Patent: Pidault

France 32286

(18612)

BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,

En date du 23 mai 1857,

Au sieur PIDAULT, à Paris,

Pour un pistolet révolver perfectionné.

Pl. LX.

Le révolver qui fait l’objet de ce brevet, tout en possédant les qualités des révolvers connus jusqu’à ce jour, présente les trois caractères suivants:

1º Il peut servir en cas d’attaque imprévue, sans être forcé d’armer à chaque coup;

2º Il peut servir pour le tir, en armant à l’avance: le révolver, que l’on fait partir par simple pression constamment et sans être forcé d’armer à chaque coup, comme cela est nécessité par la défense, n’a pas et ne peut avoir la précision d’une arme dans laquelle il ne reste plus qu’à imprimer une légère pression à la gåchette pour tirer;

3º Enfin le troisième caractère consiste dans la nouvelle forme de la plaque du tonnerre, qui donne la facilité de charger un ou plusieurs canons du révolver sans être obligé de dévisser la plaque; conséquemment, il y a économie de temps, chose précieuse dans une arme appliquée à la conservation personnelle.

Pour bien faire comprendre le mécanisme général de mon révolver et le travail de chaque pièce qui le compose, j’ai annexé à ce mémoire un dessin qui en représente diverses vues.

La figure 1, pl. LX, est une vue générale du pistolet tout monté, et dont la crosse est dépourvue de son enveloppe en bois, pour faciliter l’intelligence des pièces composant son mécanisme.

La figure 2 représente le révolver tourné sur son pivot et disposé pour recevoir la charge.

Dans cette figure, le chien est armé pour le tir.

La figure 3 est une vue de face de ma nouvelle plaque garnie de sa noix.

La figure 4 est une vue du tonnerre armé de sa nouvelle plaque.

La figure 5 est la vue de la tige seule qui sert à relier le canon du pistolet au tonnerre et à la plaque.

La figure 6 est la vue en section de l’assemblage du tonnerre, de la plaque et de la tige.

La figure 7 est une vue en élévation du chien et de la pièce qui fait manœuvrer la noix, et aussi de la plaque portant autant de dents qu’il y a de canons au tonnerre.

La figure 8 est un détail de la détente vue séparément.

Le révolver est en deux parties: le canon a et la crosse b.

La crosse est terminée par une tige c, sur laquelle est fixée, au moyen d’une vis d, une pièce e à encoche m, qui supporte le canon a et qui pivote sur sa vis servant d’axe.

Cette pièce e ne peut décrire qu’un quart de cercle, étant retenue par un petit goujon f qui traverse la tige c.

A la partie inférieure du canon a est fixée, au moyen de vis, une tige en fer g, servant de loqueteau à ressort i.

Cette tige est introduite dans la piècesupport e, qui porte à son extrémité une vis h formant goupille à l’intérieur et qui s’encastre dans l’orifice pratiqué dans le loqueteau i.

Le tonnerre j, fig. 6, est formé de plusieurs tubes k, au pourtour de son ouverture centrale; dans ce tube creux central est emmanché un goujon 7 creux, terminé par un filet. Le tube central du tonnerre est élargi à son extrémité pour donner passage à une virole m’, fig. 5, qui maintient fixe le goujon / dans l’intérieur du tonnerrej, sans gêner sa rotation; la tige g, qui est filetée à son extrémité, est introduite dans l’inté rieur du goujon 1, et sur le filet est vissé un chapeau n qui sert à relier la tige au tonnerre.

Ce dernier opère autour de cette tige sa révolution, mais sans pouvoir s’en dégager.

Sur la partie filetée qui se trouve en dehors du tonnerre vient se visser la plaque o, portant les cheminées et la noix r, fig. 4, laquelle présente en dedans de la culasse z, fig. 1, ses dents à l’action de la pièce qui lui imprime son mouvement de rotation.

La plaque o est attachée au tonnerre par une tige p, glissant dans un orifice pratiqué dans le tonnerre.

La plaque et le tonnerre sont mobiles autour de la tige g.

Pour dévisser la plaque pour le chargement, on presse le loqueteau de la tige g et on tire à soi le canon, qui entraîne avec lui la tige à laquelle sont reliés le tonnerre et la plaque; le goujon I central est terminé à la partie postérieure du tonnerre par des tenons v, qui viennent s’embrayer dans les échancrures m de la pièce de support du canon.

On tourne à la main le tonnerre qui fait tourner la plaque; celleci se dévisse d’ellemême et se rabat pour permettre le chargement, le goujon I ne pouvant avancer ni reculer, puisqu’il est retenu par la virole m’, fig. 5.

Le chargement étant fait, on remonte la plaque, que l’on engage avec le filet du goujon et en tournant le tonnerre en sens contraire; la plaque se revisse seule et vient fermer hermétiquement les chambres du tonnerre; dans la plaque sont pratiqués les trous de lumière servant à communiquer le feu aux poudres.

Je peux remplacer avantageusement cette plaque de fond par une autre, dessinée fig. 3 et 4.

A la circonférence de cette plaque, il existe une petite porte à charnière q de la largeur d’un orifice du tonnerre.

Cette porte a un petit tenon q’ à son extrémité, qui vient s’encocher dans une mortaise q², et force ainsi la plaque à suivre le mouvement de rotation que lui imprime le tonnerre.

Le centre extérieur de cette plaque porte une noix qui a autant de dents que le tonnerre de canons.

Je vais détailler le mécanisme de la crosse, dont le résultat est:

1º De laisser le chien au repos;

2º De l’armer une première fois pour dégager la noix de la culasse et permettre son retrait pour le chargement;

3º De l’armer une deuxième fois comme un pistolet ordinaire pour le tir;

4º De pouvoir tirer sans interruption et sans armer le chien à chaque coup, le chien opérant son action d’armement et de désarmement par la simple pression de la détente.

Le chien a’, fig. 7, porte à son extrémité sur le ressort b’, qui tend à le ramener constamment en avant, et est fixé sur la partie inférieure de la crosse b par le goujon c’, point qui lui sert de centre et autour duquel il opère sa révolution.

La pièce d’ s’engage dans les dents de la noix de la plaque et leur imprime le mouvement de rotation.

Le ressort e’, fixé sur le chien, vient presser la pièce d’ sur les dents de la noix m’.

m’est l’encoche qui vient reposer sur la partie n’, fig. 8, de la détente pour armer une première fois le chien.

j’est la deuxième encoche qui vient reposer sur la partie n’ de la détente pour le deuxième armement.

f’, fig. 8, est la détente; g ‘, le point autour duquel elle décrit son mouvement oscillatoire; h’ est le ressort qui sert à ramener la détente à sa position de repos et se trouve engagé dans la partie supérieure n’ de la détente.

i ‘ est la gâchette qui vient faire pression sur la partie j’, pour lui impriner le mouvement de bascule en arrière, et ne sert que pour les cas imprévus où l’on n’a pas le temps d’armer un pistolet: ainsi donc, si dans le cas d’une surprise on n’a pas le temps d’armer, on presse la détente; la gâchette i’ vient forcer le chien, en appuyant sur la partie inférieure j’, à s’ar mer de luimême.

Le chien, en opérant ce mouvement, élève la pièce d’ qui soulève les dents du rochet de la noix et la force à présenter la cheminée de la plaque au contact du chien.

La gâchette, en continuant sa course, passe sous la partie j’ et dégage le chien, qui est ramené avec force sur la cheminée par le ressort b’.

Dans le deuxième cas, si le révolver est déchargé et qu’on veuille le charger, on ramène à la main le chien en arrière, et la partie m’ vient s’appuyer sur la détente, qui le tient en respect.

Cette position permet de pouvoir dégager la noix de la culasse et de faire décrire au canon son mouvement circulaire pour le chargement.

Après cette manœuvre, on ramène le canon à sa place, on pousse la tête du chien tout à fait à l’arrière, et le second armement s’opère, c’est-àdire que la partie j inférieure du chien laisse passage à la gâchette de la détente, qui est forcée par le ressort h’ et maintient le chien dans cette position.

En appuyant sur la détente, on dégage le chien, qui, poussé par le ressort b’, retombe sur la cheminée.

La gâchette étant dégagée, le ressort h’ la ramène à sa place.