France 89460
BREVET nº 89460, en date du 4 avril 1870,
A MM. GÜNTHER et Creuzé de LATOUCHE, pour des perfectionnements à la construction des revolvers.
(Extrait.)
Pl. III.
Le but des perfectionnements que nous apportons à la construction des revolvers est de rendre les armes de cette classe possibles pour les troupes, et d’éviter aux amateurs la nécessité d’un armurier pour leur entretien ordinaire.
L’application que nous avons réalisée consiste à monter tout le mécanisme du revolver sur des axes fixés et soutenus à leurs deux extrémités par les parois d’une boîte forgée, fondue, etc., d’une seule pièce ou ajustée pour ne former qu’une même boite contenant le mécanisme, puis à pratiquer sur l’une des parois de cette boite des échancrures ou fenêtres disposées de manière à laisser voir le fonctionnement de tout le mécanisme, à permettre son nettoyage et le graissage de toutes ses parties; enfin à recouvrir la paroi fixe munie de fenetres par une plaque mobile pleine formant la paroi externe du coffre du revolver.
Pour obtenir ces résultats, diverses dispositions peuvent être employées; celle qui nous parait la plus convenable consiste à réunir cette plaque mobile à la sous-garde, en faisant le tout d’une seule pièce pouvant décrire un arc de cercle sur un axe placé à la partie antérieure et inférieure de l’arme. Dans sa position normale, la sous-garde est maintenue par une vis a, qui relie son extrémité postérieure au cadre et à la plaque mobile, s’engage à queue d’aronde dans un encastrement ménagé sur le côté du cadre ou dans un recouvrement disposé en saillie sur le cadre.
La pièce de sous-garde peut être réunie au cadre par une vis autour de laquelle cette pièce peut tourner, ou elle peut s’accrocher, soit sur cette vis-goupille, soit dans un évidement ménagé à cet effet dans l’épaisseur du cadre. Nous préférons la premi re disposition, qui laisse constamment la sous-garde relice au cadre, lorsqu’elle est rabattue pour démasquer le mécanisme.
Enfin la plaque mobile peut être simplement maintenue en place par celle-ci. Des vis spéciales ou l’extrémité des axes pourraient aussi être employées au même objet ou dans la même intention.
Dans de certaines armes, celles d’amateurs par exemple, la plaque mobile de recouvrement pourrait être reliée à la carcasse de l’arme par une charnière et s’ouvrir au moyen d’un onglet ou d’un bouton à ressort comme la boîte d’une montre.
Il est évident que la sous-garde mobile portant la plaque de recouvrement représentée dans le dessin fig. 1, pourrait être maintenue en place lorsqu’elle est fermée par une goupille ou un verrou, ou une pièce à ressort au lieu d’une vis, de même que cette plaque pourrait tourner autour de son extrémité b.
Nous revendiquons expressément ces diverses dispositions.
Il est facile de voir en outre que les ressorts de détente et de gâchette pourraient être fixés à cette sous-garde mobile, ainsi que la gâchette elle-même ou toutes autres pièces du mécanisme qui seraient rapportées à cette sous-garde au moyende vis, de potences, etc.; de plus, la pièce de sous-garde pourrait être employée à bander les ressorts de détente et de gåchette au moment de sa fermeture, et même, en la prolongeant, à bander le grand ressort; dans ce dernier cas, cette pièce pourrait être articulée en c, de façon que sa partie postérieure, une fois la vis ou la goupille c remise en place, servira de levier pour bander le grand ressort qui prendrait alors son point d’appui très près de la charnière c.
Nous préférons la disposition qui fixe toutes les pièces à la carcasse ou cadre parce que cela permet de faire fonctionner le mécanisme lorsque la sous-garde est rabattue, mais nous réservons expressément toutes autres dispositions de ce genre, d’où il résulte que nous entendons faire breveter:
L’emploi d’une plaque mobile recouvrant une joue fixe dans laquelle viennent se loger les extrémités des axes et supports des pièces du mécanisme, et convenablement évidée pour laisser voir lejeu dudit mécanisme et permettre le nettoyage, l’entretien et le remontage facile et prompt de ce mécanisme, quels que soient d’ailleurs les formes de ladite joue fixe et le mode d’attache du recouvrement ou plaque mobile recouvrant une joue fixe, ainsi que le logement ménagé pour recevoir le cliquet et son ressort qui font produire la rotation du barillet. Les axes des pièces mobiles peuvent aussi être supportés d’un bout par la plaque fixe et de l’autre par des ponts, des brides ou des potences, enfin à l’aide de pièces quelconques permettant de soutenir ces axes des deux côtés et de les faire fonctionner, etc., lorsqu’elles sont découvertes en totalité ou en partie.
La sous-garde, mobile dans la disposition fig. 1, peut être maintenue en place lorsqu’elle est fermée par une goupille ou un verrou, ou une pièce à ressort, ou même une vis. De plus, cette sous-garde pourrait tourner de son autre extrémité b; enfin cette plaque de recouvrement pourrait être distincte de la sous-garde et maintenue en place, soit par cette sous-garde, soit à l’aide d’un des moyens ci-dessus indiqués.
Ces nouvelles dispositions pourraient être combinées avec le ressort à deux branches indiqué en lignes ponctuées fig. 1; on peut munir la carcasse de l’arme d’une traverse d à travers laquelle passe une vis à bois.
Le coude du ressort, lorsqu’il est en place, s’applique dans l’angle de; pour bander le ressort, la pièce ef encastrée dans le cadre peut tourner autour de la charnière e.
Cette pièce étant rabattue à la position ef, on introduit le ressort et on l’accroche à la chainette démasquée par la fenêtre, ménagée sur ou dans la paroi du coffre fixe; puis, agissant sur ef comme levier, on appuie sur le coude, on force la petite branche à avancer sur la paroi inférieure du cadre, et enfin on ferme la pièce f; lorsque le coude est arrivé dans l’angle de, on fixe alors le levier efpar la vis k qui le maintient en place.
Cette disposition ainsi que la précédente permettent d’enlever le grand ressort sans démonter le bois; dans cette disposition, on peut employer la petite branche du grand ressort pour former ressort de gàchette.
Cette application établit notre droit exclusif au grand ressort servant de ressort de gâchette par la petite branche.
Nous avons aussi appliqué nos perfectionnements à la baguette; il faut qu’elle soit maintenue dans sa position, de manière à ne jamais entraver la marche de l’arme et à ne pas offrir de saillie gênante sur le pistolet; elle doit en même temps permettre aux doigts une prise facile lorsqu’on veut s’en servir et se trouver dans cette deuxième position en regard de la portière de chargement pour expulser les cartouches.
Cette condition peut être remplie de la manière suivante:
1º Se servant du canon comme axe d’une bague portant la baguette et limité dans son mouvement de rotation par un tenon placé sur le canon;
2º La baguette devant être maintenue dans sa position normale, il est naturel de l’y fixer par la fermeture de la porte de chargement, puisque la baguette ne doit servir que lorsque cette porte est ouverte. Il suffit de terminer la baguette par une vis placée suivant son axe et dont la tête a un diamètre supérieur à celui du corps de la baguette.
Cette vis sert à empêcher la baguette de sortir complètement de son guide lorsqu’on la fait fonctionner et à la fixer à la position de repos par la portière, en faisant arriver la tête de la vis dans un logement placé en g, fig. 2, et en ménageant sur la porte un évidement demi-cylindrique emboitant la tige de la baguette lorsqu’elle est dans cette position; la tête de la vis, étant d’un diamètre plus fort, ne pourra passer et, une fois la porte fermée et la baguette en place, elle s’y trouvera parfaitement maintenue.
Si l’on préfère faire tourner la baguette autour d’un axe différent de celui du canon, on peut la rabattre sous le barillet en h, par exemple, et la maintenir par la même disposition et par l’autre extrémité de la porte qui peut avoir sa charnière en haut ou en bas.
Nous avons supposé ici une porte s’ouvrant latéralement pour le cas d’une porte s’ouvrant d’avant en arrière, comme celle du revolver Perrin: il suffit pour arriver au même résultat d’enlever un segment de la tète de la baguette, de manière qu’elle se trouve noyée dans son logement en i, fig. 3, au moment où l’on veut fermer la porte. Une fois celle-ci fermée, la baguette étant en place, il suffira de donner à cette baguette un léger mouvement de rotation sur elle-mème pour que la partie circulaire de sa tète déborde sur la portej, fig. 4, et immobiliser ainsi la porte et la baguette.
Cette disposition, outre la fixité qu’elle donne à la baguette, présente l’avantage d’empêcher la porte de s’ouvrir, si on l’accroche au moment où l’on introduit l’arme dans l’une des fontes de la selle, inconvénient qui se produit sans cesse avec ce genre de portière.
Nous réclamons l’application d’une baguette maintenue à sa position ordinaire par la porte de chargement et servant, dans le cas d’une porte s’ouvrant d’avant en d’arrière ainsi que dans toutes autres dispositions, à empêcher en même temps l’ouverture de cette porte sans la participation du tireur, et cela quelle que soit la disposition de cette baguette.
Jusqu’à présent, dans les armes dont la baguette est portée par une bague ayant le canon pour axe, on a fait cette bague d’une seule pièce de métal forée, tournée et parfaitement rodée, portant un guide dans lequel se meut une baguette.
Cette bague est mise en place avant le montage du canon, et si les surfaces de contact viennent à s’oxyder, il faut, pour enlever la bague et tout nettoyer, démonter le canon, opération toujours délicate, car on dérange le point de mire, etc
Nous substituons à cette bague un simple ruban d’acier dont les extrémités repliées en boucle et entre-croisées servent de guides à la baguette; de cette façon, celle-ci sert à maintenir la baguette en place. Pour nettoyer la surface de la partie du canon qui forme axe, il suffit d’enlever la vis placée à l’extrémité de la baguette, puis de retirer celle-ci; le ruban d’acier faisant ressort se déroule de lui-même.
Pour remettre le tout en place, on enroule le ruban autour de la partie du canon qui forme l’axe de la bague, on remet la tige de la baguette en place, puis la vis qui la termine.
On conçoit que les cils dans lesquels passe la baguette peuvent être rapportés sur le ruban d’acier et peuvent ne pas ètre de simples boucles formées avec ce ruban.
La figure 5 donne un exemple de cette application.
m, évidement destiné au tenon qui sert à limiter la course de la baguette une fois en place.
Outre la facilité d’entretien et de fabrication, la réaction du ruban d’acier est suffisante pour maintenir la baguette dans une position déterminée pendant qu’on s’en sert, ou pour l’empêcher de retomber lorsqu’on la place dans le barillet pourimmobiliser l’arme et prévenir les départs accidentels. Le ressort de baguette et sa vis sont donc supprimés par cette nouvelle disposition; toutefois on peut aussi employer la baguette ainsi disposée sans qu’elle soit maintenue par la porte de chargement.
En conséquence, nous revendiquons, pour remplacer une bague solide ajustée à demeure sur le canon et portant la baguette, l’emploi d’un ruban d’acier formant ressort et muni d’œils formant guide pour porter la baguette, et de la baguette dans sa position ordinaire le long de la plate-bande supérieure du cadre du pistolet, quel que soit son mode d’attache.
Enfin dans les revolvers en usage, les œillets des vis à bois ne sont pas fixés à ce bois; il en résulte qu’ils sont exposés à se perdre et ne peuvent servir au démontage de l’arme. Nous les fixons à demeure au bois, soit par une rivure, soit par tout autre procédé qui assure leur fixité absolue; cela permet, une fois la vis retirée, de la visser extérieurement dans son écrou et de s’en servir pour retirer du cadre une des joues en bois.
Nous insistons sur cette application faite aux revolvers, comme étant notre propriété.
Pour alléger les barillets dans certains revolvers, on a évidé le métal entre les chambres, mais dans la partie antérieure seulement; or, dans les revolvers à nombre impair de chambres ou de coups, le plan mené de l’axe du barillet et d’une des chambres tombe sur le milieu de l’intervalle de deux chambres consécutives; cela nous permet d’évider le barillet sur toute sa longueur, en ménageant, à la partie postérieure de chaque évidement, un épaulement qui vient s’appuyer sur le talon destiné à arrêter le mouvement du barillet et à le fixer. On peut alors achever cet épaulement à la lime avec la plus grande facilité, ce qui est impossible lorsque le talon d’arrêt vient se loger dans un creux; le mouvement du revolver peut donc être réglé avec une précision complète. En outre, l’allégement qui résulte de ces évidements permet de donner à poids égal une plus grande longueur au barillet et d’employer des cartouches à forte charge, sans augmenter le diamètre du cylindre ou allourdir inconsidérément l’arme.
Nous réclamons donc comme notre propriété le barillet évidé dans toute sa longueur et dans lequel une des parois de la partie postérieure de l’évidement forme épaulement destiné à venir s’appuyer contre le talon d’arrêt.
En résumé, cette invention repose sur les perfectionnements que nous avons apportés dans la construction des revolvers, qui sont:
1º L’application d’une plaque mobile recouvrant le mécanisme de l’arme dont les axes sont portés par les deux extrémités et que l’on peut voir fonctionner, graisser, monter et démonter avec facilité par tous les militaires, etc.
2º La sous-garde tournant autour d’une de ses extrémités et munie de la pièce de recouvrement;
3º Le montage de la baguette après une bague formée par un ressort;
4º L’emploi de la baguette pour maintenir la porte de chargement fermée et réciproquement;
5º L’évidement extérieur du barillet formant épaulement, ce qui permet de les ajuster avec toute la précision désirable.