Patent: Sharps

France 22461

BREVET D’INVENTION DE QUINZE ANS,

En date du 29 janvier 1859,

Au sieur SHARPS, à Philadelphie (États-Unis), Pour des perfectionnements apportés aux pistolets à plusieurs coups.

Pl. VII.

Ces perfectionnements s’appliquent aux pistolets se chargeant par la culasse, au moyen d’une cartouche en forme de boîte contenant la poudre à l’intérieur, puis une balle à une extrémité et munie à l’autre extrémité d’une sorte de saillie destinée à recevoir le fulminate.

Ces perfectionnements consistent:

1º Dans un moyen de décharger un certain nombre de ces cartouches à l’aide d’une saillie qui tourne par l’action du chien, les cartouches étant disposées de telle sorte, par rapport à la saillie, que cette dernière vienne frapper le bord seulement de chacune d’elles successivement;

2º Dans un canon glissant muni de deux ou un plus grand nombre de bouches, lequel canon est combiné avec des cliquets à ressort reliés au fût et à l’aide desquels les cartouches déchargées peuvent être retirées simultanément de leurs bouches respectives en détachant le canon de la culasse;

3º Dans un cliquet monté fou sur le chien et adapté dans une encoche de la culasse stationnaire, de façon à former un arrêt pour le chien et à empêcher la décharge accidentelle des cartouches;

4º Dans l’introduction d’une pièce centrale en acier dur à l’extrémité du canon, dans une position telle qu’elle forme une base destinée à recevoir le coup du chien lorsque ce dernier frappe chaque cartouche successivement.

La figure est une vue extérieure de côté d’un pistolet à répétition se chargeant par la culasse.

La figure 2 est une section longitudinale, le chien étant représenté abaissé.

La figure 3 est une section longitudinale, le chien étant représenté armé et le canon détaché de la culasse.

La figure 4 en est un plan.

La figure 5 est une vue de bout dans la direction de la flèche 1, fig. 1

La figure 6 est une autre vue de bout, dans la direction de la flèche 2, fig. 1.

La figure 7 est une vue détachée, sur une plus grande échelle, du chien lorsqu’il est abaissé.

La figure 8 est une vue semblable lorsqu’il est armé.

La figure 9 est une vue du côté opposé de la figure 7.

La figure 10 est une vue de face du chien;

La figure 11, une vue d’arrière.

La figure 12 fait voir l’extrémité du canon avec ses quatre cartouches.

La figure 13 est une section du canon faite par deux des bouches et une partie de la culasse.

La figure 14 est une vue d’arrière de la tête tournante, faisant voir les encoches et le goujon d’arrêt.

La figure 15 est une section horizontale suivant la ligne 1-2, fig. 7, du chien avec sa tète tournante.

La figure 16 est une vue extérieure d’un pistolet faisant voir une disposition de levier propre à faire mouvoir le canon sur le fût.

La figure 17 est une vue de l’extrémité intérieure du canon sans les cartouches et faisant voir la pièce d’acier centrale.

La figure 18 est une section longitudinale de l’extrémité intérieure du canon suivant la ligne diagonale 4-5, fig. 17.

A est le fût du pistolet;

B, le canon, qui, dans cet exemple, porte quatre bouches à égale distance du point central x du canon, comme on le voit dans les figures 5 et 12.

La partie inférieure du canon est faite parfaitement droite et plane, de manière à s’appliquer exactement sur les bords de la partie a du fût, qui est muni de rainures disposées de façon à recevoir la saillie b, fig. 5, du côté inférieur du canon.

Cette saillie est d’une forme telle, qu’elle retient le canon en contact hermétique avec la partie a du fût et lui permet de glisser librement dans le sens longitudinal sur cette dernière, mais ne lui permet aucun mouvement vertical ou latéral.

Dans la partie saillante a, et entre les rainures destinées à recevoir la saillie b, est formée une chambre ou un évidement c, fig. 2; dans ce dernier est monté un levier à cliquet d muni de deux bras, dont l’un s’engage dans une encoche formée au côté inférieur du canon, où il est retenu par un ressort e fixé à l’extrémité du bras opposé du levier, et portant contre le côté inférieur du canon.

Le bras du levier auquel le ressort est fixé est en saillie dans une ouverture à l’extrémité de la saillie a, de telle sorte qu’il puisse être élevé aisément en y appliquant le doigt, ce qui abaisse le bras opposé et dégage le canon qui peut être sorti du fût jusqu’à ce que son encoche entre en contact avec l’extrémité du ressort, comme on le voit à la figure 3.

C désigne le chien.

D est la gâchette.

E est le grand ressort du pistolet.

Toutes ces parties sont disposées dans un évidement formé dans le fût, les deux premiers étant montés sur des centres traversant le fût, et le ressort portant par sa pointe dans un évidement angulaire formé dans le chien.

H, fig. 9, désigne la tête tournante du chien, dont le goujon ou centre f, fig. 14 et 15, s’emboîte hermétiquement, mais de façon à tourner librement dans un orifice formé dans le chien, où il est retenu, d’un côté, par un collier h qui fait corps avec lui et, de l’autre côté, par un écrou i qui est engagé dans un évidement à l’arrière du chien.

A l’intérieur du collier h de la tête tournante, et à l’endroit où elle porte contre le chien, sont formées quatre encoches radiales, fig. 14, à des distances égales les unes des autres, et inclinées d’un côté et à angle droit de l’autre.

Un goujonj, fig. 9 et 14, passe librement à travers un orifice formé dans le chien et vient porter, par le moyen d’un ressort k, contre l’intérieur du collier h, endroit où il repose au point le plus profond d’une des encoches radiales du collier; il sert à arrêter la tête H dans une position voulue jusqu’à ce qu’il s’en éloigne par l’armement du chien, comme on le verra ci-après.

Un cliquet I, fig. 7, est monté sur un centre fixé sur le fût: l’extrémité de ce cliquet s’adapte dans les encoches radiales du collier H, engrenant ainsi avec l’une ou l’autre d’entre elles; il est maintenu en place par un ressort J fixé sur la crète du chien.

Ce cliquet est disposé de telle façon, relativement aux encoches, que lorsque le chien est abaissé, il repose sur une saillie formée sur le fût, son extrémité étant dégagée desdites encoches.

Mais lorsqu’on arme le chien, l’arrière du collier h est amené en contact avec le cliquet, dont la pointe entre dans l’une des encoches radiales, et fait tourner la tête du chien jusqu’à ce qu’il ait atteint la position du cran d’armement, de telle sorte que lorsque ladite tête aura tourné d’un quart de sa circonférence, elle sera retenue dans cette position par le goujonj, fig. 9, pendant la descente du chien, moment où le cliquet I, par l’action du ressort J, reprend sa position stationnaire primitive sur le fût, jusqu’à ce qu’on arme de nouveau, ce qui fait faire un autre quart de tour à la tête du chien, et ainsi de suite.

Dans la culasse m, qui fait corps avec le fût, se trouve une ouverture circulaire n, fig. 3, pour la libre admission de l’extrémité q de la tête H; lorsque le chien est au repos le centre de l’ouverture n coincide avec celui de la tête tournante, et tous deux coïncident également avec le point central x, fig. 5 et 12.

A l’extrémité de face de la tête tournante se trouve une saillies, fig. 3, 7 et 10, partant du centre de ladite tête et se terminant au bord de sa face; cette saillie est destinée à déterminer l’ignition du fulminate contenu dans l’extrémité élargie des cartouches.

On comprendra qu’on ne peut faire usage que d’une sorte particulière de cartouches avec ce nouveau pistolet à plusieurs coups.

Ces cartouches consistent en une boite circulaire en métal mince contenant de la poudre à l’intérieur; une partie de la balle est fixée à une de ses extrémités, l’extrémité opposée étant élargie de manière à former un collier pour empêcher la cartouche de pénétrer trop avant dans la bouche du canon et servant également à renfermer le fulminate.

Dans la culasse m sont formés quatre évidements circulaires, coïncidant avec les quatre bouches, et dans ces évidements s’engagent les extrémités élargies des cartouches lorsque le canon est en place dans la culasse; l’extrémité d’arrière de chaque cartouche est ainsi recouverte par la culasse, sauf une petite partie du bord qui est exposée à l’ouverture centrale, fig. 12.

De chaque côté du fût est fixé un cliquet à ressort t, fig. 4 et 12, les extrémités de ces cliquets étant recourbées de façon à faire saillie intérieurement dans la face de la culasse; une légère incision de chaque côté du canon empêche ce dernier, lorsqu’il se meut contre la culasse, de gêner les pointes des cliquets, qui sont construits et situés de telle sorte, que lorsque le canon avec ses cartouches est amené sur la culasse l’extrémité recourbée d’un cliquet passe entre les extrémités élargies des cartouches inférieure et supérieure et le canon, d’un côté, et entre les extrémités élargies des deux autres cartouches et le côté du canon opposé, comme on le voit figure 12.

Les pointes des cliquets prennent cette position sans autre aide que la pression des extrémités élargies des cartouches contre elles quand le canon est amené sur la culasse.

Le canon étant avancé dans la position représentée fig. 3, le chien étant armé et les cartouches introduites dans leurs bouches respectives, le canon est ramené sur la culasse; les cliquets t s’engagent sous les extrémités élargies des cartouches et la pointe du levier d vient prendre sa place dans l’encoche du côté inférieur du canon; alors le pistolet est prêt à être déchargé.

Lorsqu’on presse sur la gâchette, la saillie s de la face du chien vient frapper sur le bord de la partie élargie d’une cartouche seulement et décharge cette dernière.

Lorsque le chien est armé de nouveau, avant qu’une seconde décharge ait lieu, la tête du chien doit tourner d’un quart de tour, et la saillie s, grâce à son excentricité par rapport au centre derotation de la tête, doit conséquemment avoir tourné également, et s’être éloignée de la cartouche déchargée en dernier lieu et se tourner dans une position telle qu’elle soit prête à agir sur une seconde cartouche; cette position de la saillie s change chaque fois que le chien est armé, chaque cartouche étant actionnée successivement jusqu’à ce qu’elles soient toutes déchargées.

L’extrémité du levier à cliquet d est alors élevée, et le canon dégagé de la culasse.

En agissant ainsi, les cliquets t maintiennent leurs prises sur les extrémités élargies des cartouches déchargées, ce qui retire ces dernières de leurs bouches respectives, et elles peuvent alors être enlevées et remplacées par d’autres.

Dans l’application de ces perfectionnements aux pistolets de plus grande dimension, il sera bon, afin de faciliter le chargement, d’appliquer un levier supplémentaire pour faire entrer et sortir le canon sur le fût; cette disposition est représentée par la figure 16.

Le levier M, dont la sous-garde u fait partie, est monté sur un axe dans la partie saillante a du fût; à ce levier est articulée une extrémité de la tige N, dont l’extrémité opposée est articulée à une saillie au côté inférieur du canon B.

Une saillie angulaire formée sur le levier Ms’adapte dans une encoche pratiquée dans le côté inférieur du canon et à l’arrière de ce dernier.

Quand le canon est sorti de la culasse, les parties ci-dessus mentionnées occupent la position représentée dans la figure 16.

Si l’on veut ramener le canon sur la culasse, on n’a qu’à amener le levier Mdans la position représentée en pointillé; la saillie V vient s’appliquer dans l’encoche du canon, et la partie recourbée du levier vient remplir l’office d’une sous-garde ordinaire.

On voit que par la disposition ci-dessus on obtient deux avantages: la rentrée et la sortie du canon, d’une part, et le dégagement de ce dernier, d’autre part.

Au-dessus du chien C est monté fou un cliquet 3, dont la pointe est formée de telle sorte qu’elle s’emboîte dans une encoche de la culasse m.

Lorsque le chien tombe, le cliquet 3 s’échappe en dessus par la force centrifuge, évitant ainsi l’encoche de la culasse et permettant au chien de tomber avec toute sa force pour faire feu.

Si l’on désire que le chien reste abaissé, sans que la pointe s vienne en contact avec la cartouche, l’abaisse doucement, de telle façon que la pointe du cliquet puisse pénétrer dans l’encoche de la culasse; le chien étant dans cette position, l’arme peut être portée chargée, et maniée sans danger d’explosion accidentelle.

Comme le canon est fait en acier doux, il serait sujet à s’endommager à son extrémité intérieure par la chute constante de la pointe du chien sur la cartouche; mais pour éviter cet inconvénient j’ai disposé la pièce centrale 4, fig. 17 et 18, en acier dur, qui est fixée dans un évidement du canon et sert de base, contre laquelle la saillies chasse la partie atteinte de chaque cartouche successivement.

En résumé, je désire qu’il soit bien entendu que je ne m’astreins point à la construction d’un canon à quatre bouches, ni aux dispositions précises ci-dessus décrites pour changer la position de la saillies, vu que le canon peut être muni d’un plus ou moins grand nombre de bouches et que l’on peut employer différents moyens pour faire changer de position la susdite saillie; mais l’invention est caractérisée par les points suivants:

1º L’explosion successive d’un certain nombre de cartouches de la forme indiquée au commencement de cette description, par le moyen d’une saillie tournante par le mouvement du chien, lorsque lesdites cartouches sont disposées de telle sorte, par rapport àla saillie, que cette dernière vienne frapper le bord seulement de chaque cartouche, comme je l’ai décrit;

2º Les cliquets t, disposés de telle façon sur le fût, par rapport aux bouches du canon, qu’en détachant ce dernier de la culasse ils servent à retirer toutes les cartouches simultanément;

3º Le cliquet 3 monté fou sur le chien, s’adaptant dans l’encoche de la culasse stationnaire de la manière et dans le but susmentionnés;

4º L’introduction d’une pièce centrale 4, fig. 17 et 18, en acier dur dans l’extrémité intérieure du canon, de façon qu’elle serve de base pour recevoir le coup du chien lorsque ce dernier s’abat sur chaque cartouche successivement.