Patent: Laridan

France 140864

BREVET nº 140864, en date du 31 janvier 1881,

A M. LARIDAN, pour un revolver à verrou de sûreté, système G. Laridan.

Pl. I, fig. 1 à 5.

Chacun sait que dans la construction des revolvers à broches du système Lefaucheux ou autre, des revolvers à percussion centrale, etc., le tambour tournant des culasses n’est maintenu au repos qu’au moyen de la baguette qui sert au déchargement; chacun sait aussi que, journellement, des accidents surviennent dans le maniement des revolvers, causés tous par l’oubli d’enfoncer la baguette de sûreté dans l’un des tonnerres du tambour tournant. Cette baguette n’offre pas en effet, par rapport à l’ensemble de l’arme (la crosse de celle-ci étant tenue dans la main), et dans les deux positions extrêmes qu’elle peut prendre, des différences d’aspect assez opposées pour que l’ceil, à la simple inspection, juge si l’arme est ou n’est pas au repos.

Le système de verrou de sûreté que j’ai imaginé remédie radicalement à cet état de chose, sans supprimer la double fonction de la baguette. Disposé à l’arrière de la plate-forme et adapté à cette plate-forme, il est parfaitement visible quand on a l’arme dans la main; ses deux positions sont tout à fait dissemblables, de manière qu’on voit tout de suite si l’arme est ou n’est pas au repos. Dans la position du repos, le verrou se présente en saillie sous la tombée du chien; en sorte que si l’on appuie alors sur la détente, le chien s’abaisse bien, mais il frappe sur le verrou bien avant que son extrémité atteigne la broche ou l’amorce de la cartouche. Chacune des culasses du tambour tournant étant munie d’une cartouche, on peut, le verrou au repos, faire fonctionner la batterie sans aucun danger, parce que, en aucun cas, le verrou de sûreté ne saurait quitter la position de repos qui lui est assignée.

Fig. 1 et 2, élévation et plan d’un revolver, modèle Lefaucheux, sur lequel j’ai adapté mon système de verrou de sû reté.

Fig. 3, coupe verticale, suivant 1-2, en arrière de la plateforme.

Fig. 4 et 5, face et profil des deux pièces qui composent tout le système.

J’ai dit précédemment que je ne changeais absolument rien dans l’arrangement et la construction du tambour tournant a, qui peut avoir un nombre quelconque de chambres, du canon c, de la baguette b, de la plate-forme d à portière d’.

La plate-forme d présente en face du chien f une mortaise verticale g limitée par deux joues en saillie h, h’.

L’une de ces joues h est coupée vers le haut pour le passage du verrou de sûreté v, qui doit, pour tenir l’arme au repos, se mettre en travers de la mortaise g et faire saillie suffisamment dans ladite mortaise pour supporter tout le choc du chien et empêcher ainsi que l’extrémité ne frappe la broche de la cartouche.

Le verrou consiste dans la tête v et dans une lame v’ lui faisant suite en équerre pour constituer ressort et présenter en bas un talon v² pour le fixer par la vis m à la platine p. Un arrêt n empêche la tombée en arrière du corps v’.

Quand on veut faire fonctionner le revolver, on amène le verrou en arrière, en forçant le ressort v’ de droite à gauche au moyen du pontet strié o; alors il est retenu en place par un arrêt q d’un ressort r, logé en grande partie dans une fraisure verticale de la plate-forme d, à laquelle il est fixé par une vis s. Une tête striée r’ permet au doigt d’appuyer sur le ressort r, afin d’effacer l’arrêt q, en plan incliné, et laisser, par le fait du ressort v’, le verrou v s’engager dans sa position de repos.

D’où il résulte que le fonctionnement du système de sûreté est le suivant:

Le verrou v, étant monté sur ressort v’, est, en position normale, logé en travers de la mortaise g de la plate-forme; le chien, en tombant, rencontre par conséquent le verrou v et ne peut atteindre la broche de la cartouche, si le système est appliqué aux revolvers du genre Lefaucheux que j’ai pris pour exemple, ou bien l’amorce de la cartouche, si ledit système est appliqué aux revolvers à percussion centrale.

En tirant le verrou de droite à gauche, on le sort de la mortaise g, et en même temps on l’enclenche dans le ressort r. L’arme peut alors être tirée.

En prenant en r’, le ressort r libère le verrou qui, au premier soulèvement du chien, prend la position du repos.

Enfin on remarque que le système nouveau n’empêche nullement la double fonction de la baguette ordinaire b.

En résumé, je revendique le nouveau système de verrou de sûreté que je viens de décrire, applicable à tous systèmes de revolvers, à broches ou percussion centrale, et essentiellement composé:

1º D’une pièce fonctionnant contre la face postérieure de la plate-forme, constituant verrou de sûreté en venant se mettre en travers du plan de fonctionnement du chien et sous la tombée de celui-ci, pour en arrêter la chute avant qu’il atteigne la broche ou l’amorce de la cartouche;

2º D’un ressort encastré dans une fraisure verticale de la plate-forme, ayant pour but de former arrêt au verrou et de le retenir en dehors de la tombée du chien pendant tout le temps que l’on tire.

La partie formant verrou est montée sur une partie faisant ressort, qui a pour objet de maintenir en toute sécurité le verrou dans la position du repos de l’arme.

Les avantages du système, dont la construction peut varier dans les formes, matières et dimensions des pièces constitutives, sont les suivants:

1º De pouvoir s’adapter à tous les revolvers à broches, percussion et autres;

2º De permettre le chargement, le verrou étant au repos, sans soulever le chien;

3º De donner la sécurité la plus absolue, l’arme étant chargée;

4º De permettre le maniement de l’arme chargée par toute personne inexpérimentée, même par des enfants;

5º De ne demander qu’un instant pour rendre l’arme prête à partir;

6º D’être d’un extrême bon marché et de permettre rapidement la transformation des revolvers existants.