Patent: Moutier

France 30677

(17950)

BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,

En date du 24 janvier 1857,

Au sieur MOUTIER, à Paris,

Pour un révolver se chargeant par la culasse au moyen d’une cartouche spéciale.

Ce système jouit d’un double mouvement de rotation, c’està-dire:

1º D’un mouvement continu, celui qui provoque le coup de feu par la simple pression du doigt sur la détente;

2º D’un mouvement intermittent, celui qui consiste à relever le chien avec la main avant de faire décocher le départ.

Pl. II.

Le canon, fig. 1, est pourvu à son arrière, et le tout d’un seul bloc:

1º D’un prolongement en guise de platebande sur la partie supérieure;

2º D’un appendice en guise d’affût à sa partie inférieure.

L’affût, fig. 1, se trouve percé longitudinalement de deux trous ou conduits cylindriques, fig. 9.

Le premier X ou le plus rapproché du canon est celui qui sert de logement à la broche ou tige yy’, fig. 5, remplaçant l’axe habituel du tambour, autrement dit du barillet; le second XX livre passage à un boulon, tourillon ou broche mère, z z’, fig. 3, dont l’une des extrémités se rattache au corps du pistolet, tandis que l’autre extrémité, celle qui traverse l’affût, se termine par un pas de vis auquel s’adapte une tête taraudée, soit un écrou mobile R affleurant le profil de l’affût, fig. 11.

Or, attendu que l’affût est maintenu à frottement doux sur la tige de ce boulon ou tourillon , d’un côté par l’écrou de l’autre par un revêtement qui commence en z, fig. 3, et se relie au corps de l’arme, il résulte de là que le canon a la propriété de s’ouvrir et mieux de pivoter ou de se mouvoir sur ladite broche mère, en entraînant avec lui le barillet.

La plate-bande de culasse porte à sa partie postérieure et inférieure une entaille à queue d’aronde T, fig. 1, qui sert d’encastrement à une pièce en relief, T’, fig. 3 et 11, dépendant de la fausse culasse ou épaulement MM’.

A sa partie supérieure, la plate-bande est encore munie d’un ressort en guise de flèche 9, fig. 1 et 8, dont la griffe, en débouchant au milieu de l’entaille établie sur la plate-bande, forme arrêt dans une autre petite entaille pratiquée à la surface de la pièce en relief susmentionnée T”, fig. 3; or cette dernière entaille se trouvant creusée obliquement vers la gauche et verticalement vers la droite, il résulte d’une semblable disposition qu’on ouvre le pistolet quand on le fait pivoter sur la broche mère par un mouvement de gauche à droite et qu’on le referme par le mouvement en sens inverse.

Mais pour que la double opération puisse s’effectuer avec régularité, il faut avoir soin de mettre préalablement le chien au cran de repos.

Les divisions du barillet, celles destinées à régulariser sa marche lorsqu’il obéit à l’action du régulateur k’, adhèrent à la détente, fig. 6, sont pratiquées en relief sur la surface du bloc rr’r², fig. 5, au lieu d’ètre creusées dans son épaisseur.

Le révolver dont nous présentons ici la description ayant consacré l’usage d’un projectile à culot, les tubes ou canons du tambour sont forés cylindriquement, et les cheminées ont été supprimées.

L’axe ou broche du barillet est enfoncé à force dans cette pièce et s’y trouve fixé d’une manière inébranlable, fig. 5.

La partie antérieure de cette broche yy’, fig. 5, se loge, avons-nous dit déjà, dans le conduit Xde l’affût, fig. 1.

Or, de ce côté-là, la tige est munie d’une rainure ou gorge circulaire c, fig. 5, dans laquelle s’adapte une bande ou zone hémicirculaire c’, fig. 9, qui n’est autre chose que le prolongement d’un ressort à pédale dont nous n’avons point encore parlé jusqu’à présent, lequel ressort est placé sur le côté droit de l’affût, comme on peut le voir sur la fig. 11, représentant l’ensemble du révolver.

Enfin, ce ressort à pédale, dont la figure 9 nous présente la coupe vue de face, ainsi que le profil, se fixe en d, fig. 1, sur l’affût au moyen d’une vis d’, fig. 9 et 11, tandis que sa griffe circulaire c ‘, fig. 9, vient se placer dans son encastrement, c’est-à-dire dans la gorge circulaire précitée c, fig. 5, à la faveur d’un gîte c², fig. 1. entaillé selon le revêtement latéral droit de l’affût et débouchant dans le logement X de la broche du barillet.

La partie postérieure de la broche, celle rivée au tambour, arase le plan postérieur de ce bloc (voir la figure 12, représentant le pistolet ouvert), et l’engrenage servant à déterminer le mouvement de rotation est taillé en creux sur la tête même de la broche. Grâce à une semblable disposition, s’il arrivait que rêts de l’engrenage vinssent à se fatiguer, à s’émousser, à s’ébrécher, on parerait aisément à cet inconvénient en changeant la broche, opération infiniment plus facile que celle à laquelle on est obligé d’avoir recours quand l’engrenage est entaillé sur le bloc même ou appliqué dans un encastrement pratiqué sur la surface postérieure du barillet.

La broche mère, ou pivot sur lequel se meut le système, a été entaillée en k, fig. 4, afin de permettre que la détente ait un jeu entièrement libre.

La figure 3 représente le corps du pistolet avec trop de netteté et de précision pour qu’il soit nécessaire d’entrer dans des détails, soit concernant la rondelle massive ou épaulement qui sert de culasse, soit touchant la bride destinée à consolider la poignée, soit au sujet des différentes divisions de revêtement.

La figure 6 nous montre une détente munie:

1º D’un levier fonctionnant de manière à faire relever le chien;

2º D’unappendice régulateur;

3º D’un cran au moyen duquel la détente elle-même peut s’agrafer de nouveau au petit ressort, après le départ du chien.

On sait comment s’attache le grand ressort, quand il s’agit d’armes de la nature de celle dont nous nous occupons ici.

Désirant obtenir tout à la fois, avec notre révolver, et le mouvement intermittent et le mouvement continu à volonté, nous avons dû avoir recours à des dispositions essentiellement neuves, concernant les fonctions qu’exercent réciproquement l’un sur l’autre le chien et la gâchette.

Nous ne parlerons pas du levier qui fait mouvoir le barillet, lorsqu’il s’engage parmi les dents de l’engrenage.

Ce levier est appliqué sur le corps du chien; il suit ses mouvements et s’y conforme en tout point dans sa marche ascendante comme dans sa marche descendante.

Ainsi que le montre la figure 7, le chien fait noix; mais les crans du repos et du bandé, au lieu d’être placés sur le profil, au pied du chien même, sont établis selon sa face latérale droite.

Partant de cette idée, nous avons été conduit à substituer à la gâchette un petit ressort, à une seule branche, fig. 10, qui s’adapte dans un encastrement pratiqué sur la face latérale droite du revêtement de l’arme, fig. 3, et dont la griffe h, fig. 10, s’engage tour àtour dans les crans du chien m, m’, fig. 7. selon que l’on relève davantage le chien, soit en appuyant sur la crête, soit en exerçant une pression plus ou moins prolongée sur la détente.

Or, du moment que le chien se trouve armé, si l’on continue à presser sur la détente, le levier qui obéit à la détente vient frôler le ressort gachette, et ce frôlement, en contraignant le bec du ressort à se dégager hors du cran de bandé, provoque le départ du chien.

Le projectile appliqué à notre système comporte un chargement spécial.

La balle affecte extérieurement la forme cylindroconique, et se termine par une pointe cylindrique; elle est creuse à l’arrière, cette cavité ayant été ménagée de manière à pouvoir contenir la charge de poudre. On la voit dans les figures de détail, fig. 13 et suivantes.

Lorsque l’on veut couler le projectile, on place, suivant l’axe de la fraisure du moule, une petite tige métallique dont l’extrémité postérieure est destinée à recevoir la capsule; puis, lorsque l’on a chargé le projectile, on l’emboîte au moyen d’un culot en cuivre bien écroui, bien aminci.

Enfin, l’arrière du culot porte une petite ouverture circulaire, laquelle ouverture est masquée au moyen d’une rondelle, aussi en cuivre, qui se fixe au fond du culot.

Un pareil agencement a pour but, tout en empèchant l’expansion des gaz, de permettre au chien d’agir sur la capsule avec une énergie suffisante.

Actuellement, faisons marcher notre révolver:

1º Chargement de l’arme. Mettre le chien au repos, soit en pressant légèrement sur la détente, soit en relevant le chien au premier cran avec le pouce l’index de la main droite; tenir l’arme à la poignée avec la main droite; ouvrir ensuite le canon avec la main gauche, en exerçant un mouvement de droite à gauche; introduire les projectiles dans les tubes, et refermer le pistolet par un mouvement de gauche à droite;

2º Décharger l’arme. Ouvrir le pistolet; enlever un crochet ad hoc logé dans la poignée, et dont le bouton simule un anneau de tête de calotte; retirer les culots au moyen du crochet et refermer les pistolets;

3º Enlever et replacer le barillet. Le pistolet étant ouvert, exercer une pression en avant sur le ressortpédale, et tirer doucement à soi le tambour.

Le barillet se replacera en enfonçant la broche dans son logement, et il se consolidera par l’action naturelle du ressortpédale sur la tige de la broche;

4º Tir précipité ou continu. Exercer une pression rapide sur la détente autant de fois que l’on aura de coups àtirer;

5º Tir de précision ou intermittent. Relever préalablement le chien au cran du bandé, visser et faire feu en pressant sur la détente.