France 20159
(10698)
BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,
En date du 10 juillet 1854,
Au sieur GAUPILLAT, à Paris, Pour une arme à feu dite revolver.
Pl. LVII.
Notre invention a pour objet le perfectionnement des armes à feu, pistolets, carabines, fusils de chasse ou de guerre, etc. établis d’après le système successif des décharges et la rotation du cylindre-tonnerre.
La modification principale que nous apportons à ces armes consiste dans l’application d’un système d’arrêt pour armer, de manière à assimiler la fonction de la batterie des revolvers à celle qui existe dans les armes à canon fixe.
Ainsi, dans notre revolver, le chien est dissimulé à l’intérieur de la batterie; il s’arme par la pression sur la gachettedétente et reste en arrêt; puis, lorsque l’on veut déterminer l’explosion, on continue la pression sur la détente, et le chien vient percuter sur la capsule du projectile.
Dans la première pression du doigt sur la détente pour maintenir le chien en arrêt, le cylindreton-nerre tourne de la quantité nécessaire pour présenter l’une des charges en regard du chien, qui est mis en arrêt tandis que le cylindre-tonnerre est enrayé.
Pour déterminer l’explosion, à telle époque que l’on voudra après l’armement du chien, et par conséquent avec toute facilité de viser, on presse comme d’ordinaire sur la détente, le chien s’abat, percute sur la capsule qui, en s’enflammant, lance le jectile.
Le chien abattu, l’arrêt qui encochait le tonnerre le rend libre et prêt à tourner par une nouvelle pression sur la détente, lorsqu’il s’agit de présenter une nouvelle charge à tirer, en regard du chien, que cette première pression met de nouveau en arrêt.
Une autre modification, qui a aussi son importance, consiste dans la combinaison particulière d’une cheminée à culasse, traversée par une tige percutrice.
Les figures de la planche LVII feront bien comprendre la description qui va suivre du système perfectionné sur lequel repose notre privilége.
La figure 1 représente, à titre d’exemple d’arme à feu d’après notre système, la coupe longitudinale d’un pistoletrevolver, en supposant le chien armé et le tonnerre en regard.
La figure 2 est une vue par bout du cylindre-tonnerre a, disposé pour tirer six coups, nombre d’ailleurs facultatif.
On voit ainsi ce cylindre du côté de l’introduction des charges dans les ouvertures b; quant à l’ouverture centrale c, elle est traversée par l’axe d fixé à l’armature e, et autour duquel ce tonnerre tourne.
La figure 3 est la vue du cylindre a du côté de la cheminée.
Comme il y a six coups à tirer, cette face du cylindre rotatif a offre six saillies ou cannelures pour l’un des arrêts, et six autres cannelures pour un autre arrêt, de telle sorte que, dans la rotation de ce cylindre, deux pièces ou leviers g, fdéterminent son arrêt précis et exact, pour bien mettre successivement chaque charge en regard du chien h.
La figure 4 montre une élévation de l’armature e, portant le cylindre-revolver a suivant la vue opposée à la figure 1, pour faire voir le levier g qui concourt, avec le levierf, à la rotation et à l’arrêt du cylindre ou tonnerre a.
Ainsi, le levier fagit sur les saillies les plus éloignées i, et le levier g agit sur les cannelures sur champ j du tonnerre a, de façon à déterminer, après la rotation de ce revolver, un arrêt sûr et précis.
Lorsque l’on presse le doigt sur la détente 7, la noix m de cette dernière pivote autour d’un point fixe o; dans ce mouvement, la noix m appuie de haut en bas par son bec sur le bec P du chien interne h, jusqu’à ce que le chien soit relevé dans la position indiquée fig. 1; il reste alors en arrêt, et le ressort q est tendu.
Or, dans le mouvement qui vient de s’opérer, le levier 9, dont l’extrémité se trouve au haut de la coulisser, fig. 4 et 5, est descendu au bas de ladite coulisse, pour faire tourner le revolver a de la quantité déterminée; en même temps, le dessous du chien h, pivotant en s, fait fonction d’excentrique, et presse sur le levier f, fig. 1, dont l’extrémité se soulève en glissant dans la coulisse t, fig. 5, pour agir sur les saillies i du tonnerre a, pendant que le levier g agit sur les cannelures j du même tonnerre.
Ainsi, dans la première pression du doigt sur la détente l, le chien h est armé dans la position fig. 1, et le tonnerre a tourné.
Le chien reste armé, dans cette position, à la faculté du tireur, par opposition au système répétiteur ordinaire, dans lequel le chien n’a pas d’arrêt, et dont la détente n’a qu’un seul parcours du point de désarmement au point du tir.
Une autre particularité, qui caractérise notre perfectionnement, consiste dans la combinaison de la cheminée composée, voir fig. 1, 1 ‘ et 6, de deux pièces, la culasse v, laquelle se visse sur le tonnerre a, et de la tige percutrice x, qui glisse librement à l’intérieur de ladite culasse.
La tige percutrice porte, d’un côté, une tête sur laquelle vient percuter le chien, tandis que, près de la pointe qui doit frapper sur le fulminate du projectile y, se trouve un petit écrou ou une rondelle d’arrêt.
Le projectile s’introduit successivement à la main dans chaque trou b, et se trouve ensuite refoulé vers la cheminée par un refouloir ou piston z, qui avance en manœuvrant un levier k, fig. 1, dont la roue se développe sur une crémaillère adhérente au canon
En résumé, nous revendiquons le système de cheminée à tige percutrice mobile, et surtout l’application du principe d’arrêt ou d’armement aux revolvers.France 19380 add
CERTIFICAT D’ADDITION,
En date du 9 novembre 1854.
On a pu voir, par le dessin et la description qui accompagnent mapremière demande, en date du 15 avril dernier, que les perfectionnements que je venais d’apporter dans les armes à feu consistaient principalement dans l’emploi d’une culasse fixe employée comme point d’appui, et dans une combinaison mécanique permettant de charger, par la culasse, les pistolets à rotation à plusieurs coups et à un seul canon.
On se rappelle que j’arrivais à ce résultat au moyen d’une entaille pratiquée sur le côté de la culasse, et devant laquelle chaque canon venait successivement se présenter par le fait même de la rotation du cylindre ou revolver, ce qui permettait d’introduire dans chaque canon unecartouche toute faite qu’il suffisait de placer, sans qu’il fût nécessaire d’employer la baguette.
Les perfectionnements qui font le but de la présente demande consistent,
1º Dans l’addition d’un ressort servant à maintenir fermée la porte qui recouvre l’ouverture pratiquée dans la culasse pour le chargement des canons mobiles;
2º Dans la substitution de la targette qui servait à refouler la cartouche, lorsqu’on voulait décharger l’arme, par une epèce de petite baguette ronde munie d’un ressort qui la maintient dans son fourreau;
3º Dans une nouvelle disposition mécanique agissant à chaque armement de la batterie et servant à maintenir fixe le revolver lorsqu’il est complétement armé;
4º Dans un système d’emmanchement à double baionnette, permettant le démontage prompt et facile;
5º Dans une nouvelle disposition permettant également de charger par la culasse; mais différente de celle décrite dans mon précédent brevet, en ce que le chien sert à la fois à lapercussion et de culasse.
Par cette combinaison je supprime l’ouverture pratiquée dans la culasse fixe pour le chargement des canons mobiles, et je puis me servir indistinctement des cartouches Lefaucheux ordinaires ou de cartouches dont la broche est placée dans l’intérieur, au fond de la douille, ou après la balle.
Pl. XLIII.
Fig. 7, vue extérieure d’un pistolet à six coups, dans laquelle le bois qui recouvre la crosse est supposé enlevé pour laisser voir le ressort intérieur.
Fig. 8, plan horizontal coupé au-dessous du canon fixe suivant la ligne 1-2.
Fig. 9, vue par bout de la culasse.
Fig. 10, vue de face du cylindre mobile ou revolver.
On doit reconnaître, à la simple inspection de ces figures, les changements queje viens de faire subir au pistolet que j’ai donné comme exemple; ainsi on voit, commeje l’ai dit, que j’ai ajouté à la porte h, dont on se rappelle la fonction, le ressort h’ qui, lorsqu’on a placé la cartouche et que l’on referme la porte, vient entrer dans la petite encoche h², et fixe par ce moyen la porte sur la culasse.
Pour l’ouvrir il suffit d’appuyer sur la saillie l de ce ressort.
Cette pression le dégage de l’encoche et l’on peut alors ouvrir la porte qui permet l’introduction d’une nouvelle cartouche dans le canon qui en ce moment est en regard de l’ouverture.
On voit aussi que la targelte est remplacée par la baguette P, munie du petit ressort méplat m, qui empêche, en la maintenant dans son fourreau, qu’elle se meuve sans le secours de la main.
On sait que dans ce système de pistolet, il suffit d’armer le chien pour faire tourner le revolver d’un sixième de tour, si le pistolet est construit pour six coups, comme dans le cas qui nous occupe, et qu’il faut qu’après chacun de ces mouvements le revolver reste parfaitement fixe.
J’arrive à ce résultat en logeant dans l’intérieur de la culasse un mécanisme qui se compose simplement d’une goupille R, fig. 11, munie d’une petite tête r, laquelle s’engage dans une ouverture pratiquée dans la culasse et directement au-dessous duchien, de façon que la queue s de ce dernier, chaque fois qu’on l’arme, pousse cette goupille dans l’une des encoches d dont est munie l’une des extrémités du cylindre revolver C, celle qui repose sur la culasse, comme l’indique la figure 10.
Quant on abaisse le chien au contraire, la partie s’ rappelle la goupille, la dégage de l’encoche, ce qui permet au cylindre de tourner afin de représenter une nouvelle charge devant le canon fixe A, et un nouveau canon devant l’ouverture h’.
On remarque quej’ai remplacé le ressort de détente actuellement en usage par celui représenté en détail fig. 9, 12, 13.
L’axe k qui réunit la crosse B au canon fixe et unique A, et qui sert en même temps de centre de rotation au revolver, est muni de deux petites saillies a, fig. 14.
Sur le renflement A’lequel fait corps avec le canon, sont ménagées deux encoches b d’une profondeur égale aux saillies. Il faut introduire ces saillies dans ces encoches, puis retourner le canon, afin de le ramener dans la position indiquée fig. 14, pour fixer le canon à la crosse.
On comprend que par ce simple emmanchement, que j’appelle à double baïonnette, à cause des deux saillies qui pénètrent dans les deux encoches, je puis monterou séparertrèsrapidement le canon fixe d’avec la crosse.
La figure 15 représente la disposition qui me permet de supprimer la porte h; on voit qu’il m’a suffit de faire une entaille dans la culasse C’ par laquelle j’introduis ma cartouche, et le chien S², en se rabattant sur la broche saillante t de la cartouche, sert en même temps de culasse et de point d’appui à celle-ci.
Les figures 16, 17 indiquent, en section, deux systèmes de cartouches que je propose pour servir indifféremment avec celles actuellement en usage; elles diffèrent de celles-ci en ce qu’elles n’ont pas de broches apparentes extérieurement; on remarque, dans la figure 16, que la broche t’ est fixée après la balle T, et dans la figure 17, après la douille T; dans les deux cas, en frappant le fond de cette douille, on ob tient l’inflammation au moyen de la capsule t².
Onvoit, par ce qui précède, que le présent certificat d’addition à pour but de rattacher à mon brevet principal du 15 avril 1854 les nouveaux perſectionnements que je viens d’énumérer, et qui sont surtout applicables aux fusils et pistolets à rotation, à culasse fixe, à un seul canon et à plusieurs coups.