Patent: Picard

France 199422

BREVET nº 199122, en date du 6 juillet 1889,

A M. PICARD, pour un système de pistolet-revolver.

(Extrait.)

Pl. XI.

Ce système de pistolet-revolver est caractérisé par son mécanisme spécial, en mème temps que par l’adaptation facultative d’un couteau disposé pour pouvoir servir d’arme défensive.

Ce couteau est placé sur le côté du pistolet, et, par conséquent, lorsqu’il est fermé, il n’en augmente pas la longueur; les précautions nécessaires sont prises pour qu’il ne puisse ni s’ouvrir accidentellement, ni se fermer seul, une fois qu’on l’a ouvert.

Les dessins supposent le revolver muni d’une lame de couteau montée d’après mon système.

Fig. 1, élévation du côté droit de l’arme, la lame étant ouverte.

Fig. 2, dessous du levier de manoeuvre de la lame.

Fig. 3, vue de bout du revolver à couteau, faite en regardant de la partie antérieure.

Fig. 4 , élévation du côté gauche de l’arme.

Fig. 5, coupe suivant J K, fig. 8, représentant l’arme vue du côté droit, la platine étant enlevée pour laisser voir le mėcanisme de détente.

Fig. 6, coupe suivant G H, fig. 8, représentant l’arme vue du côté gauche, la platine du couteau située de ce côté étant enlevée pour permettre de voir le mécanisme de percussion.

Fig. 7, vue en dessus de la carcasse ou armature, avec le canon.

Fig. 8, coupe transversale de l’arme suivant A B, fig. 6, en regardant de la poignée.

Fig. 9, coupe transversale de la carcasse suivant CD, fig. 7; cette vue est dans le même sens que la précédente.

Fig. 10, coupe transversale de la carcasse suivant EF, fig. 7, en regardant de la partie antérieure.

Fig. 11 et 12, vue à plat et vue de côté du corps de détente.

Fig. 13 et 14, vue à plat et vue de côté de la fourche de détente.

Fig. 15 et 16, élévation et plan de la bielle de détente.

Libération du barillet. La détente a, qui peut affecter la forme d’un tire-bouchon, comme dans l’exemple représenté, ou toute autre disposition, et avoir, par exemple, la forme d’une détente ordinaire, a une tête en forme de fourche qui embrasse la partie inférieure d’une plaque b, que je désignerai sous le nom de corps de détente, sur laquelle elle est articulée en a’.

Le corps de détente est articulé en b’ sur la carcasse A de l’arme, et il est embrassé dans toute sa hauteur par une pièce à deux branches c, à laquelle je donne le nom de fourche de détente, et qui est articulée sur le même axe b’ que le corps de détente, de manière à pendre librement derrière la tête de la détente a.

La partie inférieure de cette fourche de détente est appliquée contre la tête de la détente par un ressort à deux branches d, formant ressort de détente et logé dans la crosse du pistolet; du côté droit, ce ressort prend appui sur la bride de poignée 4*, qui est articulée en 4** sur la carcasse A, de telle sorte qu’en la rabattant pour la mettre en place au moment du montage on bande par cela même le ressort. Ce ressort agit par l’intermédiaire d’une bielle d’ qui vient buter, par l’une de ses extrémités, contre les deux branches de la fourche de détente, tandis que son autre extrémité est attaquée par la griffe du ressort.

Comme il est facile de le voir sur le dessin, fig. 5, aussitôt que l’on appuie le doigt sur la détente, celle-ci commence par tourner autour de son articulation a’, et elle donne ainsi à la fourche de détente un léger mouvement de rotation autour de son articulation fixe b’. L’ergot c’, ménagé à la partie supérieure de la fourche de détente, s’abaisse donc et appuie sur le talon e’ d’un petit levier e, qui sert d’arrêtoir au barillet; ce petit levier est articulé en e² sur le corps de détente b et son extrémité libre est habituellement engagée dans l’une des encoches pratiquées, en nombre égal à celui des alvéoles, sur la périphérie du barillet; il est maintenu dans cette position par un ressort à pincette dont la tête est articulée en f sur le corps de détente et dont l’une des branches f’ vient appuyer contre la seconde face du talon e’ de l’arrêtoir e.

Rotation du barillet. Le barillet se trouve donc libre de tourner, et il tourne comme on va le voir.

Jusqu’à ce moment, en effet, le corps de détente n’a pas bougé; mais si l’on continue à appuyer sur la détente, tout le système de détente tourne autour de son axe b’ et la partie inférieure du corps de détente se trouve entraînée en arrière, tandis que l’angle supérieur de ce corps de détente, situé en avant de l’axe d’articulation, s’abaisse; or, cet angle supérieur porte une barrette g, articulée en g’ et dont l’extrémité libre vient alors appuyer sur l’un des crans de la noix h’ du barillet h. Cette barrette est constamment poussée contre la noix h’ par la seconde branchefª du ressort à pincette susmentionné.

Le barillet se met donc à tourner autour de sa broche d’articulation h²; pendant ce mouvement, l’arrêtoir e s’est abaissé avec l’angle supérieur du corps de détente, sur lequel il est monté, et il vient le barillet, sur le haut duquel il frotte, de manière à faire frein, jusqu’à ce que l’encoche suivante vienne se présenter devant lui, poussé par son ressort f’, il y tombe aussitôt et arrête le barillet, qu’il maintient immobile exactement dans la position voulue, pour que la cartouche se trouve bien en face du canon.

Armement du percuteur. En se déplaçant ainsi vers l’arrière, la partie inférieure du corps de détente b emmène avec elle la gâchette i, qui s’y trouve articulée en i et qui présente un cran, dans lequel est engagé un talon j’ venu latéralement à la partie postérieure du percuteur j; le percuteur est donc, lui aussi, repoussé en arrière.

Pendant que l’articulation i’ de la gâchette recule en se relevant légèrement, la gâchette peut tourner librement, par rapport au corps de détente, autour de cette articulation i’, de manière que son extrémité soit maintenue abaissée contre le percuteur par un ressort i², fixé sur la bielle de détente i’ susmentionnée.

Il en résulte que tout en reculant, elle tend à devenir horizontale, tandis que le corps de détente se relève de plus en plus; il arrive donc un moment où un talon b², ménagé sur le bord inférieur du corps de détente, vient rencontrer un autre talon, disposé en regard sur la gâchette; dès lors, celle-ci, solidarisée ainsi avec le corps de détente, ne peut plus tourner autour de son axe d’articulation et monte forcément tout d’une pièce, avec le corps de détente.

Par suite, son cran échappe bientôt le talon du percuteur, et celui-ci cesse d’être entraîné vers l’arrière. On va voir comment il est alors lancé en avant pour faire détoner l’amorce.

Départ du coup. Le percuteur a la forme d’un bloc j, terminé à l’avant par une aiguille j’. Il est guidé, d’une part, par le passage de l’aiguille dans un trou j³ de la carcasse, et, d’autre part, par une languette j’ portée par la face supérieure du bloc et engagée dans une rainure j’ de la carcasse. En dessous, le bloc présente un évidement jo, dans lequel passe une bielle k, dont l’une des extrémités est attachée au bloc en k’ et dont l’autre extrémité va attaquer un ressort à deux branches formant ressort de percuteur 1, logé dans la crosse du côté gauche et prenant appui sur la bride de poignée 4*, par laquelle il se trouve bandé, comme il a été indiqué plus haut, pour le ressort de détente. Ce ressort est encore plus fortement bandé pendant le recul du percuteur; par suite, aussitôt que le percuteur est abandonné à lui-même lors de l’échappement du cran de la gâchette, il se détend et le chasse violemment en avant.

Le ressort-percuteur l est arrêté net par le bout A’ de la carcasse, et si le percuteur s’arrêtait à ce moment, sa pointe se trouverait à un millimètre environ de la cartouche; mais il continue son mouvement en vertu de la vitesse acquise et sa pointe va frapper l’amorce et fait partir le coup.

Retour du percuteur à sa position de repos. Le percuteur est ramené à sa position de repos par un ressort m; ce ressort, qui est arqué, est fixé par un bout sur la carcasse en m’, et son bout libre est engagé dans une rainure pratiquée sur la face supérieure du bloc du percuteur. Au moment du choc, le ressort cède légèrement pour permettre à la pointe d’aller frapper l’amorce, puis il ramène ensuite le percuteur en arrière et fait appuyer l’épaulement de sa bielle au fond de la griffe du ressort de percuteur l. Dans cette position, la pointe est, comme je l’ai dit, à 1 millimètre environ de l’amorce de la cartouche; il ne peut donc gêner en rien la rotation ultérieure du barillet.

Retour de la détente à sa position de repos. Si l’on cesse d’appuyer sur la détente, tout le système de détente, sollicité par le ressort de détente d, agissant par l’intermédiaire de sa bielle d’ sur la fourche de détente et sur le corps de détente, revient en avant et reprend sa place; en même temps, le cran de la gâchette se remet en prise avec le talon du percuteur, et, d’autre part, la barrette g vient se placer dans le cran suivant de la noix du barillet.

Extraction des douilles vides et rechargement de l’arme. Pour extraire les douilles vides du barillet, il suffit d’ouvrir, en la rabattant sur le côté, la porte de chargement n, qui est articulée par une broche n’ sur la plaque de recouvrement A³, qui ferme la carcasse A sur la gauche de l’arme; celle-ci est pourvue d’une partie saillante n², qui vient s’appliquer derrière la cartouche logée dans la partie du barillet qui fait saillie au dehors de la carcasse; cette cartouche ne peut donc pas sortir; la broche d’articulation de la porte est, de préférence, légèrement torse, de manière que la porte tende à rester fermée.

Une fois la porte ainsi rabattue, on a libre accès à la partie du barillet qui sort de la carcasse et on peut en retirer les douilles vides, successivement, après avoir appuyé légèrement sur la détente, pour dégager l’arrêtoir e, et avoir ensuite amené à la main les diverses chambres du barillet en face l’orifice d’extraction et de chargement; une creusure A³, pratiquée dans la plaque de recouvrement A², facilite cette manœuvre. L’extraction peut s’opérer au moyen d’une baguette de déchargement o, qui se loge, en temps ordinaire, dans la crosse du pistolet.

Une fois les alvéoles vides, rien n’est plus facile que d’y introduire des cartouches neuves, en opérant exactement de la même manière. On referme ensuite la porte de chargement.

Visite du mécanisme de détente. Si l’on a besoin, pour une raison quelconque, d’avoir accès au système de détente, on peut le faire sans rien démonter; il suffit de lever le couvercle articulé p, qui recouvre la partie de la carcasse où ce mécanisme est logé et qui est maintenu par un ressort à mentonnet p; toutes les pièces en sont alors visibles. Cette porte sert également pour introduire et monter le système de détente.

Dispositions accessoires diverses. Il ne me reste plus, pour achever la description du pistolet proprement dit, qu’à mentionner diverses dispositions accessoires qui se comprennent d’elles-mêmes à l’inspection du dessin. C’est ainsi qu’un cran de mire r et un guidon s sont disposés respectivement, le premier au sommet de la crosse au-dessus de l’articulation de la bride de poignée, le second sur le dessus du couvercle p de la boîte du mécanisme de détente.

Enfin, pour éviter toute chance d’accident et pour que l’arme tienne moins de place dans la poche, la détente peut se rabattre en avant le long de la carcasse; dans ce mouvement, elle ne peut faire tourner le corps de détente et armer le percuteur; elle repousse seulement un peu en arrière la fourche de détente avec l’angle de sa tête; une fois le rabattement opéré, la fourche de détente, qui avait été repoussée vers le ressort de détente, reprend sa position primitive, et, s’appliquant de nouveau contre la détente, mais agissant cette fois sur la face supérieure de celle-ci, elle l’empêche de s’ouvrir d’elle-même accidentellement.

On comprend que, dans les dispositions que je viens de décrire et qui sont représentées à titre d’exemple sur le dessin, bien des détails peuvent varier, sans altérer le principe du système.

C’est ainsi, par exemple, que la bride de poignée peut être établie plus simplement que ne l’indique le dessin et que l’on peut en supprimer toutes les nervures ou certaines d’entre elles. Elle pourrait néanmoins servir toujours à bander, comme il a été indiqué, les ressorts de détente et de percuteur; ceuxci pourraient d’ailleurs être constitués, soit par des ressorts à boudin, soit par un ressort à pincette unique dont la branche intérieure serait fendue pour qu’une des parties agisse sur le système de détente et l’autre sur le percuteur.

D’autre part, il est évident que le ressort de percuteur, au lieu d’agir sur le percuteur par l’intermédiaire d’une bielle, comme on l’a supposé dans l’exemple représenté, pourrait agir sur un galet ou même directement sur le percuteur; ce dernier peut, d’ailleurs, être guidé dans son mouvement alternatif, soit de la manière susindiquée, soit au moyen de bielles ou de chaînettes de suspension, soit au moyen d’un ou plusieurs ergots ou languettes glissant dans des feuillures pratiquées sur la carcasse ou, inversement, sur le percuteur.

Couteau de défense. Comme je l’ai dit plus haut, le couteau se trouve appliqué contre le côté droit du pistolet; de ce côté, la carcasse est fermée par une plaque de recouvrement A’, qui constitue, en même temps l’une des platines du couteau; celui-ci est disposé comme un couteau ordinaire et sa seconde platine t peut être garnie d’os, d’ivoire, etc.

La lame est soumise à l’action d’un ressort spécial t’ qui, appuyant sur la lame du côté du tranchant, tend constamment à la chasser et à l’ouvrir; mais le ressort ordinaire de fermeture porte un bec t³, qui est pris dans une encoche t du talon de la lame et la maintient fermée.

Il est donc nécessaire, pour que la fame s’ouvre, d’attirer ce ressort vers l’extérieur, pour lui faire échapper l’encoche.

Acet effet, on articule en t³, sur le ressort de fermeture 12, près de son extrémité libre, une clef ou levier ť, terminée par un onglet 1′; au delà de son articulation, cette clef porte deux mentonnets ť, placés juste en face des platines A* et t du couteau; lorsque l’on fait effort sur l’onglet, la clef, prenant point d’appui sur les platines par les extrémités de ses mentonnets, abaisse avec elle le ressort de fermeture ť³, et aussitôt son bec t, sorti de l’encochet de la lame, celle-ci obéissant à l’action du ressort spécial t’, s’ouvre en tournant brusquement sur son axe; lorsque l’on abandonne l’onglet, le ressort de fermeture reprend sa position primitive et son bec 13 pénètre dans une encoche t⁹ pratiquée sur le dos de la lame; dès lors, celle-ci ne peut plus se fermer accidentellement, et il faut, pour la fermer, dégager d’abord le ressort de fermeture, comme il vient d’être dit, puis la faire tourner en l’accompagnant avec la main pour surmonter la résistance du ressort spécial t’, jusqu’à ce que le bec du ressort de fermeture se trouve de nouveau pris dans l’encoche ť du tranchant de la lame.