Patent: Claude Javelle

France 109889

BREVET nº 109889, en date du 16 octobre 1875,

A M. JAVELLE, pour des perfectionnements aux pistolets el carabines-révolvers, consistant: 1º en une baguette commandant elle-même la rotation du barillet pour l’extraction des culots des cartouches; 2º en l’application à ces armes. d’un nouvel obturateur.

Pl. VII.

Les perfectionnements apportés aux pistolets-révolvers concernent la baguette d’extraction des culots des cartouches et l’application à ces armes d’un obturateur, dans le but d’augmenter la rapidité de leur tir et leur force de projection.

La planche indique le mécanisme de ces deux perfectionnements sur un type de révolver de notre création, mais ils peuvent s’appliquer à tout système, pistolet ou carabine-révolver, où l’on extrait les culots des cartouches à l’aide d’une baguette, les cartouches étant à percussion centrale.

Les figures 1 et 1 bis montrent la baguette au repos.

Par les figures 2, 2 bis et 3, où cette baguette est à fond de course et en fonctionnement, on peut apprécier les mouvements qu’elle a faits;

1º Mouvement de rotation qui l’amène de 4 en B, fig. 3;

2º Mouvement horizontal de Cà D, fig. 2 et 2 bis.

Si l’on se reporte au point E, fig. 1, extrémité de la pointe de la baguette, et ensuite au même point E, fig. 2, on voit que la trace produite par l’extrémité de cette pointe, et figurée par la ligne ee’, fig. 3, on comprendra que l’extrémité en pointe de la baguette ayant pénétré dans le trou du barillet sous la pression de la main sur le bouton a, la partie conique de cette baguette s’y engageant de plus en plus, la baguette, en occupant la position indiquée fig. 2, aura déterminé ellemême la rotation du barillet, soit un septième de tour pour un pistolet à sept coups, comme celui de la planche, et aura chassé le culot de la cartouche, puis sera revenu dans sa position première.

Il résulte de cette fonction automatique de la baguette, qu’en poussant rapidement vers le barillet le bouton a, et en le laissant revenir de lui-même, et en continuant ce mouvement autant de fois qu’il y a de trous à dégager de leur culot, avec toute la célérité dont le tireur est susceptible, il aura en un clin d’œil extrait tous les culots existant dans le barillet, sans avoir besoin, comme d’ordinaire, de faire produire avec la main le mouvement de rotation du barillet et de perdre ainsi un temps souvent précieux en ajustant le trou avec la baguette.

Il y a là un avantage important comme rapidité de tir et comme commodité.

Pour arriver à imprimer ainsi à la fois à la baguette les deux mouvements nécessaires, l’un de rotation autour d’un pivot, l’autre de va-et-vient horizontal, il a fallu d’abord, pour obtenir le premier de ces mouvements, deux dispositions ou organes particuliers, qui sont: la pièce b, brasée au canon, et qui est un plan incliné, et ensuite la forme conique à axe oblique c de la baguette, puis, pour le mouvement d’aller et de retour, donner à la baguette qui glisse sous la pression du doigt la faculté de revenir à l’aide d’un ressort.

Pour dégager le barillet des culots des cartouches, on appuie du doigt sur le bouton a attenant à la baguette M, qui est enfermée dans le tube ou porte-baguette d, qui a pour pivot la tige e, qui est en même temps l’axe du barillet, et qui est rainurée de x à y, pour permettre le jeu du bouton attenant à la baguette.

Durant ce mouvement du bouton, la partie a’ qui le relie à la baguette, et qui s’appuie sur le plan incliné b, en suit la pente, et force ainsi l’ensemble du mécanisme de la baguette de s’écarter parallèlement du canon, suivant l’arc de cercle déterminé particulièrement fig. 3.

La baguette a fini par engager entièrement dans le trou sa partie conique (faisant elle-mème pour ainsi dire plan incliné à la paroi de ce trou), puis sa partie cylindrique qui, n’ayant plus d’action comme la première sur la rotation du barillet (qui doit compléter le mouvement nécessaire), est remplacée pour finir cette action par la partie restante maxima de b’à b² du plan incliné b, dont l’effet fait ressortir l’extrémité de la baguette de l’autre côté du trou, de manière à en chasser le culot de la cartouche.

Le retour de l’ensemble de la baguette, qui s’opère de luimême, est obtenu par l’effet de deux ressorts:

1º Pour le mouvement rotatif, à l’aide du ressort f, placé de l’autre côté du pistolet, qui appuie sur le petit talon carré g, logé librement dans la carcasse et qui pénètre dans l’encoche f’ de la tige e du barillet.

Ce petit talon exerce, sous la pression du ressort f qui le couvre, un effet de pression sur l’encoche de la tige e, dans laquelle il est engagé pour la ramener, de manière que son fond vienne le joindre hermétiquement quand la baguette doit être au repos, position que cette encoche avait perdue, puisqu’en tournant le tube contenant la baguette avait déterminé le mouvement de rotation de la tige e, et que le fond de cette encoche f’ s’était placé par conséquent en biais par rapport à la partie droite de ce talon qui doit le toucher. Il en résulte que, le ressortfpressant le talon g, ce dernier, qui ne touchait le fond de l’encoche que par un point, force la tige e à tourner et à revenir à sa position primitive, en venant présenter le fond de l’encoche à l’accolement complet de la face postérieure de ce talon.

Ce mouvement de revient de la tige e du barillet amène donc nécessairement aussi le mouvement de retour élévatoire du porte-baguette d

Lorsqu’on veut démonter le barillet, on amène le portebaguette d à son plus grand degré de rotation, et l’on tire ce porte-baguette, qui vient alors avec la tige e du barillet, qui se trouve ainsi dégagé. Dans ce cas seul, le talon g ne retient plus par l’encoche de laquelle il est sorti.

2º Simultanément avec le mouvement précédent s’opère celui du retour de la baguette M, qui est ainsi disposée dans son porte-baguette d.

Cette baguette est creuse, fig. 4, et contient le ressort h, qui est attaché d’un côté au fond de sa partie creuse, et de l’autre à une petite tête immobile m, qui sert pour ainsi dire de bouchon au tube ou porte-baguette d.

La baguette étant amenée par la pression du doigt sur le bouton a, à fond de course, fig. 4 bis, il suffira de ne plus exercer cette pression pour que le ressort h la fasse revenir dans sa position primitive; et comme ce bouton a est laissé libre lorsque cette baguette a produit l’extraction des culots de cartouches, cette liberté coïncidant avec l’effet de la pression du ressortfsur la tige de rotation a du barillet, il s’ensuit que, du même coup et simultanément, la baguette rentre dans le porte-baguette pendant que le dernier reprend sa position primitive.

La disposition du ressort intérieur de la baguette est neuve et différente de celle que l’on a employée pour des baguettes dont le ressort est enroulé autour d’elles et qui, au lieu de ramener en se resserrant, ramène en se desserrant.

L’obturateur r, fig. 6 et 6 bis, est logé dans la plaque de culasse; le mouvement de tombée du chien le fait agir de manière qu’il vienne se plaquer hermétiquement sur la face du culot de la cartouche, en dépassant le niveau de la plaque de culasse, et en interceptant ainsi le vide qui peut exister entre le barillet et cette dernière. De cette façon, l’obturation est parfaite et la cartouche butée par cette pièce ne peut plus reculer.

Cet obturateur mobile se retire aussi par la commande du chien et demeure à fleur de la plaque de culasse, lors de la rotation du barillet, c’est-à-dire quand le chien est levé à l’un ou l’autre de ses crans.

En effet, cette pièce r est placée sur un axe S, qui existe dans un trou ovale S’; elle fait un mouvement élévatoire lorsque le chien est armé par l’effet du frottement de la partie t du chien sur sa partie inférieure t’; mais lorsque le chien engage sa broche u dans le trou qui lui est ménagé dans cet obturateur, ce dernier redescend et dépasse pour obturer la table de culasse, car la partie v du chien est échancrée pour laisser baisser cet obturateur, qui bascule alors légèrement par l’effort du chien, dont la broche vient en même temps frapper la cartouche.