avons imaginé et signalé;
4º Les cartouches nouvelles à douille métallique, pouvant servir plusieurs fois au moyen d’une pièce portecapsule indépendante du culot et placée dans son intérieur.