Patent: Henard

France 119414

BREVET nº 119414, en date du 13 juillet 1877,

A M. HENARD, pour des perfectionnements aux armes revolvers.

Pl. III.

L’invention consiste dans un certain nombre de perfectionnements apportés aux armes dites revolvers, dont le barillet est animé d’un double mouvement. Dans ces armes, le barillet, après avoir tourné autour de son axe, vient, en se transportant parallèlement à cet axe, ajuster successivement chacune de ses chambres à l’extrémité du canon, de façon à empêcher toute déperdition des gaz de la poudre, le recul du barillet étant arrêté par une pièce nommée verrou.

Ces perfectionnements portent spécialement sur le mécanisme, sur l’obturation, sur le chargement des cartouches et le dégagement des culots, sur le démontage de l’arme. Je signale principalement:

Pour le mécanisme:

1º La simplification du verrou d’arrière réduit à une seule pièce;

2º Les mouvements du barillet et du verrou, obtenus simplement par le jeu simultané d’une pièce portant pivot, nommée glissière, fixée à l’extrémité de la broche centrale, et du mentonnet portant double bec et contre-pivot;

3º La disposition de la baguette et de ses accessoires, permettant au ressort de cette baguette d’agir constamment sur la broche centrale, quelle que soit la situation de la baguette, tantôt au moyen de la tête de baguette, tantôt au moyen de sa rondelle.

Pour l’obturation:

4º La forme sphérique des surfaces de contact du canon et du barillet.

Pour le chargement et le dégagement:

5º La forme coudée et la disposition de la porte placée sur le verrou mobile et participant à son mouvement, et le jeu de l’appendice supérieur de la tète de ladite porte avec le bouton correspondant, placé sur la carcasse de l’arme, disposition qui ne laisse la porte s’ouvrir que lorsque, tout le système élant au cran de sûreté, elle peut déplacer utilement, à l’aide de son appendice inférieur, la barrette et empècher celle-ci d’agir sur le chien.

Pour le démontage:

6º La disposition d’une pièce appelée clef, permettant de dégager à la fois la sous-garde et la broche centrale, la sousgarde dégageant à son tour la plaque de recouvrement et débandant le grand ressort;

7º La disposition générale de toutes les pièces les unes par rapport aux autres.

Dans un certain nombre de revolvers, le grand ressort est bandé par une vis traversant la crosse. Dans mon système, la vis est remplacée par l’extrémité v de la sous-garde, qui vient s’appliquer immédiatement contre le pivot du grand ressort, celui-ci ne pouvant fléchir qu’après cette saillie v.

Cette saillie de la sous-garde dépasse la normale G’ H’, abaissée du centre de rotation de la sous-garde sur la courbe du ressort

Cette disposition a pour but de serrer le pivot d’encastrementdu grand ressort, qui doit être ajusté très librement dans son trou, pour faciliter le démontage. Le grand ressort, de son côté, tend à ramener la sous-garde dans sa position ordinaire, dès que la saillie v a dépassé la normale G’ H’, fig. 2, et contre-balance ainsi dans une certaine mesure l’action du ressort de détente sur l’autre extrémité de la sous-garde.

L’ajustage du canon et du barillet étant obtenu par une partie convexe de l’un de ces deux organes s’engageant dans une partie concave de l’autre, je me réserve de placer cette partie convexe tantôt sur le canon, tantôt sur le barillet.

Le dessin montre, à titre d’exemple, l’application de ces perfectionnements à un pistolet-revolver.

Les lettres majuscules désignent les organes; les lettres majuscules accentuées désignent les vis et ressorts, les lettres grecques désignent les parties remarquables des différentes pièces.

A, canon.

Ce canon est rayé; l’extrémité qui s’ajuste dans chaque chambre du barillet a la forme d’une zone sphérique; chacune des chambres du barillet est fraisée avec un outil de mème forme et de même rayon, fig. 9; cette forme a pour but d’obtenir une obturation parfaite.

En effet, deux surfaces sphériques de mème rayon, l’une concave, l’autre convexe, sont tangentes en tous leurs points dès qu’elles sont tangentes en un seul; il suffit donc que le barillet touche le canon pour que l’obturation soit égale partout, quelles que soient d’ailleurs les petites déviations inappréciables à l’œil nu qui se produisent à cause du jeu de la broche centrale, déviations inévitables dans le mécanisme le plus parfait.

A’, vis-arrêtoir du canon; cette vis peut être remplacée par une goupille

B, barillet; il porte un nombre impair de chambres à cartouches, à cause de la position des crans d’arrêt ζ, fig. 2 et 4.

C, boite-carcasse contenant le mécanisme et portant le canon.

La forme de cette pièce est facile à comprendre à l’aide du dessin; elle porte les pivots du chien, de la détente et de la gåchette.

D, plaque de recouvrement; elle porte une saillie-butoir ρ. qui arrête la glissière lorsqu’on monte la broche centrale; elle est maintenue par la sous-garde à l’aide d’un arrêt τ.

E, guidon; ce guidon est monté sur un anneau; cela permet de régler plus facilement la ligne du tir.

B’, vis-arrêtoir du guidon; cette vis peut être remplacée par une goupille.

F, broche centrale; elle se fixe à la glissière par une rotation de go degrés, à l’aide de deux petites saillies placées à son extrémité; elle est maintenue dans cette position par la clef G, qui vient s’engager dans une fente longitudinale pratiquée dans son milieu.

G, fig. 7, clef.

H, tète de clef; cette tète de clef vient s’engager dans deux encoches pratiquées à l’extrémité de la sous-garde et empèche celle-ci de se décrocher.

C’, ressort de clef.

1, bouchon de clef; ce bouchon porte un chapeau à queue d’aronde, qui le fixe, par une rotation de 90 degrés, à la carcasse du revolver.

J, fig. 6, baguette; sa tête, qui vient s’ajuster sur la tête de la broche centrale, sert à transmettre à la broche la pression du ressort de baguette, sa broche étant d’ailleurs maintenue dans sa position par la clef.

D’, vis de baguette.

K, rondelle de baguette; cette rondelle, qui porte une bande directrice, transmet la pression du ressort à la broche centrale, à l’aide d’un bec s’appuyant sur une portée circulaire, lorsque la tète de baguette ne porte plus sur la tête de broche.

E’, ressort de baguette.

L, bouchon de baguette; ce bouchon, portant une entaille dans laquelle glisse la bande directrice de la rondelle, ne peut se dévisser que lorsque la rondelle K est sortie de son trou.

M, glissière; elle porte à son extrémité inférieure un pivot B, sur lequel vient s’appuyer le contre-pivot a du mentonnet.

N, chien.

O, chainette.

F’, vis de chainette.

P, gâchette.

Q, détente.

R, mentonnet.

Ce mentonnet porte deux becs: l’un δ pour le rochet du barillet, l’autre γ pour le verrou, et un contre-pivot α, fig. 1; ce contre-pivot doit ètre de 1/2 millimètre environ plus large que l’espace qui existe entre le pivot β de la glissière et la paroi de la boite.

S, barrette; elle porte en son milieu une saillie ϕ, sur la quelle agit l’appendice ω de la porte.

G’, vis de barrette.

H’, vis de ressort de barrette.

I’, ressort de barrette.

T, verrou. (Voir pour la forme la figure 8.)

Le barillet et le verrou sont maintenus l’un contre l’autre à l’aide de la broche et de la glissière.

U, sous-garde; elle tourne autour d’une vis et vient s’agrafer une goupille. à l’autre extrémité à la carcasse.

Cette pièce sert à bander le grand ressort en s’appuyant contre son pivot d’encastrement. La branche supérieure de la sous-garde qui bande le ressort de détente s’encastre à son extrémité μ dans la carcasse et dans la plaque de mouvement.

J’, vis de sous-garde.

K’, grand ressort.

L’, ressort de gâchette.

M’, ressort de détente.

V, porte; à son extrémité supérieure se trouve un appendice x, correspondant à un butoir λ, placé sur la carcasse.

La porte ne peut s’ouvrir qu’au cran de sûreté, les deux saillies se trouvant en face l’une de l’autre dans toutes les autres positions du verrou; un autre appendice ω, placé à son extrémité inférieure, est destiné à agir sur la barrette.

N’, ressort de porte.

O’, vis de ressort de porte.

W, plaque de crosse en bois, ivoire, corne ou toute autre matière.

X, plaque de crosse.

P’, vis de crosse.

Y, collier de la vis de crosse.

Z, armature de crosse fixant la plaque W à la plaque de recouvrement, d’une part, et, d’autre part, au crochet ϕ de crosse.

Q’, R’, vis d’armature de crosse.

Marche du mécanisme. Les figures 1, 2 et 3 montrent les trois positions principales du mécanisme: lorsque le chien vient de s’abattre, lorsqu’il est au cran de sûreté, lorsqu’il va s’abattre.

Voyons comment fonctionne le mécanisme.

Fig. 1, le chien vient de s’abattre et le coup est parti; la détente a repris sa position initiale. Nous appuyons le doigt sur la détente, la barrette soulève le chien, tandis que le mentonnet, appuyant son contre-pivot a sur le pivot β de la glissière, forme levier et agit par son bec γ sur le verrou, qu’il tend à faire descendre, jusqu’à ce que ce dernier échappe la portée supérieure η et les deux parties inférieures θ de la carcasse et de la plaque.

Lorsque le verrou est descendu, le mouvement se conti nuant, le contre-pivot α tend à passer entre la paroi de la boite et le pivot β; et comme il est plus large que l’intervalle qui les sépare, le barillet est ramené en arrière d’un quart de sa course environ; l’adhérence du canon et du barillet étant détruite, le ressort de baguette agit sur le barillet par l’intermédiaire de la broche centrale et le ramène brusquement en arrière. A ce moment, la gâchette arrive au cran de sûreté du chien, fig. 2.

Continuons la pression du doigt sur la détente: le mentonnet agit par son bec supérieur δ sur le rochet et fait tourner le barillet jusqu’à ce que le bec ε de la détente, touchant le barillet sur un des crans ζ, arrête son mouvement de rotation et le pousse en avant.

Lorsque le mouvement de translation est terminé, le canon étant appuyé sur le barillet, le bec de la détente ε échappe le crandu barillet, tandis que le bec supérieur δ du mentonnet, appuyant sur la face supérieurs σ de la fente du verrou, tend à faire monter celui-ci et à l’ajuster derrière les portées η. θ, ce qui empêche tout recul du barillet.

Pendant ce temps, la barrette a continué à faire tourner le chien et le coup part, fig. 3. Si l’on cesse alors l’action du doigt, le ressort de détente ramène toutes les pièces dans la position qu’elles occupaient, fig. 1

On remarquera que dans ce système le verrou se lève et s’abaisse sous la pression du doigt transmise par le mentonnet, sans l’aide d’aucun ressort; cela permet d’avoir un serrage suffisant du barillet contre le canon, ce qui est une condition indispensable pour une bonne obturation.

Chargement des cartouches et dégagement des culots. — Dans la position fig. 1, l’appendice x et le butoir λ sont en face l’un de l’autre: on ne peut ouvrir la porte; mais, lorsque le mécanisme est dans la position fig. 2, le verrou se déplaçant, les deux saillies x, λ sont l’une au-dessous de l’autre; on peut alors ouvrir la porte; l’appendice e agit sur la saillie ϕ de la barrette et la sépare du chien. En appuyant alors sur la détente, on fait tourner le barillet, ce qui permet ou de placer les cartouches ou de chasser les culots.

Une rainure π, pratiquée sur la carcasse, permet de sortir facilement le verrou au démontage. Une échancrure en forme de D permet à la saillie e d’agir sur la saillie ϕde la barrette: le mouvement de celle ϕ est d’ailleurs réglé par deux portées pratiquées dans l’échancrure.

Démontage de l’arme. — On peut démonter l’arme pour la nettoyer sans se servir d’outils; tout dépend de la clef F.

Pour démonter l’arme: tirer la clef du haut en bas et tourner sa tête de go degrés, dégager la tête de baguette, enlever la broche centrale en la faisant tourner de 90 degrés, enlever le barillet, enlever le verrou, décrocher la sous-garde, enlever la plaque de recouvrement et la plaque de crosse; les autres pièces viennent facilement à la main.

Pour enlever la baguette: dévisser le bouchon de baguette; le ressort et la rondelle viennent ensemble.

Pour enlever la clef: tourner le bouchon de 90 degrés; le bouchon la clef, le ressort et le bouchon viennent ensemble.

Pour remonter l’arme, mêmes opérations en sens inverse.

Toutes les vis qui sont dans le mécanisme ne doivent être ordinairement dévissées qu’en cas de dégradation et par la main d’un armurier.

En résumé, je revendique les perfectionnements indiqués et consistant spécialement:

1º Dans la forme et la disposition du verrou;

2º Dans les formes et le jeu simultané de la glissière et du mentonnet;

3º Dans la disposition de la baguette;

4º Dans la forme sphérique des surfaces de contact du barillet et du canon;

5º Dans la forme et le jeu de l’appendice supérieur de la porte;

6º Dans la disposition de la clef;

7º Dans la disposition générale des différents organes.