Belgium 36342
Brevet de perfectionnement
Le ministre de l’intérieur,
Vu la loi du 24 mai 1854;
Vu le procès-verbal dressé le dix Février 1875, à une heure,
au Greffe du Gouvernement provincial de Liège
et constatant le dépôt régulier fait par le Sieur J.J. Abadie, à Liège,
d’une demande de brevet de perfectionnement,
pour des perfectionnements apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu, breveté en sa faveur le 26 Janvier 1874;
Arrête :
Article 1er,
Il est délivré au Sieur J.J. Abadie, à Liège,
un brevet de perfectionnement,
à prendre date le 10 Février 1875 pour des perfectionnements apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu.
Article 2eme,
Ce brevet lui est délivré sans examen préalable, à ses risques et périls, sans garanties soit de la réalité de la nouveauté ou du mérite de l’invention, soit de l’exactitude de la description et sans préjudice du droit des tiers.
Au présent arrêté demeurera joint le duplicata, certifié conforme par le Sieur Abadie de la description avec le dessin déposé à l’appui de la demande.
Bruxelles, le 27 Février 1875,
Au nom du Ministre de l’Intérieur,
Le Secrétaire général
–
Demande d’un brevet de perfectionnements se rattachant au brevet d’invention pris le 26 Janvier 1874, pour perfectionnements apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu par Abadie
Mémoire descriptif.
Les perfectionnements qui font l’objet de notre demande consistent en diverses modifications et additions que nous allons successivement décrire en nous reportant aux dessins ci-joints.
Fig.1. Vue longitudinale de notre arme avec coupe partielle de la broche qui sert d’axe au tonnerre.
Fig.2. Cloison mobile formant l’une des faces latérales.
Fig.3. Portière ou porte destinée à empêcher les cartouches de sortir du tonnerre.
Fig.4. Levier à ressort destiné à fixer la porte au corps du revolver, et à la faire refermer mécaniquement.
Les figures 5 et 6 représentent, en plan et en élévation, les moyens nouveaux à l’aide desquels nous fixons la sous-garde. La fig.6 montre, en outre, la disposition d’un ressort dont l’action s’exerce simultanément sur la porte et sur la détente.
Occupons nous, tout d’abord, de la porte représentée fig.3, dont la fonction déjà décrite dans notre brevet, constitue un des points principaux de notre invention.
Les modifications que nous lui avons fait subir sont destinées à la fixer au corps de l’arme et à la refermer mécaniquement.
Pour arriver à ce double résultat, nous avons adopté un levier (A) dont le grand bras seulement fait ressort.
La partie inflexible B de ce levier, est logée intérieurement, dans l’épaisseur de la cloison fixe, et vient s’engager à la fois dans une rainure circulaire C et une entaille D, pratiquées toutes deux au pivot E formant partie intégrante de la porte.
C’est en s’engageant dans la rainure C que la languette F, réservée à l’extrémité du levier A, relie la porte au corps du revolver ; tandis que la pression du même levier, venant s’exercer sur l’angle H, formant un point de la circonférence du pivot E, en détermine la fermeture.
Faisons observer, en passant, qu’un semple ressort fixé par l’une de ses extrémités en un point quelconque de par partie I du corps de l’arme et dont l’extrémité opposée se terminerait comme celle du levier A produirait les mêmes résultats que ce dernier.
La fig.6 indique un autre moyen que nous pouvons substituer, avec avantage, à ceux que nous venons de spécifier : il consiste dans l’application d’un ressort J dont l’action s’exercer à la fois et sur la porte et sur la détente. Voici comment :
Ce ressort est fixé par une vis K et se meut, comme le levier A, dans une rainure L ménagée intérieurement dans l’épaisseur de la cloison.
Il se compose ainsi qu’on le voit, des deux branches solidaires M M’; (on peut aussi employer deux ressorts distincts, lesquels seraient juxtaposés et fixés par une seule et même vis en un point quelconque de la partie I de la carcasse.)
La première branche agit sur le (pivot?) de la porte, de la même manière que le levier A et produit ainsi les mêmes résultat; tandis que la seconde vient exercer son action sur un épaulement N pratiqué dans l’épaisseur de la détente O laquelle est ainsi ramenée à son point de départ.
Disons enfin que c’est en faisant tourner la détente O sur son axe (mouvement nécessaire pour l’amener dans sa position première indiquée au dessin) que se produit le rapprochement des deux branches d’où résulte la tension du ressort.
Passons maintenant à un autre perfectionnement. Nous avons dans notre brevet d’invention clairement établi qu’il nous suffisait, à l’aide de la pièce 16 décrite au dit brevet, d’annihiler l’action du grand ressort pour pouvoir démonter aisément tous les organes de la platine, et ce sans le secours d’aucun instrument et sans être dans l’obligation d’enlever au préalable la crosse de l’arme.
Nous complétons aujourd’hui’ ce résultat par l’application d’un levier P représenté fig.1, que nous substituons à la pièce sus-mentionnée, et dont le mouvement produit simultanément et instantanément outre l’annihilation du ressort, l’ouverture de l’arme et le soulèvement de la cloison mobile O fig.2. Voici comment :
Le corps de notre arme se compose, ainsi qu’on l’a déjà vu, de deux pièces juxtaposées, entre lesquelles se meuvent les organes de la platine ainsi que le levier P. Celui-ci est fixé au moyen d’une vis Q qui lui sert d’axe, et remplit entièrement, lorsqu’il est abaissé, la partie vidée R du corps de l’arme avec lequel il se confond. Son grand bras est aminci en son milieu de manière à former une languette S destinée, ainsi qu’on va le voir, à fixer la cloison mobile représentée fig.2.
L’extrémité T de cette cloison, se terminant en talus, vient s’ajuster au point U du corps de l’arme; tandis que l’extrémité opposée porte perpendiculairement à son plan, un pivot V que reçoit l’ouverture circulaire X.
Maintenant, si, après avoir mis la cloison en place, on abaisse le levier P sa languette S traversera d’abord l’épaisseur de la cloison circulaire Z, qui entoure le pivot V; pour pénétrer ensuite dans l’entaille Y pratiquée à ce dernier.
Dès lors le pivot V sera solidement assujetti au corps de l’arme et avec lui la cloison dont il fait partie intégrante.
Faisons observer que la cloison ainsi fixée, ne pourrait s’enlever, même après le dégagement de son pivot, qu’en insérant entre les deux parties juxtaposées soit un tournevis, soit la lame d’un couteau etc.
Nous évitons cet inconvénient à l’aide des dispositions suivantes :
Le petit bras du levier P porte perpendiculairement à son plan un petit pivot a; ce pivot est taillé en ciseau et pénètre dans une cavité mi-circulaire b pratiquée à la face interne de la cloison. Fig.2. Ajoutons encore que le fond de cette cavité forme un plan incliné avec lequel le pivot a se trouve en contact.
Cela posé, il est clair que le mouvement de rotation partielle qu’on doit imprimer au levier P pour l’amener dans sa position indiquée au dessin produira le déplacement du pivot a celui-ci agissant alors contre le plan incliné déterminera le soulèvement de la cloison.
Il est aisé de comprendre, d’après les dispositions qui précèdent, que notre arme peut s’ouvrir et se refermer instantanément.
Il suffit, en effet, lorsque, pour une cause quelconque, l’on veut mettre la platine à découvert, d’amener le levier P dans la position indiquée Fig1, en agissant, au moyen du pouce de la main droite, sur le bouton c ménagé à son extrémité.
Ce simple mouvement produit aussitôt les effets suivants :
1° Le pivot V est rendu libre
2° Le petit bras du levier P formant excentrique suspens l’action du grand ressort et soulève en même temps la cloison.
Ajoutons enfin que cette dernière peut dès lors s’enlever avec une extrême facilité, ainsi que tous les organes de la platine ; Notons cependant que pour pouvoir démonter ceux-ci on doit au préalable dégager la chainette du grand ressort.
La Fig.7 du dessin annexé, à notre brevet principal, montre un ressort de détente généralement employé, bien que l’on ait reconnu depuis longtemps déjà que l’insuffisance de sa longueur en déterminait très fréquemment la rupture.
Nous obvions à cet inconvénient au moyen d’un ressort disposé d’une manière essentiellement nouvelle.
Ce ressort représenté dans la fig.1, diffère, en effet, de celui qu’on emploie, par la forme d’abord ; par le fonctionnement ensuite ; et surtout, par la position inverse qu’il occupe.
Notre ressort est en outre articulé au corps du revolver au moyen d’une ouverture qui y est pratiquée et dans laquelle s’ajuste le pivot cylindrique l ménagé à l’extrémité de la branche supérieure h.
Dans le prolongement de cette dernière et au dessus de la partie courbée dudit ressort, est réservé un épaulement arrondi f qui vient se placer au dessous du bec g de la détente.
C’est par l’intermédiaire de cet épaulement, sur lequel se concentre toute la force du ressort, que la détente est constamment ramenée à son point de départ. Faisons remarquer qu’à chacun de ses mouvements, la branche h, dont l’extrémité prend son point d’appui sur la sous-garde, glise (glisse?) sur celle-ci en se rapprochant de l’axe de mouvement.
En considérant ce ressort, ainsi disposé, on voit, sans peine, que son action sur la détente s’exerce exactement comme le ferait un levier du 3eme genre ; puisque la puissance déterminée par la tension du ressort agit entre le point d’appui et la résistance.
Par ces dispositions essentiellement nouvelles nous diminuons la fatigue dudit ressort et lui assurons ainsi un fonctionnement à la fois régulier et durable.
Il est presque inutile , croyons-nous, de faire remarquer, en terminant, que la tension du ressort s’obtient par le rapprochement de ses branches h, h’ et que ce rapprochement s’effectue sous la pression de la sous-garde au moment même ou elle est mise en place.
Il nous reste à expliquer les dispositions nouvelles que nous avons adoptées pour fixer la sous-garde. Ces dispositions sont représentées fig. 5 et 6.
i est une mortaise longitudinale à laquelle aboutissent l’ouverture cylindrique j et ses échancrures k, k’ : l’ouverture reçoit le pivot l formant partie intégrante de la sous-garde ; tandis que les échancrures k, k’ livrent passage à la clavette m fixée audit pivot transversalement et parallèlement à sa base.
Il est facile de voir d’après la position respective de la clavette et des échancrures, que le pivot l ne peut pénétrer dans l’ouverture j (ni en sortir) qu’en plaçant, au préalable, la sous-garde à angle droit par rapport à l’une des faces latérales du corps de l’arme, ainsi que l’indique la fig.5.
Par conséquent, il faut donc pour que notre sous-garde puisse être fixée, la placer d’abord comme il vient d’être dit et enfoncer ensuite entièrement dans l’ouverture j le pivot p.
Après cela il ne reste plus qu’à l’amener dans sa position fig.6, en lui faisait décrire un arc de cercle autour de l’ouverture dans laquelle le pivot p se trouve maintenant engagé.
Ce dernier formant, ainsi que nous l’avons déjà dit, partie intégrante de la sous-garde tournera avec elle, entrainant à son tour, la clavette m ; finalement celle-ci vient alors, en frottant contre la paroi inférieure de la mortaise, se placer dans la position fig.6, c’est-à-dire, perpendiculairement aux faces latérales du corps de l’arme ; pendant que de son côté, le pivot n vient en même temps, s’engager dans l’entaille O pratiquée à la carcasse.
Par ces dispositions la sous-garde est solidement assujettie et peut en outre s’enlever et se replacer aisément.
Signalons avant de nous résumer un dernier perfectionnement dont la simplicité présente des réels avantages.
Il s’agit d’un moyen tout nouveau destiné à fixer la broche qui sert d’axe au tonnerre.
Les moyens actuellement employés dans ce but consistent invariablement dans l’emploi d’une pièce fixée sur l’un des côtés de la partie antérieure du corps de l’arme, et disposée de manière à pénétrer, sous l’action d’un ressort, dans une encoche pratiquée à la broche.
La pièce et le ressort ainsi disposés présentent une saillie fort disgracieuse ; et de plus, ne permettent pas de donner à l’avant du corps du revolver toute l’élégance et la légèreté qu’il doit avoir.
Nous obvions à ces inconvénients au moyen des dispositions suivantes, représentées fig.1.
p est un ressort enchâssé et fixé par l’une de ses extrémités dans une rainure longitudinale r pratiquée à la broche.
A la partie flexible de ce ressort est réservé un pivot s, lequel vient s’engager dans une petite cavité circulaire, creusée au dessous du canon, et concourir ainsi avec elle à immobiliser la broche dans sa position indiquée au dessin.
Il est à peine nécessaire d’ajouter, en terminant qu’il suffit, pour opérer le dégagement de la broche, de faire fléchir le ressort, en exerçant une pression sur le bouton t qui le termine.
Résumé
Après avoir décrit la nature des perfectionnements apportés à notre invention et les meilleurs moyens, selon nous, d’en réaliser l’exécution, nous désirons qu’il soit bien établi que nous revendiquons comme notre propriété privative :
1° L’idée de relier la porte au corps du revolver au moyen du ressort qui la fait refermer.
2° L’emploi d’un ressort logé, en partie, dans une cavité ménagée à l’une des faces internes du corps de l’arme, et se mouvant parallèlement à ces faces : ce ressort étant destiné, ainsi que nous l’avons dit, à maintenir la porte en place et à la faire refermer mécaniquement.
3° L’application d’un ressort, placé comme le précédant, et dont l’action, s’exerçant simultanément sur la porte et sur la détente détermine la fermeture de la première, et ramène la seconde à son point de départ.
4° L’emploi d’un levier placé entre les deux cloisons, et qui, par suite du premier mouvement qui lui est imprimé : décroche la cloison mobile, la soulève, et suspend, en même temps, l’action du grand ressort.
Tandis que le second mouvement fixe la cloison et met le ressort en liberté.
5° L’idée d’assujettir la partie antérieure de la sous-garde à l’aide d’un pivot non fileté.
6° La disposition d’un ressort de détente fixe au corps de l’are par l’extrémité de l’une de ses branches, et dont le fonctionnement est analogue à celui d’un levier du 3eme genre.
7° L’idée de fixer la broche servant d’axe au barillet, au moyen d’un simple ressort, lequel est encastré à l’extrémité de la dite broche, et vient s’engager dans une petite cavité pratiquée au dessous du canon.
8° Et enfin tous les procédés et moyens à l’aide desquels on pourrit obtenir les résultats sus-énoncés.
* Deux renvois et cinquante-deux mots rayés nuls *
Liège le 4 février 1875.
J. Abadie.
—
PROVINCE DE LIÈGE
Procès-verbal de dépôt
Aujourd’hui, 26 janvier mil huit cent-septante quatre à une heure 55 minutes, le sieur Abadie (Ismael Isaac) Ingénieur Civil
Domicilié à Liège rue Carlier n°1
Se présente au Greffe du Gouvernement provincial, et y dépose :
1° Sa demande tendant à obtenir un brevet ;
2° Un paquet cacheté qu’il dit contenir :
a) La description de l’objet inventé ;
b) Les dessins nécessaires ;
c) Un duplicata, certifié conforme, de la description et des dessins ;
d) Le bordereau des pièces déposées ;
Le tout relatif à des perfectionnements apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu
Pour lequel objet le sieur Ismael Isaac Abadie
Demande en son nom
Un brevet d’invention.
La quittance constatant le payement de la première annuité accompagne le dépôt.
Le déposant I. Abadie
Le Greffier provincial.
–
Page 32
Bordereau des pièces déposées
1° Un mémoire descriptif
2° Deux dessins
3° Un duplicata du mémoire et des dessins
4° Un bordereau
Liège le 10 Janvier 1874
I. Abadie
– Page 33
Quittance de paiement
Le soussigné, receveur de l’enregistrement et des domaines à Liège, reconnait avoir reçu en sa dite qualité de Monsieur Abadie Ismael Isaac, ingénieur civil, rue Carlier, n°1, à Liège
la somme de dix francs de brevet d’invention pour perfectionnement apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu.
À Liège, le 26 Janvier 1874.
M le receveur Henry (Heury?)
– Page 34
À Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Monsieur le Ministre,
Le soussigné Abadie (Ismael Isaac), ingénieur civil, demeurant à Liège, n°1 rue Carlier,
A l’honneur de vous prier de vouloir bien lui faire délivrer un brevet d’invention pour perfectionnements apportés à la disposition et au fonctionnement des armes à feu.
Dans l’espoir que vous voudrez bien accueillir favorablement sa demande, il a l’honneur d’être, avec respect,
Monsieur le Ministre,
Votre très humble et obéissant serviteur,
I. Abadie
Liège, le 25 Janvier 1874.