France 9623
BREVET D’INVENTION
(Patente anglaise du 3 mars 1853),
En date du 2 septembre 1853,
Au sieur COLT, en Amérique,
Pourdes perfectionnements apportés aux armes à feu à culasse tournante.
Pl. VII.
L’invention dont le titre précède, consiste,
1º En un nouveau moyen de faire tourner la culasse des armes à charge multiple; moyen qui simplifie la construction de ces armes;
2º En un moyen d’empêcher l’arbre ou la douille centrale, où tourne la culasse des armes à charge multiple, d’être encrassé par la fumée de la décharge, et aussi en un nouveau moyen de faciliter le déplacement de la culasse, et la substitution d’une culasse chargée à celle déchargée;
3º En un moyen de régler le degré de proximité de la culasse par rapport au canon;
4º En un moyen de transmettre le mouvement à un plongeur fixé à demeure sur l’arbre, et que l’on emploie au lieu de la baguette ordinaire;
5º En un moyen de ramener le canon contre le cadre qui porte la culasse dans les armes où le canon se trouve relié audit cadre par une charnière.
La planche VII représente, sous diverses vues, les perfectionnements formant l’objet de la première partie de mon invention.
Fig. 1, section longitudinale d’un pistolet muni de la disposition perfectionnée servant à faire tourner la culasse.
Au lieu de disposer, sur l’arrière du cylindre formant culasse, une série annulaire de dents, comme cela se pratique d’ordinaire, contre laquelle vient agir le chien, quand on le retire en arrière, pour amener une chambre chargée vis-à-vis du canon, je monte la culasse a sur un arbre b, qui n’est pas fixe, et qui pénètre dans le cadre porte-culasse par l’arrière de ce dernier, et porte à son extrémité extérieure une série annulaire de dents à rochet.
Le cylindre ou la culasse est rendu solidaire avec l’arbre b, au moyen d’une cheville du cylindre ou de la culasse, qui pénètre dans une fente droite pratiquée dans ledit arbre, fig. 2 et 2′. Par ce moyen, l’arbre et la culasse sont animés d’un mouvement de rotation quand le cliquet moteur agit sur les dents du rochet. Mais l’arbre best disposé et construit de façon à pouvoir être facilement retiré, lorsque l’on veut changer la culasse a, ainsi qu’il sera dit ciaprès.
e, cliquet articulé à une plaque f, portée par le goujon de centre du chien. Quand ce dernier est ramené en arrière, le cliquet e s’élève et s’engage dans les dents du rochet d, et fait tourner l’arbre b et le cylindre d’une distance égale à la longueur d’une dent.
h, levier élastique à bascule, armé d’un bouton à son extrémité intérieure, pour retenir le cylindre en place, comme d’habitude.
i, détente pour lâcher le chien.
Fig. 3, section longitudinale, et, fig. 4, section transversale d’une disposition modifiée, dans laquelle l’action du cliquet e est renversée, c’est-à-dire qu’il descend lorsque l’on retire le chien en arrière.
Les dents à rochet sont modifiées pour se prêter à ce changement, et l’arbre ainsi que le cylindre reçoivent le mouvement requis.
Dans cette disposition, au lieu d’assujettir le cylindre à l’aide d’un bouton saillant, d’un levier à bascule, et pénétrant dans une série de trous pratiqués dans la périphérie du cylindre, l’extrémité postérieure de l’arbre best évidée d’entailles en nombre correspondant à celui des chambres du cylindre, ou de la culasse.
Dans ces entailles pénètre un levier à bascule h, qui, sollicité par un ressort k, fixé au châssis ou cadre portant la culasse, maintiendra cette dernière en place.
Un bouton 1, sur la plaque f, amené sous le mentonnet du levier h par le mouvement qui retire le chien en arrière, fera basculer le levier et le dégagera de dedans l’entaille.
Fig. 5 et 6, vue en plan et de profil d’un pistolet muni d’une autre disposition, propre à faire tourner la culasse ou le cylindre.
Au lieu d’employer un cliquet qui s’engage dans une rangée de dents à rochet, j’évide la périphérie de la culasse, de telle manière qu’un goujon, sollicité par le chien à presser contre les entailles de ladite culasse, sert, non-seulement à faire tourner cette dernière, mais encore à la maintenir en place au besoin.
Dans le cylindre ou la culasse a, qui a six chambres, je découpe une série de rainures droites b, b, qui s’étendent presque d’un bout à l’autre du cylindre, et dont le nombre est égal à celui des chambres dans lesquelles on insère les charges.
Ces rainures b, b sont parallèles à l’axe du cylindre a, et sont reliées ensemble par d’autres rainures divergentes c, qui partent à peu près de l’extrémité antérieure d’une rainure b, pour aller rejoindre l’extrémité postérieure de la rainure b adjacente.
Entre ces rainures droites b, b.sont d’autres rainures droites d, de peu de longueur, qui, partant des rainures courbes, se dirigent en avant, parallèlement aux rainures b.
C’est dans ces rainures d que pénètre le goujon moteur, qui imprime la rotation au cylindre a, lorsque la culasse chargée doit être maintenue en place.
La configuration et la distribution de ces rainures sont indiquées plus clairement, fig. 7 et 8, dont la première représente en détail la culasse sur une échelle un peu plus grande, et la seconde représente la périphérie de la même culasse, telle qu’elle apparaîtrait si on l’étendait à plat.
Pour assurer au goujon moteur une marche uniforme et régulière, j’ai muni la pièce qui le porte d’un guide disposé dans le cadre qui porte la culasse. La forme de ce cadre est représentée fig. 5 et 6.
ee, prolongement de la pièce qui soutient l’action du recul; elle s’étend au-dessus du cylindre ou de la culasse a, et supporte par son extrémité antérieure le canon f.
Je ferai remarquer que le cadre doit être ouvert suivant la direction que parcourt le chien, non-seulement pour permettre à ce dernier de retomber sur la cheminée et de décharger l’arme, mais aussi pour laisser échapper sans obstacle la flamme de la capsule, après que cette dernière a été percutée.
Pour ce motif, il peut être plus commode de former cette partie du cadre de deux brides latérales, ayant assez de force maintenir solidement le canon en place, et permettre de découper dans l’une d’elles une fente qui servira de guide à la pièce qui porte le goujon moteur.
La forme de ce goujon g, vue en plan, doit être à peu près ovale (voir les détails fig. 9); il est monté gaiement dans une pièce h, reliée par une bielle i au chien.
Le mouvement que l’on imprime à ce dernier fait avancer ou reculer la pièce h dans la rainure évidée dans le cadre e, qui sert de guide (voir la section transversale, fig. 10).
Entourant le goujon g, et logé dans une cavité ménagée dans la pièce h, est un ressort en hélice qui imprime au goujon une tendance à sortir en contrebas de la surface inférieure de la pièce h, et à presser contre la périphérie du cylindre.
J’ai déjà dit que les rainures b, c et d sont faites pour recevoir le goujon, qui y voyage dans le double but de faire tourner le cylindre et d’amener ainsi successivement une chambre chargée en face du canon, et aussi d’arrêter, et d’assujettir le cylindre sur son arbre, quand cela est nécessaire.
Tant que le goujon séjournera dans les rainures, la culasse ou le cylindre restera immobile; mais ladite culasse sera animée d’un mouvement de rotation quand le goujon voyagera dans la rainure courbe ou divergente c.
Pour forcer le goujon à pénétrer dans la rainure courbe, quand il est ramené au chien, je forme un obstacle au mouvement rétrograde dudit goujon, en élevant un petit épaulement dans les rainures b, au point dejonction desdites rainures avec celles courbes. C’est par cet épaulement que le goujon est conduit hors de la rainure b, et poussé dans celle c. L’obstacle nécessaire est formé en élevant le bas de la rainure b au point de jonction avec celle c, de manière à produire un épaulement incliné, continuant la courbe de la rainure c, et qui s’oppose au passage du goujon dans la rainure b.
Comme le goujon est forcé d’accomplir une course parallèle à l’axe du cylindre, par les cadres qui forment un guide pour conduire la pièce h, et comcomme dans son mouvement rétrograde ledit goujon ne peut suivre la rainure droite b, il portera contre l’épaulement et contre le bord de la rainure c, qui forme la continuation de ce dernier, et forcera la culasse à tourner jusqu’à la rainure suivante b, ce qui amènera une nouvelle chambre en face du canon.
Le goujon pénétrera dans la rainure b, en remontant un plan incliné formé au point de jonction de la rainure courbe, et quand le chien est ramené en arrière ou armé, le goujon voyagera jusqu’au bout de sa course.
Je ferai remarquer que le mouvement en avant du goujon, dans les rainures b, n’est pas retardé ou empêché par l’obstacle dont il a été parlé ci-dessus; car je ménage un plan incliné, ou une pente douce, qui permet le passage facile dudit goujon par-dessus l’obstacle.
Quand on veut mettre le chien en arrêt pour transporter l’arine sans danger, on retire le chien en arrière, jusqu’à ce que le goujon soit arrivé à un point de la rainure divergente situé en face d’une rainure droite i, dans laquelle il s’engage pour assujettir le cylindre quand on laisse retomber le chien.
Pour permettre de faire tourner librement le cylindre, et amener chacune des chambres successivement sous le plongeur qui chasse la cartouche dans la chambre et la bourre, je dispose une rangée annulaire de plans inclinés, obtenus en chanfreinant une portion des rainures c sur un côté seulement, et ces plans sont situés de telle manière que, quand le chien est en arrêt, la position du goujon correspond avec celle des plans inclinés, qui permettent audit goujon de quitter la rainure. Le cylindre sera libre alors de tourner sur son arbre, et l’on aura la facilité d’amener les chambres successivement sous le plongeur pour les charger.
Fig. 11 et 12, modification du système cidessus décrit, propre à effectuer la rotation de la culasse par l’action d’un goujon voyageant dans des rainures découpées à cet effet dans le cylindre ou la culasse tournante.
Fig. 11, détail du cylindre évidé de rainures, dont les unes sont radiales, et les autres divergent latéralement sur la partie postérieure dudit cylindre.
Fig. 12, section longitudinale du cylindre représentant le chien avec le goujon a qui y est fixé, et qui sert à mettre la culasse en action.
Le goujon est monté dans une cavité formée dans le bout intérieur du chien, et se trouve pressé contre la culasse tournante par un ressort en hélice, renfermé dans la même cavité.
L’extrémité du cylindre est évidée (voir fig. 12) pour correspondre avec l’arc décrit par le goujon voyageur, mis en action par les mouvements en arrière et en avant du chien.
L’action du goujon, quoiqu’il oscille au lieu de suivre une ligne droite, est la même que dans la figure ci-dessus décrite.
Les mêmes dispositions sont prises pour faire dévier le goujon, à partir des rainures radiales b, et le faire pénétrer dans les rainures courbes c, et aussi pour arrêter le cylindre, en faisant pénétrer le goujon dans les rainures intermédiaires d.
Afin que le goujon ne puisse pas empêcher la libre rotation de la culasse, quand le chien est en arrêt, je dispose une série de plans inclinés qui permettent au goujon de quitter les rainures.
Lafigure 13 représente en section une portion d’une arme à charge multiple, ladite portion étant suffisante pour démontrer de quelle manière:
1º Je préviens l’encrassement de l’arbre sur lequel tourne le cylindre ou la culasse;
2º Je retire le cylindre, quand il est nécessaire;
3º Je règle le degré de proximité du cylindre par rapport au canon.
a, portion de la pièce ou du bouclier qui soutient la culasse contre le recul, et qui forme partie du cadre dans lequel est fixé le canon b.
A travers cette pièce a est percé un trou pour recevoir un goujon ou un arbre c, qui entre dans un trou central évidé dans le cylindre ou la culasse tournante d, et sert ainsi à supporter ledit cylindre.
Au lieu de percer le cylindre de part en part, je puis laisser la partie antérieure du cylindre solide, ou bien je puis insérer un tampon pour fermer la partie antérieure du trou central.
Par cette disposition, il n’est pas possible que la cheville centrale s’encrasse par la fumée et la poudre qui s’échappent par la partie antérieure du cylindre.
Pour régler le degré de proximité du cylindre par rapport au canon, de manière à empêcher un contact trop serré, et en même temps réduire autant que possible la flamme qui se fait jour entre les pièces ainsi juxtaposées, j’élargis le diamètre du trou évidé dans le bouclier, ou la pièce qui supporte le recul, pour recevoir l’arbre c, et j’y ajuste un collier fileté ou un écrou e, dont l’extrémité intérieure déborde ledit bouclier et vient butter contre l’extrémité postérieure dudit cylindre.
Quand il devient nécessaire de repousser le cylindre contre le canon, on fait tourner, à l’aide d’un tournevis, le collier, qui, à cet effet, est évidé de fentes (voir les détails fig. 14).
Une cavité annulaire est également découpée dans ce collier, comme on le voit, dans un but que je vais indiquer.
Dans l’arbre c, qui passe à travers ce collier et porte le cylindre, comme il a été dit, est pratiquée une retraite pour recevoir un ressortf, rivé à l’arbre et armé d’arrêts à ses deux bouts, et en outre d’une petite saillie sur le bout extérieur (voir la vue par bout de l’arbre fig. 15).
Quand ce dernier est enfoncé à sa place, l’arrêt ménagé sur l’extrémité postérieure du ressort pénètre dans la retraite annulaire découpée dans le collier e, et empêche l’arbre de changer de position; mais quand l’arbre est retiré en arrière (voir fig. 16), pour changer la culasse, l’arrêt ménagé sur l’extrémité intérieure du ressort s’engagera dans la cavité annulaire, et empêchera que l’arbre ne sorte entièrement.
Pour retirer l’arbre c, il faut que l’arrêt postérieur soit élevé hors de la cavité annulaire du collier e; on presse à cet effet sur la saillie, qui, en s’élevant, dégagera l’arrêt.
La figure 17 représente la quatrième partie de mon invention appliquée à un pistolet.
Au lieu d’articuler le levier y, qui manœuvre le plongeur h, à la partie inférieure du canon, ainsi que je l’ai décrit dans la spécification de mon brevet, pris en France à la date du 4 octobre 1849′, j’arme le levier g d’un segment denté i, dont les dents engrènent dans une crémaillère k, formée sur la partie inférieure du canon b (voir le plan fig. 18), et j’obtiens ainsi un point d’appui dont la position varie graduellement, au lieu d’un point d’appui fixe (voir fig. 19).
L’avantage de cette disposition consiste en ce que l’étendue du mouvement à donner au plongeur peut être obtenue dans un espace beaucoup plus restreint qu’avec le point d’appui fixe.
Le plongeur est fendu pour embrasser le segment qui termine le levier, et est articulé par ce dernier à un goujon.
Un guide ménagé dans le cadre l sert à diriger la course du plongeur.
Un autre perfectionnement est représenté fig. 20.
Au canon a est reliée une bride b, qui passe pardessus la culasse, et est articulée au bouclier c du cadre qui porte la culasse; à la partie inférieure du canon on voit une pièce formant buttoir d, qui repose contre l’extrémité antérieure du cadre.
Ce buttoir ou cet épaulement est armé d’un goujon qui pénètre dans une rainure formée dans le bouton e, porté par une cheville du cadre.
Cette rainure est représentée dans la vue en détail du bouton e, en forme de volute, s’éloignant graduellement du bord du bouton et s’approchant du goujon central.
En tournant ce bouton, on ramènera à l’intérieur le goujon implanté dans l’épaulement du canon, et ce dernier sera amené ainsi en contact serré avec le cadre, et maintenu solidement en place.
Au lieu de ce bouton rotatif, je puis arriver au même but en employant un coin dont les bords sont amincis, et qui, chassé dans des entailles correspondantes, découpées dans l’épaulement du canon et dans la partie antérieure du cadre, maintiendra ces parties serrées.
En reliant le canon au cadre par une charnière, on a eu pour but de faciliter l’extraction de la culasse, quand toutes les charges ont été épuisées, et l’insertion d’une culasse chargée; mais comme cette sorte d’arme présente des inconvénients insurmontables, quand on n’a pas le moyen de faire serrer le canon contre le cadre, j’ai imaginé la disposition qui précède, pour écarter les objections sérieuses faites jusqu’à ce jour aux pistolets à canon articulé.
Après avoir décrit mon invention, et les meilleurs moyens, à ma connaissance, d’en réaliser l’exécution, je désire qu’il soit compris que je revendique comme mon invention:
1º La disposition générale des parties décrites, et ayant pour objet de faire tourner la culasse;
2º La manière de faire tourner et d’assujettir la culasse à l’aide d’un goujon voyageant dans les rainures découpées dans la périphérie, ou dans la partie postérieure du cylindre, ainsi qu’il a été décrit;
3º La manière de faire sortir le goujon des rainures, quand on veut faire tourner le cylindre librement sur son cadre.
4º La manière de former la culasse mobile, évidée d’un trou central bouché à un bout dans le but cidessus décrit;
5º La manière de supporter la culasse mobile sur un goujon ou arbre central, en saillie du bouclier ou pièce qui résiste au recul, et que l’on peut retirer à volonté pour changer le cylindre.
6º La manière de régler le degré de proximité du cylindre ou de la culasse, par rapport au canon, au moyen d’un écrou, ou d’un collier fileté, qui porte contre l’extrémité postérieure de ce cylindre;
7º L’emploi d’un point d’appui, dont la position change graduellement, afin de transmettre au plongeur le mouvement nécessaire pour charger la culasse rotative.
Enfin, l’emploi des moyens ci-dessus décrits pour amener le canon à presser contre le cadre qui porte la culasse.