France 87672
BREVET nº 87672, en date du 2 novembre 1869,
A MM. DE DARTEIN, pour un système d’armes àfeu dit revolver à hélices.
Pl. V, fig. 1 à 9.
Ce système peut être appliqué à toutes sortes d’armes à feu, à la simple condition de lui faire subir les modifications de détail réclamées par les différences de forme que ces armes présentent entre elles. Nous allons donc en exposer le principe, nous bornant ensuite, comme exemples, à en décrire l’application au pistolet et au fusil.
Fig. 1 à 5, détails relatifs au principe de notre système.
Fig. 6 et 7, élévation et coupe longitudinale d’un pistolet auquel on l’a appliqué.
Fig. 8 et 9, élévation et coupe transversale d’un fusil, aussi muni de notre système aux mêmes parties.
Principe fondamental du système.
Notre invention appartient au système d’armes à feu à réserve de coups et, dans ce système, au groupe dit revolvers; elle comprend donc un canon et un barillet; mais ce qui constitue son originalité, c’est le mode de mise en mouvement et de détention de ce barillet, à l’aide de portions d’hélice dites ailettes A, en nombre quelconque, six, par exemple, pour une arme à six coups, entre lesquelles glisse, sans pouvoir jamais les échapper, un verrou V, traversé par une rainure C, inclinée parallèlement aux ailettes A, afin de livrer passage à celles-ci dans le mouvement de rotation du barillet X, et muni d’un cliquet B à ressort R.
Le rôle du ressort R, agissant sur le talon du taquet T du cliquet B, est de permettre à ce dernier de s’incliner pour passer les obstacles qu’il peut rencontrer lorsqu’il fonctionne d’arrière en avant et, au contraire, de le maintenir fixement en place dans ses mouvements d’avant en arrière, de façon qu’il entraîne dans son mouvement les obstacles qu’il peut rencontrer.
Dans le mouvement d’armer, le cliquet B, mù dans le sens de la flèche noire, fig. 2, d’avant en arrière, saisit donc l’ailette 1 et la fait passer du côté opposé du verrou, imprimant ainsi au barillet un mouvement de rotation, suivant les flèches pointillées, fig. 1 et 2, dont l’amplitude est calculée de manière à faire coïncider l’axe de la chambre 1 du barillet avec celui du canon, fig. 6 à 8.
Le verrou V, qui fait corps avec un appendice V’, faisant fonctions de percuteur, se trouve alors retenu en arrière par une gachette G, fig. 6 à 8, venant s’engager dans l’encocheH, qu’il porte.
La pression du doigt sur la détente / rend ensuite la liberté de mouvement au verrou V, qui, poussé en avant par son ressort R’, va reprendre la position de l’abattu, en enflammant, par une percussion centrale, la cartouche contenue dans la chambre du barillet.
Dans ce mouvement de glissement en avant du verrou (voir la flèche fig. 4), le cliquet B a dù passer sous l’ailette 2, dont la pression l’a forcé à s’incliner en s’alignant suivant L. Au delà de cette ailette, le cliquet s’est relevé, obéissant à la pression du ressort R sur son talon T, et est venu prendre la position indiquée en pointillé fig. 5; il est prêt dès lors à saisir à son tour l’ailette 2, comme il l’a fait de l’ailette 1, quand le tireur ramènera le verrou en arrière pour se préparer à tirer la deuxième cartouche, et ainsi de suite pour les autres cartouches.
Tel est le principe que nous revendiquons, en rappelant que nous entendons l’appliquer à une arme à feu quelconque.
Première application. Pistolet , fig. 6 et 7.
Le pistolet comprend: un canon, un barillet, un verrou avec son ressort, une gâchette-détente avec son ressort et un arrêt de sûreté.
Tout ce mécanisme est monté sur une construction fixe, partie en métal, partie en bois.
Nous allons décrire successivement ces diverses parties de l’arme.
1º Canon. Le canon est d’un système ordinaire rayé ou non rayé, et porte deux guidons opposés z, z’, dont l’utilité ressortira de la suite des explications.
Le canon est maintenu par un pas de vis dans le manchon M, faisant partie de la monture.
Le tireur peut, soit par un simple effort de la main, soit à l’aide de la tête de la baguette (faisant l’office de la clef), faire tourner le canon d’un demi-tour de gauche à droite ou de droite à gauche.
Ce double mouvement a pour résultat de rapprocher et d’éloigner alternativement la tranche postérieure du canon de la tranche antérieure du barillet.
Cette dernière est formée pour chaque chambre d’un petit rebord coniqued, dont la forme correspond à un anneau o, en cuir, caoutchouc ou toute autre matière élastique, fixé à la tranche postérieure du canon, de manière à la déborder un peu.
Quand, par la demi-rotation imprimée de gauche à droite au canon, cette dernière tranche se rapproche du barillet, l’anneau o vient emboîter le petit rebord conique d de la chambre en correspondance avec le canon et achève de fermer hermétiquement l’intervalle qui reste nécessairement entre les deux tranches métalliques.
Le crachement se trouve ainsi supprimé; mais ce résultat, quelque avantageux qu’il soit, nécessite un double mouvement du canon pour chaque coup tiré.
Si donc, ne tenant pas compte du crachement, le tireur veut brûler plusieurs cartouches sans aucune perte de temps, il laisse subsister la solution de continuité entre le barillet et le canon et se sert, pour tirer, du guidon Z’.
Deux petits arrêtoirs y, placés de chaque côté du canon, maintiennent celui-ci soit dans l’une, soit dans l’autre de ses deux positions.
2º Barillet.-Le barillet X est percé de six chambres ou tonnerres (ce nombre peut varier) et d’un trou central servant de douille à la tige T, autour de laquelle il tourne; sa tranche antérieure porte six petites amorces coniques d, une pour chaque chambre, dont nous venons d’indiquer l’utilité; sa tranche postérieure est plane.
Le barillet X est entouré, à sa partie postérieure, d’une virole X’, portant les ailettes A, et qui y est fixée à l’aide de vis.
Les chambres du barillet portent des amorces de rayures exactement correspondantes avec celles du canon (si celui-ci en est pourvu).
3º Verrou et son ressort.-Le verrou se compose d’un corps V, ou verrou proprement dit, à faces latérales parallèles, glissant entre les ailettes A, sans jamais les échapper, et portant une rainure C pour le passage successif de celles-ci à chaque mouvement semi-rotatif du barillet.
Ce corps V se termine par un appendice considérable V’, portant, d’une part, le percuteur P et, d’autre part, le cran d’arrêt H.
Sous le corps V est une semelle ou rail Wglissant dans une rainure directrice J, pratiquée dans la pièce de dessous de la monture. Cette semelle est fixée au corps V par deux vis U, U’,
qui servent en même temps à maintenir le verrou dans la rainure J, et dont la première Uforme tête de verrou, afin de donner prise au doigt du tireur dans les mouvements d’armer et de désarmer.
Enfin le verrou porte un cliquet B et son ressort R, dont nous avons indiqué tout d’abord les importantes fonctions.
Le verrou est poussé en avant par un ressort R’ pivotant sur les deux tenons K, et composés de deux branches également flexibles, dont la plus petite prend appui contre le dos a de la monture, et dont la plus grande appuie sur le talon du verrou, tendant ainsi à pousser celui-ci en avant avec une énergie suffisante pour enflammer la cartouche.
Le percuteur P est vissé dans la partie supérieure du verrou, afin que, si le tireur voulait rendre l’inflammation des cartouches absolument impossible, il n’eût qu’à ramener le percuteur en arrière de la tranche de la culasse par un simple dévissage.
4º Gâchette-détente et son ressort. Cette pièce G joue à elle seule le double rôle de la gâchette et de la détente dans les armes anciennes; elle pivote sur le goujon g, et son bec b est poussé contre le pied p de l’appendice V’ du verrou par la pression du ressort G’ sur son talon.
On conçoit dès lors:
1º Que, dans le mouvement d’armer, le bec b pénètre dans le cran H et retienne de la sorte le verrou au bandé;
2º Que le doigt du tireur, se portant ensuite sur la queue I de la détente, fasse, par sa pression, baisser le bec b de cette pièce de manière à le dégager du cran H du verrou, lequel, cédant alors à l’impulsion de son ressort R’, repart en avant pour reprendre la position de l’abattu, en enflammant la cartouche.
5º Arrêt de sûreté. Cet arrêt n’est qu’un simple ressort Q portant un bec e, saillant vers l’intérieur de la monture, et un bouton extérieurf.
Ce ressort est vissé contre la paroi extérieure de la monture en fer; mais il est recouvert par le bois, le boutonfapparaissant seul à l’extérieur.
Livré à lui-même, le ressort se tient relevé, de telle sorte que le bec e ne déborde pas la paroi intérieure de la monture et, par conséquent, ne gêne en rien la course du verrou.
Pour faire usage de cette pièce de sûreté, le tireur ramène le verrou V un peu en arrière, à l’aide du doigt indicateur, et appuie en même temps avec le pouce sur le bouton f, faisant ainsi saillir à l’intérieur le bec e; puis, lâchant le verrou, il le laisse se reporter en avant et s’engager dans le bec e, qui le retient, en même temps que la pression du ressort K’ sur le verrou empêche ledit bec de rentrer à sa place.
Le tireur, voulant ensuite faire feu, ramène le verrou en arrière au bandé; ayant ainsi son bec e dégagé, le ressort Q se retire de lui-même à sa place et ne présente dès lors plus d’obstacle à l’abatage du verrou.
6º Construction fixe. La construction fixe ou monture se divise tout d’abord en deux parties bien distinctes:
1º La partie d’avant, ne comprenant que le manchon M, qui porte le canon, et sa queue, dans laquelle est vissée la tige T, qui sert d’axe de rotation au barillet;
2º La partie d’arrière, plus complexe que la première, et contenant la majeure partie du mécanisme mobile du pistolet, c’est-à-dire le verrou et la gâchette-détente avec leurs ressorts respectifs.
Cette partie d’arrière n’est qu’une sorte de boîte métallique plate et de profil courbe.
Les deux bases de cette boîte sont deux plaques de tôle S, servant de double corps de platine, et dans lesquelles sont percés tous les trous des pivots et des vis, ainsi que les rainures u, destinées à diriger la course du double goujon v du verrou.
Un dos en fer a, monté à charnière pour la facilité du montage, et une pièce de dessous l forment deux des côtés de la boîte; le troisième côté est formé par un pommeau m, vissé dans les deux pièces précédentes; enfin le quatrième côté est formé par la culasse n maintenue en place par une clavette n’ et par les deux vis o.
Les deux plaques S sont tenues ensemble, d’une part, par les visr, r’ et, de l’autre, par des oreilles qui s’engagent dans des mortaises pratiquées dans la culassen, et que traverse également la clavette n’.
Deux petites joues en bois garnissent la boîte pour en former une poignée commode à la main.
Les deux parties de la monture, le devant et le derrière, sont reliées entre elles par la clavette n’, qui traverse les oreilles de la culassen, celles des deux plaques S et la tige T, et par les deux vis o, ainsi que par la vis j.
Ce simple assemblage suffit pour donner à l’arme une solidité parfaite.
On pourrait, pour obtenir encore plus de solidité, relier le canon à la culasse par une bride supérieure.
Disons enfin qu’une baguette est jointe au pistolet, pour dégorger les chambres du barillet après le tir.
Il nous reste à parler du chargement, qui se fait par l’arrière dubarillet: une portière s est, à cet effet, pratiquée dans la culassen; elle est maintenue en place, soit fermée, soit ouverte, par la pression d’un petit ressort sur un talon qu’elle porte sous la charnière.
Au lieu d’une seule portière de culasse, on peut aussi en mettre deux.
Ajoutons enfin que toutes les parties du mécanisme sujettes à l’usure, telles que le talon, le pied, la semelle, les goujons du verrou, la virole à ailettes du barillet, etc., formeront, dans la fabrication, de petites pièces ajustées seule ment à l’aide de vis ou de goupilles sur les pièces principales, de manière à être facilement remplaçables.
Deuxième application. Fusil, fig. 8 et 9.
Il nous suffira, maintenant que nous avons décrit en détail l’application de notre système au pistolet, de signaler les quelques différences exigées pour l’établissement du fusil, par les différences de formes et d’usage:
1º Le canon, comme celui du pistolet, est pourvu ou non de rayures; il est mobile; à cet effet, la vis qui le retient dans le manchon Mest à filets interrompus, et la vis y’ permet de fixer parfaitement le canon. Cette disposition a pour but de faciliter le transport de l’arme, en diminuant sa longueur de moitié environ.
2º Le barillet est en tous points semblable à celui du pistolet, sauf au point de vue du système d’obturation de la tranche antérieure du barillet. Ici, en effet, ne pouvant pas, comme dans le pistolet, compter sur la mobilité du canon, à cause de son mode d’ajustage dans la monture, il a fallu adopter un autre procédé d’obturation qui est le suivant:
Dans chaque chambre du barillet, vers la tranche antérieure, est fixée une petite douille de cuivre, en forme de demi-tore intérieur creux x; ces petites douilles sont extensibles.
Au moment de l’explosion de la charge, le bord antérieur de celle qui se trouve en face du canon pénètre dans une légère rainure vive circulaire correspondante, pratiquée dans la tranche postérieure du canon, et ferme ainsi toute issue aux gaz; puis, dès que la tension de ceux-ci a cessé, c’est-à-dire dès que la balle ou le plomb est sorti du canon, la petite douille, en vertu de sa propre élasticité, revient sur ellemême et fait cesser ainsi la jonction du barillet et du canon, condition indispensable pour que le mouvement de rotation du barillet puisse se reproduire et, par conséquent, pour que le tir puisse continuer.
3º Le verrou est semblable à celui du pistolet dans ses dispositions essentielles. Mais le percuteur P n’est pas mobile; au lieu d’être mû par un ressort à branches, il l’est par un ressort à boudin R² monté sur une tige qui fait partie du verrou et qui glisse dans une lunette y, remplaçant les rainures de direction u des deux plaques S du pistolet.
4º Le système de gâchette et de détente a dù subir aussi, toujours en raison de la différence de forme, une petite mo dification ainsi, dans le fusit, c’est le ressort lui-même, et non plus la détente G du pistolet, qui porte le bec b, destiné à arrêter le verrou dans la position du bandé.
La queue I de la détente n’est plus dès lors qu’un simple levier, prenant appui sous la pièce de dessous du fusil pour abaisser le nez du ressort et dégager son bec du cran du verrou.
5º L’arrêt de sûreté a dû aussi être modifié: il consiste simplement en une petite pièce Q, pivotant à frottement dur sur le pivot z, et dont le pied z’ retient le verrou un peu en arrière de la position de l’abattu, quand on le relève dans la position verticale.
6º La construction fixe ou monture est en tout semblable à celle du pistolet, aux différences près que nous allons signaler.
Le percuteur est entièrement renfermé dans la boîte métallique.
Le barillet est également renfermé dans une enveloppe métallique cylindrique M’, faisant corps avec le manchon M et sa queue.
Cette enveloppe a l’avantage de procurer au fusil le degré de solidité qui lui est nécessaire: en effet, elle établit un ajustage supplémentaire sur le pourtour de la culassen, qu’elle emboite et à laquelle elle est reliée par les quatre vis r³.
De même que dans le pistolet, une baguette très courte est jointe aufusil.
Une poignée pourrait être vissée à la place de la vis k.
Le chargement a lieu de la même manière que dans le pistolet.
Nous revendiquons, non seulement le principe décrit au commencement de ce brevet et applicable à toutes sortes d’armes à feu, mais encore les perfectionnements de construction et de fonctionnement desdites armes à feu en général que nous avons décrits ci-dessus.