Patent: Kerr

France 41596

(23584)

BREVET D’INVENTION

(Patente anglaise expirant le 17 décembre 1872),

En date du 12 juillet 1859,

Au sieur KERR, à Londres,

Pour des perfectionnements apportés aux armes à feu dites révolvers.

Pl. XXXVI.

Cette invention consiste dans certains perfectionnements apportés aux révolvers et permettant d’appliquer la platine, le chien et le verrou de sûreté ordinaires.

La détente est lâchée à la manière ordinaire, mais un cran additionnel fait à la noix permet d’armer le chien et de faire partir le coup en lâchant simplement la détente.

A cet effet, j’emploie, conjointement avec le cran additionnel, un court levier fixé à la détente, lequel est maintenu en position par un crochet formé sur son bord et un bouton sur la partie supérieure de la noix. On fait tourner le cylindre de la manière usitée et bien connue. Il tourne sur un arbre ou tige introduit soit par derrière, soit par devant, et l’on peut le serrer ou l’ajuster à volonté au moyen d’un tampon régulateur ou écrou taraudé dans la base du cylindre.

La tige à levier n’a pas de point d’appui proprement dit, mais elle est courbée vers le talon, et cette partie courbée travaille entre deux boutons fixes. On obtient ainsi un axe de mouvement, lequel forme en même temps le point de jonction vers le plongeur, sans devoir pratiquer ni chevilles, ni rainures dans le levier.

La figure 1 représente une élévation latérale d’un révolver.

La figure 2 en est un plan, et la figure 3 est une élévation latérale de la platine détachée faisant voir l’intérieur.

La figure 4 est une élévation latérale de la détente détachée faisant voir le levier ordinaire qui communique le mouvement au cylindre, et le croc qui amène la détente en position pour armer le chien.

La figure 5 représente une élévation de bout et une coupe longitudinale d’un cylindre détaché, montrant la manière d’y appliquer la base mobile.

La figure 6 fait voir en coupe les détails d’une portion du pistolet, comprenant ma baguette à levier perfectionnée.

Les figures 1 et 2 montrent l’application à une arme à feu révolver d’une platine ordinaire A de pistolet ou de fusil.

Les avantages de cette méthode consistent dans une plus grande simplicité d’action combinée avec l’économie; d’ailleurs la platine n’est plus exposée à être dérangée comme elle l’est souvent dans les révolvers ordinaires par l’entrée des débris de capsules qui ont éclaté ou d’autres corps étrangers, attendu que le mécanisme est tout entier dans le bois ou crosse.

La platine est séparée du corps ou châssis, et le chien B travaille à l’extérieur du corps de la platine de la manière usitée.

C est le verrou de sûreté ordinaire en combinaison avec lequel cependant j’en emploie un autre agissant sur la détente. Ce dernier verrou glisse en avant hors de la sous-garde, de manière à être facilement repoussé par le doigt avant de faire feu.

La rotation de la chambre à cartouches D, en combinaison avec la platine ordinaire, est effectuée par les moyens suivants:

Le levier ordinaire E, fig. 4, est articulé à la détente F, laquelle tourne sur le centre fixe f. La pince de ce levier agit sur les dents à rochets formées dans la base du cylindre, arrangement qui se rencontre dans presque tous les révolvers, et ne fait nullement partie de mon invention, hormis dans le cas de sa combinaison avec la platine ordinaire, comme je viens de le décrire, et comme il est représenté sur la planche XXXVI.

Un bouton g, fig. 3, est formé ou fixé sur le côté de la noix G de la platine. Ce bouton est pris par le bec h montré en lignes ponctuées à la fig. 4, lequel est articulé à la détente par la même cheville qui assujettit le levier E.

Il est évident que lorsque l’on met le chien au cran de départ, le bouton g fait monter la détente et avec elle le levier E, donnant au cylindre un mouvement de rotation; tandis qu’en même temps un bouton d’arrêt remonte ou le bout de la détente même est avancé jusque dans une retraite formée dans le cylindre et maintient ce dernier dans la position néces saire pour faire feu.

Le mouvement simple, c’est-à-dire la faculté d’armer et de faire feu par un seul mouvement de la détente, peut être produit avec cette platine par la simple addition d’un nouveau cran dans la noix, et d’un levier court ou levier à gâchette fixé sur la détente et dont la pince prend dans le cran au moment de son ascension, de manière à armer le chien, après quoi il en est libéré, le chien tombe et le coup part.

Ce mode d’obtenir le mouvement simple, qu’on vient de décrire, est bien connu. La figure 5 fait voir le mode d’ajuster le cylindre pour le maintenir en contact avec la culasse du canon.

L’expérience a démontré que presque toujours les cylindres, ou chambres à cartouches des armes révolvers, jouent en avant et en arrière dans le châssis, ce qui diminue de beaucoup l’efficacité de l’arme et cause la fuite des gaz qui résulte de ce que le cylindre n’est plus hermétiquement serré contre la culasse du canon.

Je remédie à ce défaut d’une manière simple et efficace en insérant dans la base du cylindre un tampon à pas de vis en acier durci, i, fig. 5. Un nombre d’entailles, correspondant aux chambres du cylindre, est pratiqué autour de cette pièce, et une ouverture taraudée dans le bout du cylindre reçoit une cheville à vis k, laquelle s’ajuste aussi dans un des crans susdits du tampon, qui se trouve ainsi maintenu en position, attendu qu’il ne peut tourner sans que la cheville en soit ôtée.

Si par l’usure le cylindre vient à se dégrader de manière à laisser échapper les gaz, on y remédie en faisant tourner le tampon i d’un cran ou deux vers l’extérieur, après avoir ôté la cheville à vis k.

L’effet de ce procédé est d’allonger le cylindre.

Cette base mobile peut aussi bien s’appliquer aux cylindres des révolvers ordinaires qu’à ceux fabriqués d’après mon système perfectionné.

Ma baguette à levier perfectionné, fig. 6, consiste dans un plongeur H travaillant dans une ouverture forée au calibre exact du cylindre et sur le côté inférieur du canon.

Ce plongeur est articulé au moyen d’une cheville avec le levier I d’une forme particulière, dont le talon m se meut librement entre les boutons fixes n, n’, et n’a, par conséquent, aucun point d’appui proprement dit.

On peut enlever ce levier en ôtant le bouton n’. Voici un nouveau mode de réunir le canon avec son châssis au bois ou crosse dans les armes à feu dites à répétition, et certains perfectionnements dans la manière de communiquer le mouvement rotatif aux cylindres de ces armes.

On a forgé l’armature supérieure et le canon en une pièce, et on articule à charnière la partie inférieure du châssis, et l’armature inférieure du canon mème à un point voisin de celui où passe le plongeur de la baguette, tandis que l’armature supérieure forme un prolongement du canon. Une rainure ou évidement pratiqué dans l’arrière-partie du bois reçoit l’armature supérieure, et les deux sont solidement réunis par une vis et par la tige du cylindre qui les traverse.

Quant au mouvement rotatif de la chambre à cartouches, il est produit selon mon système par l’ascension ou la dépression du chien, de la manière. suivante:

La tige du cylindre y est fixée à demeure et tourne par conséquent avec lui. Sur l’arrière-bout de cette tige sont pratiquées des rainures en spirale à droite et à gauche, ayant un espace annulaire ou ouvert entre leur commencement et leur terminaison. Un bouton ou saillie est fixé sur le chien, lequel est placé d’un côté du corps de la platine de la manière décrite dans la première partie de cette invention. Le bouton joue librement dans ces rainures en spirale suivant l’ascension ou la dépression du chien, et communique le mouvement de rotation intermittent nécessaire au cylindre. Lorsque le chien est au cran de repos, le bouton déjà indiqué occupera l’espace annulaire entre les deux séries de rainures en spirale. On pourra alors tourner le cylindre à la main, soit pour le charger, soit pour y faire entrer autre chose.

Des arrêts à ressort sont placés à des points convenables pour empêcher la chambre de tourner en sens inverse. Ou bien, pour obtenir le mouvement de rotation, on peut fixer une roue à rochet ou former des dents sur la base du cylindre et y communiquer le mouvement au moyen d’une tige ou levier en rapport avec la noix, tandis qu’un arrêt à ressort mû par la noix sert à maintenir le cylindre dans la position voulue pour faire feu. Ou bien, au lieu de fixer ou de former la roue à rochet sur la base du cylindre, on peut l’appliquer ou la former sur l’arrière d’un arbre court ci-après décrit, ou extérieurement au châssis sur la tige du cylindre même, et lui communiquer le mouvement comme je viens de le décrire.

La figure 7 représente une élévation latérale d’un révolver.

La figure 8 est un plan du même.

La figure 9 est une coupe longitudinale et verticale du pistolet, moins une partie du canon.

La figure 10 montre l’intérieur de la platine détachéc. Cette platine est celle d’un pistolet ou d’un fusil ordinaire.

La figure 11 représente une élévation latérale et une coupe partielle du châssis, du canon et des arma: tures détachés de la crosse.

A, fig. 10, est la platine ordinaire et bien connue d’un pistolet ou d’un fusil, détachée du corps ou châssis de pistolet B et munie du chien C, de la construction ordinaire.

Un trait notable de mon invention est que le canon D du pistolet est forgé séparément du châssis, ce qui donne plus de facilité pour forger les différentes parties et pour la trempe de l’arrière-partie du chassis. Celuici est ainsi moins sujet aux avaries, et l’on obtient une plus grande force de résistance au recul du cylindre.

Un autre avantage non moins notable de cet arrangement est la facilité d’enlever le canon et de le remplacer par un autre en cas de besoin.

Le châssis B, avec son armature inférieure E, est réuni au canon à l’endroit que le plongeur ou baguette G traverse pour entrer dans la chambre à cartouches, tandis que l’arrière-partie du canon forme l’armature supérieure H, laquelle est encastrée dans la surface supérieure du bois I et s’ajuste dans un évidement e pratiqué dans le châssis; les deux armatures et le bois étant solidement réunis par une cheville à vis f, lignes ponctuées fig. 9, que traverse l’armature supérieure et le bois, et qui est vissée dans la partie du châssis formant l’armature inférieure, de façon que le bois est fortement serré entre les deux armatures.

L’armature supérieure est de plus assujettie au châssis par une autre vis g, ainsi que par la tige du cylindre traversant les ouvertures correspondantes h, h’, fig. 11, pratiquées à cet effet dans les châssis et l’armature supérieure.

La méthode que j’emploie de préférence, pour obtenir la rotation du cylindre et pour le serrer dans la position voulue pour la décharge, est indiquée aux fig. 9 et 9′, cette dernière étant une vue de bout de l’arrangement.

K est une courte tige dont un bout est muni d’une roue dentée ou à rochet L, l’autre passant à travers le châssis du pistolet; il est maintenu en position par une cheville ou bouton passant dans une rainure annulaire pratiquée dans ladite tige, laquelle se trouve ainsi fixée longitudinalement tout en pouvant se tourner librement.

Le bout intérieur de la tige courte qui traverse le châssis forme une douille pour recevoir le bout de la tige du cylindre M, laquelle est introduite du devant et tenue en place par la baguette à levier N, fig. 9.

La tige du cylindre et le creux de sa base sont formés de telle façon que le cylindre ne puisse tourner sans la tige, et le bout de cette tige et la douille de la courte tige sont également façonnés de manière à ne pouvoir tourner l’une sans l’autre. Par suite de cet arrangement, il est évident qu’un mouvement de rotation étant communiqué à la roue de rochet de la courte tige, celleci entraîne la tige du cylindre et le cylindre même.

On produit ce mouvement en faisant monter ou descendre le cliquet O, fig. 9 et 9 ‘, lequel est articulé sur la tige d’assemblage crochue P, attachée à la détente Q. La partie supérieure de ce cliquet traverse une ouverture convenable dans l’armature supéricure, et elle est dentée en crémaillère afin de pouvoir prendre dans les dents de la roue à rochet placée sur le bout de la courte tige.

On peut, si on le préfère, placer un couvercle ou chapeau sur la roue à rochet I et le cliquet O, pour les garantir contre les accidents. En ce cas le couvercle sera fixé sur le bout de la tige, de manière à être enlevé avec elle.

L’action de bander l’arme fait agir sur le bout de la tige d’assemblage P un bouton p formé ou fixé sur le côté de la noix. La pièce P remonte et fait monter avec elle le cliquet, ce qui fait tourner la roue à rochet et le cylindre; tandis qu’en même temps un bouton formé sur la détente ou sur la pièce P est élevé jusque dans une retraite formée sur la base du cylindre, et maintient celuici en position pour la décharge.

La cheville qui réunit le bout de la tige d’assemblage P à la lame de la détente traverse une courte entaille pratiquée dans P, laissant ainsi à la détente un jeu tout juste suffisant pour libérer la noix avant d’agir sur le mécanisme de rotation du cylindre.

Au moyen de ce simple arrangement, le cylindre est toujours maintenu dans sa position, sans jeu ni recul.

On peut varier le mécanisme de rotation ci-dessus décrit, en supprimant la courte tige K et en disposant la roue à rochet sur l’arrière-bout de la tige du cylindre, lequel serait alors introduit par derrière et maintenu en position au moyen du bouton et de la rainure annulaire, comme il est ci-dessus décrit.

On peut aussi réunir directement à la noix le cliquet à dents ou la crémaillère qui s’embraye dans la roue à rochet, au lieu d’employer la tige d’assemblage P ci-dessus décrite, tandis qu’un bouton à ressort, remontant à travers l’armature supérieure et s’accrochant dans l’un ou l’autre d’une série de crans dont le nombre correspond aux chambres du cylindre, peut servir parfaitement à serrer le cylindre dans la position nécessaire pour faire feu.

Le bouton à ressort est mû par la noix qui agit sur lui lorsque l’arme est bandée ou à l’abattu.

Ainsi le brevet comprend:

1º L’arrangement général et la combinaison des diverses parties des armes à feu dites révolvers, comme on vient de les décrire;

2º L’adaptation et l’emploi dans les armes à feu révolvers de la platine ordinaire de pistolet ou de fusil, combinée avec l’un ou l’autre de mes perfectionnements séparés ou réunis;

3º La combinaison d’un cylindre rotatif avec la platine ordinaire;

4º L’adaptation et l’emploi d’un tampon ou base mobile ajustable aux cylindres des armes à feu dites révolvers;

5º La construction et l’arrangement tout particulier de la baguette à levier pour les armes à feu révolvers;

6º Le moyen de forger les canons des révolvers séparément du châssis, et d’y réunir le châssis;

7º La manière de réunir le bois ou crosse des révolvers au châssis de ces armes, au moyen d’une armature supérieure et d’une autre inférieure combinées;

8º L’arrangement par lequel une portion de l’arrière-bout ou prolongement du canon entre dans une retraite pratiquée dans l’arrière-partie du châssis, et le moyen de réunir ces deux parties;

9º Les combinaisons mécaniques et les autres arrangements particuliers imaginés dans le but d’opérer la rotation des cylindres des révolvers, et pour les serrer au moment de la décharge.