Patent: Mauser

France 123124

Brevet nº 123124, en date du 11 mars 1878,

A M. MAUSER, pour un genre de revolver.

Pl. IV.

Cette invention porte sur un revolver ou pistolet tournant, d’un système qui diffère presque complètement de tout ce qui existe aujourd’hui.

Le mouvement du cylindre ou porte-charges s’opère, dans ce système, comme dans le système américain, pendant que l’on arme. Le chien est armé avec le pouce; de cette manière, le tir est un peu ralenti, mais cet inconvénient est compensé par la justesse du tir, qui est bien plus grande que dans le revolver américain; en effet, dans mon revolver, dont le calibre est de 10 millimètres, une charge du poids de 14 grammes ne nécessite que 1,7 gramme de poudre.

Les principaux avantages du revolver que j’ai imaginé sont les suivants:

Le transporteur n’opère pas sur le fond du cylindre, comme dans le système américain: il opère sur sa circonférence; cette disposition permet d’allonger le levier qui agit, et l’on arme ainsi plus facilement.

Ce mode de construction, en donnant plus de sécurité, présente encore cet avantage, que les gaz dégagés par l’explosion de la poudre ne peuvent pas pénétrer dans l’intérieur de la batterie, puisque le mécanisme qui fait avancer les charges du cylindre n’est plus sur le fond, mais bien sur la circonférence. et que la plaque de fermeture n’a plus aucune ouverture par laquelle les gaz puissent s’introduire dans l’intérieur de la batterie.

Le revolver que j’ai imaginé se distingue encore par l’excessive simplicité de son mécanisme; il ne comporte en tout que trente-trois pièces, tandis que les revolvers américains en contiennent quelquefois jusqu’à cinquante-six.

Par suite de cette simplicité, il suffit, pour démonter l’arme, de retirer une seule vis.

Pour la nettoyer, on peut ensuite retirer à la main toutes les pièces, les unes après les autres, les nettoyer et les graisser.

Mon système présente encore une autre particularité, constituée par la manière de retirer la douille des cartouches.

Fig. 1, coupe passant par l’axe du canon, montrant tout le mécanisme intérieur du revolver.

Fig. 2, élévation du revolver.

Fig. 3, coupe transversale suivant A B.

Fig. 4, élévation du cylindre, montrant spécialement les rainures dans lesquelles pénètre le transporteur.

Fig. 5, coupe suivant C D et vue antérieure de l’arme.

Fig. 6, coupe de la crosse et mode de fixation des joues de bois.

Fig. 7, vue postérieure de l’arme.

Fig. 8, plusieurs vues de la tige de pression et du chien.

Fig. 9, vue en dessous de la garde, détachée de la crosse.

Fig. 10, verrou de sûreté.

Fig. 11, trois vues de l’extracteur.

Fig. 12, vue antérieure du cylindre.

Fig. 13, face postérieure du cylindre.

Dans le dessin, les organes principaux sont désignés par des majuscules, et les pièces qui les composent par de petites lettres et des chiffres.

JJ, corps du revolver ou monture; il est formé de deux pièces réunies au moyen d’une charnière i, qui en permet l’ouverture.

K, canon.

L, cylindre.

M, garde.

N, tige de percussion.

O, chien.

P, verrou de sûreté.

La monture JJ’ est en fer ou acier, à parois lisses; elle est creusée intérieurement à la fraise, pour recevoir le mécanisme.

La partie antérieure est légèrement renforcée et porte le taraudage, dans lequel est vissé le canon; elle s’élargit derrière le cylindre, de manière à former une plaque qui reçoit le choc.

La partie postérieure est complètement creuse et ne forme qu’une légère armature i*, garnie des deux côtés par la crosse de bois i⁵.

Une seule vis i⁶ suffit pour fixer à cette armature métallique i les deux joues de bois de la crosse.

La partie J’ de la monture est évidée au-dessus du cylindre, de manière à ne laisser que le moins d’espace possible pour que les poussières ne puissent s’y accumuler.

A peine une petite portion de gaz, provenant de l’explosion de la poudre, pourrait s’échapper par là.

Sur la charnière se trouve l’entaille qui sert de mire.

Le chien fait saillie sur l’arrière de la monture et occupe toute la largeur de la portion creusée à la fraise.

Ses deux portions courbes o’, o² forment exactement l’ouverture, autant que possible; elles sont tracées toutes deux autour du centre o et ferment l’ouverture des deux côtés, en empêchant les poussières d’y entrer.

Le dessous de l’ouverture fraisée est fermé par la garde M.

Du côté du cylindre, la monture ne présente qu’une rainure étroite, dans laquelle se meut le transporteur.

Le cylindre protège cette fente contre l’entrée de la poussière.

A la partie antérieure, où sort la tige N, l’ouverture est fermée par la douille n’, qui guide la tige.

La détente m occupe toute la largeur de la rainure de la garde, qui la met en communication avec l’intérieur de la batterie; sa pointe m², ainsi que la partie de la tige N où sont pratiqués les crans n⁶, n⁷, ferme le devant de la rainure, dont la partie opposée m’ est fermée par le ressort m³.

Pour retirer les douilles de cartouche, on n’a qu’à ouvrir la monture en tirant vers le haut le verrou P; un crochet p libère alors la saillie i⁷.

La position de la charnière, par rapport à ce crochet, est telle que la fermeture est complète, comme on le voit fig. 1,

Le canon K n’a rien de particulier: il représente la disposition usuelle et se trouve vissé dans la pièce J’.

Le cylindre L est un peu différent de ce qu’il est dans les autres revolvers; il présente six évidements pour loger les cartouches et tourne autour d’une tige l³, qui pénètre, d’un côté, dans un trou percé dans la pièce i⁸ de la monture J’; son extrémité conique l⁶ est très exactement ajustée dans la plaque i³, qui reçoit le choc.

La partie postérieure de cette tige est conique, afin qu’en ouvrant et en fermant la monture, elle puisse entrer facilement dans son trou.

La partie antérieure de la tige présente une petite rainure l², dans laquelle pénètre un petit ressort k, qui est maintenu, comme le montre la coupe C D, fig. 5, dans une rainure du canon, et dont l’extrémité, qui se retourne d’équerre, est prise, quand on visse le canon à sa place, entre l’embase du canon et la partie taraudée de la monturej’. Autour de la tige l³ ainsi fixée se trouve une douille d’acier, qui est prise en l⁶, l⁷.

Trois vues de l’extracteur sont représentées séparément fig. 11.

L’extrémité conique étant ajustée exactement dans un creux de même forme, l’espace entre la monture et le cylindre est rempli par une petite embase 7; dans l’extrémité conique de l sont pratiquées six entailles 1, 2, 3, 4, 5, 6, dont nous donnerons plus loin la description.

Le joint des deux parties de l’extracteur est hélicoïdal, ce qui ne permet à la partie 1⁷ de tourner que dans un sens; dans l’autre sens, le mouvement ne peut s’effectuer que simultanément sur la surface hélicoïdale.

La partie l⁷ porte une rondelle qui est logée dans le cylindre de façon que sa surface affleure la surface postérieure du cylindre.

Cette rondelle a un diamètre tel, qu’elle peut recouvrir légèrement les trous des cartouches; elle porte sur sa circonférence six évidements, qui lui permettent de toucher simplement, mais de maintenir solidement les cartouches, par leur rebord.

Pour retirer les cartouches du cylindre, après le tir, on ouvre la monture, en passant la pièce P dans le sens de la flèche; par ce mouvement, le crochet p quitte la saillie i⁷; en même temps, l’extrémité plane de la goupille p’ pénètre dans une des entailles 1, 2, 3, 4, 5, 6.

La partie antérieure de l’extracteur est munie d’une clavette fixe, qui se déplace dans une rainure du cylindre; si l’on maintient alors, en appuyant sur le verrou P, la goupille p’ dans une des entailles, on ne peut faire tourner le cylindre L que dans une direction, précisément dans celle qui fait monter la partie l⁷ sur la vis sans fin de la partie 1⁶.

La partie de l’hélice coupée suivant la génératrice du cylindre empêche le mouvement dans le sens opposé.

Pendant que l’extracteur recule, il sort du cylindre, et comme il prend le rebord des douilles des cartouches, il les entraîne jusqu’à ce qu’elles tombent toutes ensemble dans la main.

Le ressort à boudin l⁸, qui entoure la tige, est tendu pendant la sortie de l’extracteur et le fait rentrer.

La circonférence du cylindre L est garnie de rainures I, l’, qui sont tracées en zigzag.

Les rainures L sont parallèles à l’axe du cylindre, et les rainures inclinées joignent les deux extrémités d’une rainure droite.

Le fond des rainures droites va en montant, depuis l’extrémité jusqu’au point où elles tombent dans les rainures inclinées, fig. 1.

Le transporteur, qui entre dans ces rainures, est déplacé quand on arme le chien; le déclencheur se compose d’une petite languette n⁸, qui oscille dans une rainure fraisée dans la tige N, autour d’une petite goupille n⁹.

Un ressort n¹⁰ pousse toujours la languette suffisamment hors de sa rainure, de façon que son extrémité n¹¹ soit toujours appuyée contre la tige N.

Quand on relève le chien O, la tige N se trouve poussée en avant par l’extrémité en forme de fourchette du chien O⁴.

La saillie n¹² du transporteur, qui est aussi poussé en avant, s’engage dans la rainure l’ et force ainsi le cylindre à tourner; à l’extrémité des rainures inclinées l’, il retombe dans les rainures droites let, juste au même instant, la détente mtombe dans le cran de repos n⁷.

Si l’on tire en ce moment, la tige N revient en arrière; le bouton n¹² entre dans la rainure droite et glisse jusqu’au bout sans imprimer aucun mouvement au cylindre; puis il tombe subitement à l’endroit où la rainure inclinée rejoint la rainure droite, et se loge dans le coin X, fig. 4.

Quand on arme de nouveau le chien, les mêmes mouvements se répètent, de façon que le cylindre avance d’un sixième de tour et se trouve prêt pour le coup suivant.

Quand on arme le chien, le ressort à boudin n⁵ se trouve comprimé; il bute, d’un côté, contre l’écrou n⁴ de la tige N, fig. 8, et, de l’autre, contre la tête n² de cette tige; le chien se loge dans les entailles n.

La tige Nse meut juste en ligne droite, parce qu’elle se repose à l’avant dans l’écrou qui la guide, et à l’arrière dans un creux de forme cylindrique n’, fig. 3.

Le cran du repos n⁶ est tracé de façon que la pointe de la détente ne peut plus en échapper, quand elle y est engagée.

Le cran de détente n⁷ est moins profond, de façon que, en pressant la détente avec le doigt, elle en sort facilement, et que la tige N, sous l’action du ressort à boudin, peut agir rapidement; en même temps le chien s’abat, sa pointe pénètre dans la capsule et le coup part.

La garde Mest assujettie de la manière suivante: l’agrafe m⁴ prend la pointe i⁹, et l’agrafe de devant m³ s’ajuste dans une agrafe de l’écrou n⁴ et est maintenue à sa place par la pression du ressort à boudin n³ la saillie m⁶ bute contre une embase i¹º; de la monture J.

Ce mode d’attache très simple n’exige aucune vis et permet de démonter immédiatement l’arme, en se servant d’un instrument en forme de clef creuse, comme celui qu’on voit fig. 14. Avec cette clef, on appuie contre l’écrou de la tige N jusqu’à ce que ce dernier échappe l’agrafe m⁵; la garde, devenue libre, se détache, et le ressort à boudin remet en place l’écrou de la tige N.

Si l’on retire la vis du chien O, on peut l’enlever aussi.

En poussant le bouton n¹² du transporteur dans la rainure i¹¹, on peut retirer la tige Njusqu’à ce que sa tête s’arrête derrière la butée i¹º, et l’on peut alors facilement l’enlever par le bas.

La détente m est maintenue dans les crans par le ressort m³, qui est ajusté à queue d’aronde dans le corps de la garde.

Le verrou de sûreté P a un triple but:

Il sert à maintenir le joint i des deux pièces de la cage J, J’, tandis que le ressort qui entoure la goupille p’ appuie le verrou P contre la saillie i⁷.

Il sert de pièce de sûreté (d’où son nom) et empêche le coup de partir quand le joint des deux parties de la monture n’est pas très exact en i’, dans le cas, par exemple, où un grain de sable ou autre corps étranger serait interposé entre les deux parties, ou bien où l’ajustage laisserait à désirer.

Dans ce cas, la tige N ne peut pas passer librement dans l’ouverture p² sans toucher le verrou de sûreté P.

Dans ce cas, le coup ne peut pas partir.

Si l’ouverture du joint l’ est minime, et si le corps interposé est très petit, la tige N, en touchant le bord de l’ouverture p², peut passer quand même, à cause de son extrémité arrondie, et le coup peut partir.

Pour pouvoir graisser le revolver, on le démonte de la manière suivante: on prend le canon avec la main gauche, on appuie sur le verrou de sûreté P dans la direction de la flèche, et l’on ouvre la cage en faisant tourner autour de la charnière i; ensuite on appuie sur le ressort k, on tend le ressort l³, en faisant tourner legèrement le cylindre, et la tige, qui forme l’axe du cylindre, est repoussée par le ressort.

On enlève alors le cylindre et l’on prend les deux parties l⁶, l⁷ de l’extracteur.

On dévisse la vis du chien O avec un tournevis; on peut Dans la alors enlever le chien.

On pousse ensuite, avec l’instrument en forme de clef creuse représenté fig. 14, la douille de la tige N; la pointe de cette clef pénètre dans le coup de pointeau resté sur la tige N; aussitôt la garde se détache et la douille de la tige N est chassée à l’extérieur par le ressort n⁵.

On retire ce ressort et l’on n’a plus qu’à appuyer dans sa rainure i¹¹ la saillie n¹² du transporteur; la tige N tombe alors en arrière et l’on peut la retirer par le bas.

On peut ainsi nettoyer et graisser très facilement toutes les parties, puis les replacer dans l’ordre inverse.