Patent: Lefaucheux

France 64960 add

CERTIFICAT en date du 3 février 1865.

Pl. V.

Nous avons principalement pour but d’augmenter le nombre de charges que peut recevoir le cylindre, sans donner à cette pièce, et par conséquent à l’arme tout entière, des dimensions exagérées, et sans donner au mécanisme aucune complication nouvelle.

Dans les cylindres à une seule rangée circulaire, si l’on augmente le diamètre de la circonférence pour pouvoir multiplier le nombre des charges, il en résulte au centre un espace libre plus ou moins considérable, que l’on peut bien éviter de différentes façons, mais qui n’en est pas moins inutile pour l’arme, tandis que ses proportions ont été augmentées.

Nous avons cherché à profiter de cet espace perdu en y intercalant un nouveau rang de charges, disposées suivant une seconde circonférence concentrique à la première, et nous nous sommes attaché à tirer parti de ces deux rangs de charges:

1º Sans déplacer l’axe de rotation du cylindre;

2º Sans en changer le sens de rotation et sans nécessiter aucun mouvement, aucun arrêt, aucune manœuvre particulière entre le départ des charges disposées sur l’une ou l’autre circonférence, enfin en n’employant qu’un seul modèle de cartouches.

Nous remplissons toutes ces conditions:

1º Par l’emploi de deux canons superposés;

2º Par une disposition particulière du cylindre et de la coquille de recul, qui fait fonction de culasse fixe à deux endroits différents;

3º Par l’emploi d’un chien à deux têtes.

Canons superposés. Les deux canons correspondent chacun à un rang de charges; leur emploi ne demande, du reste, aucune explication.

Cylindre et coquille de recul. Le cylindre A est limité du côté des canons par une seule face plane, comme d’habitude; mais du côté de la culasse, la face du cylindre est composée de deux parties distinctes, fig. 4 à 9:

1º Une partie plane a au centre, formant un cercle complet et embrassant toutes les charges de la rangée intérieure;

2º Une partie annulaire a’, comprenant la rangée de charges extérieures et entourant la partie centrale, mais en retrait sur celle-ci de quelques millimètres: il en résulte que les broches ou cheminées (suivant le système de révolvers) appartenant à chacune des deux rangées se trouvent dans deux plans différents perpendiculaires à l’axe du cylindre, et que les trous de la rangée extérieure sont un peu moins longs que ceux de la rangée intérieure.

Cette nouvelle forme de cylindre, combinée avec le chien double ou à deux têtes, constitue une innovation fort importante; elle est applicable tant aux armes qui se chargent avec des cartouches à broche ou à percussion centrale qu’à celles qui portent autant de cheminées que de coups.

Dans les armes qui se chargent avec des cartouches à broches, la coquille de recul ou culasse fixe B porte au centre un évidement qui correspond à la partie saillante du cylindre, tandis que le bord extérieur correspond à la partie annulaire dont nous avons parlé: il en résulte donc qu’une seule culasse fixe sert de point d’appui pour toutes les charges et que la juxtaposition de la coquille avec le cylindre est complète dans toutes les positions.

Porte. L’ouverture de la porte est suffisamment échancrée pour pouvoir charger les deux rangées; à cet effet, la porte présente dans son application contre le cylindre la contre-partie exacte de celui-ci, et se compose de deux parties: une partie évidée correspondant à la rangée intérieure et à la partie plane que nous avons décrite au centre de la coquille de recul, et un bord renforcé correspondant à la rangée extérieure ou à la partie annulaire de la coquille.

La baguette de déchargement et d’arrêt b, mobile autour d’une charnière b’, peut rencontrer les trous de chacune des deux rangées: il est bien entendu que la porte peut s’ouvrir vers le bas ou vers le haut, être placée à droite ou à gauche, s’ouvrir par côté ou en arrière. Il en est de même de la baguette, qui peut être placée à droite ou à gauche.

Chien à deux têtes. Le chien C porte deux tètes fixes superposées c, c’, qui agissent sur toutes les charges directement et sans l’intermédiaire d’aucun ressort ni marteau pour les charges intérieures du cylindre; cet avantage résulte de la division en deux parties que nous avons décrite pour la face terminale du cylindre du côté de la culasse, disposition qui permet aux deux têtes de frapper alternativement les charges de chacun des deux rangs. A cet effet, dans les armes à cartouche à broche, la tête supérieure e passe, comme d’habitude, pardessus le bord de la coquille, pour percuter les charges de la rangée extérieure, et la tête inférieure c’ vient porter sur les charges de la rangée intérieure à travers un trou o pratiqué dans la coquille et audessous de la partie qui sert de culasse pour les charges extérieures.

Arrêt. La détente qui commande le chien donne aussi le mouvement à un arrêt à deux crans et à double effet E, qui assure la fixité du cylindre dans toutes les positions; l’un des crans e le maintient pour le départ des charges extérieures, et l’autre é pour celui des charges intérieures, en agissant alternativement à droite et à gauche.

Nous revendiquons l’application du chien à deux têtes à tous les révolvers qui portent des cheminées ou qui se chargent avec des cartouches à percussion centrale.

Ainsi se trouvent remplies toutes les conditions que nous nous étions posées.

Une seule roue à rochet D, portant autant de dents qu’il existe de coups, actionne le cylindre, et l’un peut faire partir successivement toutes les charges sans aucun arrêt ni interruption, sans déplacer l’axe du cylindre ni celui des canons, et sans changer le sens de rotation. Ces perfectionnements s’appliquent également aux fusils et aux carabines.

Le nombre de coups peut être augmenté ou diminué.