Patent: Hotchkiss

France 125523

BREVET nº 125523, en date du 9 juillet 1878,

A M. HOTCHKISS, pour des perfectionnements aux canons-revolvers.

(Extrait.)

Pl. V, fig. 1 à 24.

Cette invention consiste dans plusieurs perfectionnements apportés dans le canon-revolver Hotchkiss et autres canons mécaniques, quoique plus spécialement applicables à ces premières pièces.

Fig. 1, plan d’un canon-revolver.

Fig. 2, élévation latérale.

Fig. 3, élévation de face.

Fig. 4, coupe suivant a, fig. 2.

Fig. 5, élévation arrière.

Fig. 6, élévation de face, sur une plus grande échelle, de la culasse d’un canon-revolver contenant le mécanisme.

Fig. 7, coupe suivant b, fig. 9.

Fig. 8, plan du piston chargeur et de la planchette servant à régler l’alimentation des cartouches.

Fig. 9, coupe longitudinale de la culasse suivant la ligne e, fig. 7.

Fig. 10, coupe longitudinale suivant d, fig. 7.

Fig. 11, vue interne de la porte qui ferme la culasse du canon.

Fig. 13, élévation latérale de cette même pièce.

Fig. 14, coupe suivant e, fig. 13.

Fig. 15, élévation de face d’une boîte à cartouches.

Fig. 16, coupe transversale de cette boîte.

Fig. 17, élévation de face du plateau sur lequel portent les broches à inflammation d’une mitrailleuse française.

Fig. 18, plan d’une mitrailleuse suédoise.

Fig. 19, élévation arrière de cette pièce.

Fig. 20, élévation latérale.

Fig. 21 et 22, diagrammes représentant le cône de dispersion d’une pièce d’artillerie ordinaire.

Fig. 23 et 24, diagrammes représentant les cônes de dispersion du canon-revolver.

Premier perfectionnement, fig. 6, 7 et 9.

Mon premier perfectionnement consiste à disposer de telle façon les organes de la pièce que les différents canons, pendant le feu, restent exactement dans le plan vertical médian de la pièce, et font feu quand ils arrivent successivement à l’endroit le plus bas de leur cercle de rotation; suivant toutes les constructions de pièces employées jusqu’à ce jour, les canons se trouvent dans leur position la plus élevée au moment de faire feu.

Les figures 6, 7 et 9 représentent les changements que j’ai dû faire dans la construction des différents organes pour réaliser ce perfectionnement.

La broche à inflammation a est placée plus bas. L’avantage principal résultant de cette modification est d’empêcher que la pièce ne perde sa ligne de direction par l’effet de la décharge, ce qui a lieu si le canon, faisant feu, ne se trouve pas dans le plan vertical passant dans l’axe de la pièce.

Le plan incliné b, fig. 6, sur lequel glissent les tètes des cartouches pendant la rotation des canons et qui sert à les refouler en leur place voulue pour faire feu, peut avoir une longueur beaucoup plus considérable que dans toute autre construction connue; il en résulte une facilité notable pour tourner la manivelle.

Le bras c, se projetant de la broche à inflammation a et qui est actionné par la came clavetée de l’arbre g et représentée fig. 9, peut avoir moins de longueur que ceux employés jusqu’à ce jour; pour cette raison, il est moins sujet à rupture.

Deuxième perfectionnement, fig. 9.

Il arrive quelquefois que le desservant d’une pièce, en ouvrant la porte qui ferme la culasse, lâche accidentellement ce couvercle et, dans ce cas, ledit couvercle retombe rapidement aussi loin que son articulation le permettra: il en résulte un effort considérable sur l’articulation déterminant assez souvent une rupture en cet endroit.

Afin d’éviter cet inconvénient, je fais usage d’un frein en cet endroit, fig. 9, consistant en une pièce d pouvant coulisser librement dans une cavité appropriée, pratiquée dans la fente à l’arrière de la pièce; deux ou un plus grand nombre de ressorts f, disposés convenablement, servent à repousser cette pièce d contre la partie de la porte formant charnière, avec une force suffisante pour que son frottement maintienne ce couvercle dans une position ou angle quelconque d’ouverture.

Je ne me limite pas à cette disposition exacte pour obtenir ledit résultat, me réservant tout équivalent mécanique basé sur cette disposition.

Troisième perfectionnement, fig. 7 et 10.

J’ai disposé les organes moteurs d’un canon-revolver suivant une manière nouvelle et avantageuse, afin que tout ce mécanisme puisse être démonté et extrait sans l’aide d’un outil ou instrument à cet effet; la manivelle h, actionnant le mécanisme servant au chargement des cartouches et à l’extraction des douilles déchargées, est attachée à l’extrémité postérieure de l’arbre g, fig. 7 et 10, à l’aide d’une vis à tête de violon i. Par le fait de l’enlèvement de cette vis, tous les organes moteurs peuvent être extraits de l’intérieur de la culasse, d’abord l’arbre à manivelle g, ensuite la manivelle h, la vis sans fin k, l’extracteur 1, le piston de chargement m, et y être réinsérés dans le même ordre.

Quatrième perfectionnement, fig. 6, 7 et 10.

Ce perfectionnement a rapport au mécanisme de l’extracteur, dans l’intention de rendre l’extraction des douilles vides (oudes cartouches qui n’auraient pas été déchargées) plus facile et plus certaine; à cet effet, j’ai en premier lieu changé la forme de la fente effectuant ce travail par le bouton adapté àla manivelle; cette fente, jusqu’à présent, a affecté la forme d’une ligne droite ou presque droite je lui donne une forme curviligne relativement prononcée à ses deux extrémités, voir en o, fig. 10, et en h, la manivelle de laquelle saillit le bouton parcourant cette fente; il résulte de cette construction des périodes d’arrêt ou un ralentissement de vitesse très considérables dans la marche de l’extracteur, à chaque extrémité de sa course, qui contribue puissamment au but désiré; en deuxième lieu, au lieu de former l’extracteur à l’aide d’un crochet fixé sur un côté et d’un crochet à ressort sur l’autre, je fais usage de deux crochets, fixes et solidaires, faisant face l’un à l’autre, fig. 10.

l, tête de l’extracteur avec un de ces crochets visible et dont l’autre se trouve caché derrière la tête de la cartouche vis-à-vis; cet extracteur tient solidement la cartouche jusqu’à ce qu’elle soit complètement extraite du canon, auquel moment elle est rejetée de l’extracteur par son contact avec le plan incliné p. De plus, pendant son extraction, la douille ou la cartouche est soutenue par le guide p’, fig. 5; cette pièce de support est un peu moins longue que la douille, de sorte que, après son extraction, cette dernière peut tomber librement sur le sol, le plan incliné susdit p ne servant qu’à la chasser de l’extracteur, en cas qu’elle soit accidentellement serrée entre ses crochets.

Cinquième perfectionnement, fig. 14, 18 et 19.

Ce perfectionnement a rapport à la mire, usuellement montée sur la culasse et sur laquelle les chiffres ou indications sont gravés; je remplace cette gravure en perçant à jour la mire, de manière à faire voir ces chiffres ou indications avec beaucoup plus de clarté et de précision.

Sixième perfectionnement, fig. 14.

Les canons-revolvers de grandes dimensions demandent une force relativement considérable pour leur commande; à cet effet, on interpose ordinairement, entre l’arbre de commande et la manivelle, un engrenage et un pignon, de sorte qu’une rotation de cette première est obtenue par plusieurs révolutions de cette dernière, le nombre variant suivant la résistance à vaincre; mais dans ces conditions le desservant ne sait apprécier justement un point utile à son service, c’està-dire le moment où la décharge va avoir lieu; pour remédier à cet inconvénient, je fais usage d’un signal (qui peut être acoustique ou optique), actionné par l’arme moteur; comme exemple, je fais usage d’un timbre t, établi dans la culasse et qui est frappé, un instant avant la décharge, par une broche se projetant de l’arbre moteur g.

Septième perfectionnement, fig. 15 et 16.

Ce perfectionnement a rapport à l’insertion des boites à cartouche dans la pièce et il consiste en une disposition servant à ouvrir automatiquement ces boîtes au moment de leur pose.

Ces cartouches sont contenues dans une caisse u, laquelle, quand on doit faire usage de la pièce, est insérée par le desservant dans l’auge d’alimentation u’; mais avant cette insertion, il doit ouvrir à la main la porte de cette caisse, afin de libérer les cartouches: je supprime cette action manuelle par une disposition qui ouvre automatiquement la caisse par le fait de son insertion; à cette fin, le couvercle u² de la caisse à cartouches u, fig. 15 et 16, est maintenu fermé par un bouton à oreille u³; lors de l’insertion de la caisse dans l’auge u’, l’oreille de ce bouton, par son contact avec l’angle u⁴ de l’auge, est retournée suffisamment pour libérer ce couvercle u², et alors les cartouches, par l’effet de leur poids, l’ouvrent et peuvent retomber une à une dans la pièce.

Huitième perfectionnement, fig. 6, 7 et 8.

Ce perfectionnement a rapport à l’introduction dans la pièce des cartouches contenues dans les caisses d’alimentation; jusqu’à ce jour j’ai fait usage, à cet effet, d’un battant articulé àmouvement vertical commandé par le piston de chargement, ce battant étant abaissé pour le passage d’une cartouche de la caisse dans le sabot ou récepteur de la pièce et relevé ensuite après ce passage. Cette disposition présente différents inconvénients, entre autres celui d’exiger une force motrice relativement considérable, puisque toutes les cartouches dans la caisse doivent être relevées par chaque mouvement ascensionnel du battant; d’autre part, par un feu rapide, et spécialement lorsque la caisse est pleine, ce mouvement de relèvement, en raison de sa rapidité, projette les cartouches hors de la caisse; j’ai obvié à ces inconvénients en substituant à ce battant à marche verticale une pièce à marche horizontale v fig. 6, 7 et 8, qui pivote dans un plan horizontal sur une broche verticale v’ et porte dans sa face inférieure une entaille appropriée, dans laquelle se meut une broche v² se projetant verticalement de la partie intérieure du piston de chargement m, laquelle imprime à cette pièce v un mouvement de va-et-vient horizontal circulaire sur son centre v’.

Cette entaille est formée de telle manière que, lorsque le piston de chargement m est arrivé à l’extrémité de sa course arrière, la pièce v est effacée complètement, permettant ainsi à la cartouche de retomber dans le sabot; mais dès que le piston m recommence à rentrer pour insérer la cartouche dans le canon, cette pièce v est graduellement rappelée sous la caisse, s’interposant entre la cartouche qu’elle vient de libérer et celle restant dans la caisse, sans soulever matériellement ces dernières, qui sont ainsi maintenues en repos jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau appelées à alimenter la pièce.

Neuvième perfectionnement, fig. 1, 2, 4 et 17 à 24.

Mon neuvième perfectionnement a rapport à la dispersion des projectiles déchargés des canons rayés.

J’ai reconnu, d’après des expériences répétées, que l’angle du cône de dispersion de la mitraille déchargée des canons rayés est déterminé par le pas de la rayure, et j’ai également reconnu que presque tous ces projectiles se répartissent sur la ligne de démarcation de ce cône, et quelques-uns seulement dans la surface circonscrite dans cette ligne. Ces faits ont établi pour moi l’insuffisance du canon ordinaire pour l’attaque de flanc et autres usages analogues, et j’ai obvié à ces désavantages par l’emploi de pièces à canons multiples. La difficulté qu’on éprouve à couvrir une tranchée avec de la mitraille résulte du fait que la tranchée horizontale, avec parallèle inclinée, ne peut pas être couverte convenablement par le cône de dispersion des projectiles.

Les figures 21 et 22 représentent, en élévation et en plan respectivement, la position du cône de dispersion d’un canon ordinaire dans la tranchée, et l’on voit qu’il existe un large espace qui n’est pas atteint ou couvert par les projectiles, espace qui peut être traversé impunément par l’ennemi; me basant sur le fait susénoncé, je remédie aux désavantages qui en résultent en construisant une pièce à canons multiples avec une rayure différente pour chaque canon, d’où il suit que le cône de dispersion est ainsi différent pour chaque canon, et avec une pièce établie dans ces conditions et une rayure appropriée pour chaque canon, on peut facilement couvrir un fossé ouune tranchée représentés, en élévation et en plan, respectivement par les figures 23 et 24; dans ce cas, on peut supposer la partie de la tranchée à couvrir divisée en six zones a, b, c, d, e, f, dont chacune sera couverte par un des canons d’une pièce à six canons, c’est-à-dire le premier couvrira la zone a, le deuxième la zone b et ainsi de suite. Si les conditions sont connues, il est donc facile de couvrir, de cette manière, de projectiles tout l’espace prismatique d’un fossé d’une longueur moyenne; mais pour des tranchées d’une grande longueur, où il faut disperser encore plus les projectiles, il convient de donner à chaque canon, au moment de sa décharge, une élévation indépendante, et pour les canonsrevolvers, j’ai adopté, à cet effet, la disposition suivante:

J’établis sur le disque arrière rotatif w, fig. 1, 2 et 4, auquel les canons sont attachés, une came saillante w’, portant sur un galet w² en dessous et dont la rotation détermine pour chaque canon l’élévation voulue.

Le même résultat peut être obtenu avec une mitrailleuse française, fig. 17, en adaptant, à la plaque-arrêt des broches à inflammation (laquelle plaque est animée d’un mouvement de translation latérale), un plan incliné x, lequel, portant sur un galet de frottement x’ situé en dessous, couche les canons d’une manière appropriée pour chaque décharge.

La mitrailleuse suédoise, fig. 18 à 20, peut être élevée en poussant un coin z’ entre les parties stationnaires de la pièce et la pièce maintenant les canons ensemble.

Ce coin z’ peut être avancé par le même levier z’, qui est actionné pour la décharge des canons.