France 828
BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,
En date du 2 mai 1845,
Pour des pistolets se chargeant par la culasse.
A l’exemple des fusils qui se chargent par la cu-lasse, on a aussi cherché à construire des pistolets qui pussent se charger de même. Mais, de tous les pro-cédés que l’on a appliqués à cet effet, il n’en est au-cun qui ne réduise considérablement la longueur du canon, par l’emplacement que l’on fait occuper au mécanisme employé pour opérer le chargement. Or, si dans les fusils la réduction sur la longueur du ca-non a peu d’importance, il n’en est évidemment pas de même pour les pistolets de poche, que l’on doit faire courts, afin de ne pas les rendre lourds et embarrassants.
Je puis ajouter, de plus, que les différents méca-nismes proposés et mis à exécution jusqu’à présent pour effectuer le mouvement de bascule du canon, afin de permettre la charge, sont toujours plus ou moins compliqués, et par suite dispendieux.
J’ai cherché, à ce sujet, un moyen plus simple, beaucoup plus commode à employer, qui remplace, sans contredit avec avantage, les divers systèmes usités, et qui, spécialement appliqué aux pistolets, c’est-à-dire à toutes les armes à feu dont le canon est très court, est susceptible de grandes applications.
Ce moyen consiste à faire tourner le canon du pis-tolet autour d’un pivot fixe, de manière à lui permettre de recevoir aisément, par la culasse, la charge et la capsule que l’on veut y introduire.
La figure 1, pl. XLVI, représente un pistolet tout monté, exécuté sur le nouveau système à canon tour-nant, et supposé tout chargé et prêt à tirer.
La figure 2 représente le même pistolet, mais en supposant que le canon a fait un demi-tour sur lui-même autour d’une cheville fixe; il est ainsi disposé à recevoir la charge et la capsule par la culasse.
La figure 3 est une section verticale, et la figure 4 une vue par bout du côté de la culasse du canon seul, détaché de l’arme.
Les figures 5 et 6 sont les détails (coupe et vue de face) de la capsule qui se place à l’entrée de la culasse du canon.
On voit par ces figures que le canon A du pistolet est forgé avec une douille B, percée d’un trou cylin-drique parallèle à celui du canon qui est dressé au-tour, à sa base, du côté de la culasse. C’est par cette douille que ce canon est solidaire avec le corps du pistolet, au moyen d’une tige fixe ou cheville C, qui est taraudée à son extrémité, et qui, traversant la douille dans toute sa longueur, porte, à son extrémité, une partie taraudée. Il suffit de tourner cet écrou lé-gèrement à droite ou à gauche pour rendre le canon plus libre ou plus dur, et lui permettre de tourner plus aisément autour de la cheville C, et cependant sans prendre de jeu. Une petite saillie b est ménagée d’un côté sur la platine D, pour servir à arrêter le canon au point convenable quand on veut le ramener à sa position primitive, fig. 1, pour être prêt à tirer.
Lorsque l’on veut charger l’arme, il suffit detourner le canon pour lui faire prendre la position indiquée fig. 2, et d’introduire par sa culasse la balle et la bourre, puis une capsule semblable à celle représentée sur les détails, fig. 5 et 6, de manière que la partie fulminante, qui doit recevoir la percussion du chien F, corresponde à la petite entaille c, fig. 3 et 4, qui a été ménagée exprès dans le bout du canon, du côté de la culasse.
Ainsi on comprend sans peine que, par cette disposition, on peut effectuer la charge de l’arme d’une manière extrêmement rapide, avec la plus grande facilité et sans aucune crainte de danger, car, si l’on n’est pas disposé à tirer, il suffit de faire tourner le canon d’une très-petite quantité, pour le rendre inof-fensif, de sorte que si, par oubli ou par négligence, le pistolet était armé, lors même que le chien vien-drait à partir, il ne frapperait pas sur la capsule, et par conséquent le coup ne partirait pas.
Le mécanisme, qui est réduit ici à sa plus grande simplicité, n’embarrasse en aucune manière; il n’oc-cupe aucune place au détriment de la longueur du canon. On profite donc à peu près complétement de celui-ci, ce qui permet de le faire très-court, ou d’a-voir plus de portée et plus de précision, en lui don-nant la même longueur que dans les autres systèmes.
Un tel pistolet est d’une construction très-facile, puisque toute la partie pivotante qui permet au canon de tourner est faite sur le tour, et par conséquent avec beaucoup de justesse, de précision et d’une manière très-économique.