Patent: Ligniel

France 48164

BREVET nº 48164, en date du 15 janvier 1861,

A MM. LIGNIEL, pour un pistolet-revolver se chargeant par derrière.

(Extrait)

Cette arme composée, ainsi que beaucoup de revolvers déjà connus, d’un cylindre percé de plusieurs chambres et d’un seul canon, se charge par le derrière du cylindre au moyen de cartouches spéciales.

Elle est d’une grande simplicité et d’une construction facile, la carcasse étant faite d’une seule pièce ayant une ouverture sur le côté de la boîte de batterie pour y introduire les pièces du mouvement.

Mais elle se distingue essentiellement par une disposition que nous allons décrire.

Cette disposition permet de fermer le joint du cylindre et du canon par la force d’expansion de la poudre même.

Pour obtenir cet effet, nous avons percé les chambres du cylindre, rondes dans la partie recevant la cartouche, et nous les avons rétrécies au calibre du canon, en avant de la balle et immédiatement après elle; de plus, cette partie rétrécie est rayée de quatre rayures exactement semblables à celles du canon et venant s’adapter avec elles, de telle sorte que le calibre et les rayures du canon sont continués dans les chambres du cylindre jusqu’à toucher la balle.

Par ce moyen, le revolver est à balle véritablement forcée et n’a aucune fuite extérieure de gaz; ceci lui donne l’avantage d’employer très-peu de poudre, ce qui est une économie, et de porter son projectile très-loin avec beaucoup de précision, n’ayant pas de recul; puis d’empêcher l’encrassement extérieur et d’amoindrir l’encrassement intérieur, qui est toujours en proportion de la quantité de poudre employée.

Cette fermeture du joint du cylindre avec le canon fait qu’après le tir le cylindre, se trouvant arc-bouté entre le canon et la culasse, par le recul et l’expansion du culot de la cartouche, ne pourrait plus tourner; nous avons imaginé de rendre cette culasse mobile; nous la faisons mouvoir par le chien au moyen d’une bosse pratiquée dessus; cette bosse faisant excentrique, rencontre celle pratiquée sur la culasse et pousse celleci contre la cartouche lorsque le chien tombe, et ce avant qu’il ait rencontré la bouche qui doit écraser la capsule.

Lorsqu’on réarme le chien, l’excentrique, laissant échapper la culasse, la laisse reculer au moyen d’un ressort placé derrière elle.

De cette manière, l’espace compris entre la culasse et le canon s’agrandissant, le cylindre est libre de tourner.

Comme notre culasse ne couvre pas toute la surface de notre cylindre, nous avons placé de chaque côté de la carcasse de l’arme une rondelle servant de fond aux chambres pour y maintenir les cartouches; une partie de cette rondelle s’abat et découvre deux chambres que l’on peut charger ensemble, à volonté, sans mouvoir le cylindre.

L’arrêt du cylindre est combiné de telle sorte qu’il tient le cylindre en place pendant tout le temps que le chien s’abat, et ne le rend libre que lorsqu’on réarme.

Notre moyen d’assembler le canon avec la carcasse de l’arme a l’avantage de permettre de le démonter sans le secours d’aucun outil et très-promptement.

Nous attachons le canon par une clavette traversant la douille et entaillée dans la broche servant de pivot au cylindre, puis, au moyen d’un tourniquet, nous assemblons la queue du canon avec la sous-garde, de manière que, pour le démonter, il suffit de tourner le tourniquet en travers de la queue du canon et de tourner ce dernier d’un quart de tour sur la broche du cylindre, puis de tirer droit pour écarter les deux parties; la clavette s’échappe par une entaille pratiquée au bout de la broche sans qu’il soit besoin de l’ôter.

Notre baguette servant à extraire les culots après le tir porte une nervure sur laquelle est placé un ressort servant à la faire tourner.

Cette nervure, lorsque la baguette est tournée par l’action du ressort, a pour but de l’empêcher de rentrer seule dans les chambres du cylindre, ce qui empêcherait d’armer le chien.

A côté de cette baguette, est attaché au canon un levier servant à la presser sur le fond du culot, après qu’on l’y a amenée avec la main, dont la force ne devient plus suffisante pour vaincre la résistance que présente le culot serré par l’expansion de la poudre.

Pour faire jouer cette baguette, il faut donc la prendre par la tête et la faire tourner jusqu’à ce que la nervure, placée dessus, rencontre le ressort qui y est attaché, ce qui amène cette nervure en face de l’entaille dans laquelle elle doit glisser, puis la pousser dans la chambre du cylindre jusqu’à ce qu’elle bute contre le fond du culot de la cartouche vide que l’on veut extraire; alors làchant la tête de la baguette, on prend le levier que l’on amène jusqu’à la toucher, et l’on presse fortement.

Après que le culot est extrait, en reprenant la tête de la baguette et la retirant de la chambre, celleci ramène avec elle le levier à sa place et l’y maintient.

Notre cartouche est excessivement simple et d’un prix de revient très-minime.

Elle ne se compose que de deux pièces: le culot et la broche, ayant une large tète plate engagée dans la balle; sur cette broche se place une capsule.

En résumé, le brevet comprend:

1º La carcasse fondue d’une seule pièce, ayant une ouverture sur le côté de la boîte de batterie pour y introduire le mouvement;

2º Les rétrécissements et rayures dans les chambres du cylindre, correspondant avec celles du canon;

3º La culasse mobile mue par le chien;

4º La rondelle faisant fond aux chambres, et dont une partie s’ouvre pour charger l’arme;

5º Notre système d’arrêt du cylindre, le maintenant sur place pendant tout le temps que le chien s’abat;

6º Notre système d’assemblage du canon avec la carcasse et avec la sous-garde;

7º La baguette pour l’extraction des culots, ayant une nervure et un ressort qui la tienne à sa place, et un levier la faisant mouvoir;

8º Et enfin la cartouche ayant une broche dans la balle.