Patent: Lagreze

France 44236

(25695)

BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,

En date du 9 mars 1860,

Au sieur LAGRÈZE, à Paris,

Pourdes perfectionnements apportés aux armes à feu dites révolvers.

Pl. XIII.

Ces perfectionnements ont rapport aux moyens d’établir à la fois, sur le même mécanisme, la faculté d’armer les révolvers indifféremment, soit par le chien comme dans les armes à feu ordinaires, soit par la détente, ainsi qu’on opère plus nouvellement, en épuisant successivement et sans interruption le nombre des coups du tonnerre par la seule manœuvre de cette détente.

Ils consistent aussi dans une disposition de porte permettant, contre la partie postérieure du tonnerre, d’en dégager les ouvertures à volonté pour y introduire ou pour en retirer les cartouches.

Ils ont encore pour objet:

1º Une disposition relative à la baguette destinée à repousser les cartouches ou à décharger le révolver;

2º Diverses modifications et simplifications du mécanisme;

3º Une disposition toute nouvelle du grand ressort et son application à des fonctions multiples.

Je vais, pour faciliter l’intelligence de cet examen, en donner le détail explicatif et indiquer la marche et l’effet des pièces principales qui composent mon système.

La figure 1, pl. XIII, est la vue verticale et longitudinale d’un pistolet-révolver établi d’après ces perfectionnements; la plaque de recouvrement est supposée enlevée pour laisser à nu le mécanisme.

La figure 2 en est la vue par le bout postérieur, en section passant par la ligne 1-2, et le chien supposé retiré.

La figure 3 en est la vue extérieure par le bout opposé, du côté du canon.

Les figures 4 et 5 montrent les différentes modifications que j’apporte dans le mécanisme proprement dit et dans l’emploi et la disposition du grand ressort.

Sur le coffre ou pièce fixe principale A, qui fait corps avec le canon B et la pièce de sous-garde C, et qui se relie d’autre part à la crosse D au moyen de vis, sont fixés les centres d’oscillation respectifs a et b du chien E, dont la base forme la noix, et de la détente F qui le commande.

La partie supérieure de cette dernière est fendue longitudinalement en forme de bifurcation, pour recevoir par articulation une petite bielle c terminée en forme de crochet, à l’effet de s’agrafer dans une contrepartie formée sous la noix et d’entraîner ainsi dans son mouvement le chien E, dont le nez traverse le montant A’ qui forme la culasse, pour venir s’abattre sur la capsule disposée au fond de la cartouche.

La noix est pourvue de deux crans o dans lesquels s’engage successivement, pendant le mouvement de commande de la détente F, la gâchette ou cliquet d oscillant dans un évidement formé à cette partie de la pièce principale A, et qu’un ressort e presse constamment contre ladite noix. Lorsque les pièces E et F sont dans leur position extrême pour l’armement, l’extrémité de ce cliquet vient butter contre le fond de la bifurcation de la détente, ce qui comprime son ressort e et l’éloigne des crans d’arrêt o. Comme dans cette position extrême la bielle c se trouve également dégagée de la noix, celle-ci ou plutôt le chien E se trouve abandonné à la seule force de détente du grand ressort G, relié à ladite noix excentriquement par l’intermédiaire de la chaînette f, ce qui détermine sa chute et la percussion sur la capsule à fulminate de la cartouche qui se trouve en correspondance.

Si au lieu d’armer par la détente F, on redresse à la main et en arrière le chien E jusqu’à ce que le second des crans d’arrêt o se trouve en rapport avec la gâchette, le fond intérieur de la détente n’ira pas jusqu’à heurter la gâchette d, qui maintiendra alors le chien dans cette position jusqu’au moment où, par un mouvement du doigt sur la détente, le dégagement du cliquet aura lieu et par suite la chute du chien, comme dans le cas précédent.

Après la percussion, un ressort g’ ramène la pièce de commande c et par conséquent la détente F dans leur position primitive, c’est-àdire à l’état de repos.

Pour commander simultanément le tonnerre H et lui imprimer chaque fois un mouvement de rotation qui lui fasse présenter exactement, en regard du canon d’une part et du chien de l’autre, une nouvelle chambre de chargement, c’est-à-dire une nouvelle cartouche, j’ai adapté à oscillation, sur le côté de la détente et excentriquement, un levier g dont la partie supérieure a pour fonction de repousser d’une dent un disque à rochet i formé par la partie centrale et postérieure saillante du tonnerre. Lorsque celuici a par ce mouvement amené l’une de ses ouvertures K dans la position voulue, un menton ou bossage m, formé par la partie inférieure du même levier g, vient précisément s’engager dans l’un des crans d’arrêt m’ pratiqués à cet effet sur la circonférence du tonnerre, ce qui le maintient rigoureusement dans cette position jusqu’après la percussion. Ces mouvements se répètent nécessairement de la même manière pour chaque coup de feu du révolver.

La figure 2 fait voir la porte p rappelée par un ressort g² et figurée dans la position ouverte que j’établis sur l’un des côtés de la culasse ou montant fixe A’, pour dégager sur ce point les chambres Kdu tonnerre, et permettre la manoeuvre du chargement et du déchargement. Cette porte est pourvue d’une saillie par laquelle on la saisit au moyen du pouce de la main droite.

La figure 3 montre la disposition de la baguette K’ mobile dans une coulisse formée par la partie supérieure d’une pièce q oscillant sur la face antérieure de la plaque principale A, et venant s’appliquer directement sur l’axe du tonnerre. En inclinant cette pièce comme l’indique le tracé, point où elle est limitée dans sa course par un goujon d’arrêt établi à sa base, cette coulisse présente la baguette K’ parfaitement au centre de l’ouverture K correspondante du tonnerre. Dans cette position, on peut faire fonctionner ladite baguette aussi profondément qu’il est nécessaire dans chacune des chambres K, et même jusqu’au delà de ces dernières, suivant le besoin de l’opération.

Dans la figure 4, nous avons modifié le mécanisme d’une manière toute particulière, en y apportant de notables simplifications. Dans une échancrure faite exprès à la partie supérieure de la détente F se loge un levier foscillant sur l’axe b, et auquel se rattache par articulation la bielle c, articulée elle-même avec la noix ou partie inférieure du chien E, au delà de laquelle elle se prolonge pour recevoir l’extrémité du ressort G, c’est-à-dire pour remplir l’office de la chaînette employée dans le système ordinaire.

La tète de la piècefforme une saillie très-accusée, sous laquelle vient, à l’état de repos, butter la came o d’un excentrique logé dans un évidement de la détente F, et dont l’axe traverse cette dernière. Sans la présence de cette came, la détente oscillerait sous la pression du doigt sans entraîner le levier f, et par conséquent sans commander le mécanisme du chien. Mais, pendant cette pression, la buttée de la came o fait opérer au chien E un mouvement en arrière, jusqu’à ce qu’une seconde came o’, formée par le même excentrique, vienne heurter contre la base du coffre A. A ce moment, la pression de la came o’ fait basculer l’excentrique, ce qui dégage la came o de la saillie du levier f; et la bielle c étant dès lors livrée à la seule puissance du ressort G, celui-ci rabat le chien contre. la culasse A’. La détente, ramenée aussitôt par l’effet du même ressort à sa position première, replace la came o sous la tête du levier f, par l’action d’un ressort s qui repousse l’excentrique, et le mécanisme est prêt à s’armer de nouveau.

Si, au lieu d’armer par la détente, on redresse le chien à la main, les mouvements précipités se répètent; mais la détente F n’oscille pas jusqu’à la rencontre de la came o’ avec la base du coffre A, ce qui permet à une troisième came o² dudit excentrique, vue en ponctué, de s’interposer sous la partie antérieure saillante d de ladite platine, pour former ainsi un point d’arrêt. Le mécanisme reste dans cette position jusqu’à ce qu’une pression exercée sur la détente F fasse basculer comme précédemment l’excentrique, d’où résulte la chute du chien et la percussion.

On remarque que par ces nouvelles dispositions la gâchette d et la chaînette f de l’exemple fig. 1 sont supprimées.

Dans la figure 5, le grand ressort G est formé d’une bande d’acier recourbée en forme d’U, et logée à l’intérieur de la sousgarde C. Ici ce ressort a deux fonctions: d’abord celle de déterminer comme à l’ordinaire la chute brusque du chien et sa’ percussion, ensuite celle de rappeler la détente F à sa position primitive. A cet effet, il se rattache d’une part à l’extrémité d’une pièce d terminée en forme de crochet, pour commander un levier f dont l’axe d’oscillation est porté par la base de la noix, et dont la branche inférieure vient s’engager dans une encoche formée à la partie correspondante de la détente F, afin d’en recevoir la communication de mouvement. D’autre part, le ressort G se relie à une chaînette f’, articulée excentriquement avec la détente.

En actionnant le mécanisme par cette dernière, on conçoit que les mêmes effets ne se produisent que quand la détente F est arrivée à fin de course; la branche inférieure du levier f s’échappe de l’encoche qui la retenait, ce qui laisse les pièces d et f, et par conséquent le chien E, à la seule action du ressort G.

Pour armer par le chien et arrêter le mécanisme dans cette position, on peut y adapter le système de gachette décrit dans l’exemple représenté fig. 1, comme le montre la figure 5.