France 6625
BREVET D’INVENTION DE DIX ANS
en date du 12 juillet 1841
(déchu par ordonnance du roi, le 10 septembre 1844),
Au sieur WILD (JeanJacques), à Zurich,
Pour un système d’armes à feu rayées.
Ce système consiste principalement dans l’interception de l’évent (terme d’artillerie), dans l’âme du canon, par un corps élastique; ce procédé offre divers avantages qui font la base de mon invention.
1º Le mouvement de rotation complète que le projectile reçoit, pendant qu’il parcourt l’âme du canon, est la cause déterminante de la plus grande justesse, c’est-à-dire pour atteindre un but à une très-grande distance.
2º.Le projectile s’introduit facilement dans l’arme, parce que c’est seulement son enveloppe qui se trouve en contact avec les rayures; par cette disposition, sa forme sphérique n’est pas altérée et, par la rotation qu’il reçoit, il présente toujours à l’air une surface complétement sphérique; dès lors la résistance de l’air ou la perte de vitesse est beaucoup moindre que dans les armes ordinaires; enfin, par ces moyens, il en résulte une plus grande portée.
3º En chargeant l’arme, ses parois intérieures sont complétement nettoyées par le corps élastique; il refoule la crasse au fond de l’arme, où elle est brûlée lorsque le coup part. Par ce moyen, on peut tirer une grande quantité de coups sans être obligé de nettoyer l’intérieur du canon.
4º Le corps élastique, qui se trouve entre les parois de l’arme et la balle, empêche tout frottement ou battement du projectile; inconvénient qui cause, dans les armes actuelles, des dégradations considérables.
5º Par l’interception de l’évent, le fluide élastique qui s’en échappe ordinairement est utilisé dans mon système; d’où il suit une grande économie de poudre.
6º Mon système est applicable à toutes les armes à feu, c’est-à-dire aux armes portatives comme aux pièces d’artillerie.
APPLICATION
Règle générale.
Pl. 31º. 1º Le corps élastique qui intercepte l’évent du canon et les cavités des rainures a, a, a, fig. 1re et 2º, doit avoir une solidité qui est à celle du plomb comme i est à o,5, et à celle du fer comme i est à 10; sa densité, étant sèche, est à celle de l’eau comme 1,7 est à 1, et, lorsqu’il a été trempé dans un liquide, il doit être comme 2,7 est à 1.
2º L’évent ou la différence entre le diamètre de la balle et celle de l’âme du canon mm, nn, fig. 1re, doit être, en minimum, d’un demi-millimètre et au delà (un trentième) du diamètre de la balle.
3º La profondeur des rayures b, c, fig. 2º, est égale à la moitié de l’évent = o. b.
4º Le nombre des rayures est en rapport avec le quotient obtenu en divisant le diamètre de la balle par la moitié de l’éven (n n)/(m m), fig. 1re.
5º La largeur des rayures d, e, fig. 2º, est, au minimum, de 2 millimètres; la totalité desdites largeurs est égale à 0,6 de la circonférence de l’âme.
6º L’inclinaison des rayures est dans un rapport en raison inverse des vitesses initiales des projectiles; elle est de 3º (fig. 3º) pour une vitesse initiale de 500 mètres.
Règles d’application.
7º Lecorps élastique peut être confectionné en toute matière; celle que je préfère est la toile de lin, parce que sa solidité est à celle du plomb comme I est à 0,5, et à celle du fer comme i est à 10. Pour avoir la densité indiquée dans le paragraphe 1er, je prends un nombre quelconque de morceaux de toile d’un diamètre arbitraire, f, g, fig. 4º, lequel est égal à 0,9 D7, où D exprime le diamètre du projectile; les morceaux de toile pesés ont un poids en grammes que je suppose égal à p; on les place les uns sur les autres entre deux planchettes, E, F, fig. 5, et on les presse, d’une manière quelconque, jusqu’à ce que l’espace qu’ils occupent soit devenu = P/(1,7) = γπ(o45Dπ)^2, γ=h i, fig. 5º; la toile ainsi pressée est alors la densité exigée.
Le tissu en toile ou autre matière doit être assez spongieux pour absorber, à l’état libre, autant de grammes d’un fluide liquide quelconque (je suppose de l’huile) qu’il a occupé de centimètres cubes dans l’état de pression, afin que la densité soit égale à celle indiquée dans le paragraphe 1º, c’est-à-dire comme 2,7 est à 1.
D’après le paragraphe 2, le calibre du canon est (1/30)D; d’après ce qui précéde, les rayures se terminent comme suit:
8º La profondeur desdites rayures b, c, fig. 2º, est égale à J, en mettant 2 J égale (1/30 )D.
La largeur de, fig. 2º, (=2,4Jπ(D+2J))/D; le nombre D/(4J) et l’inclinaison sontobtenus en degré par 1500/v. où v présenté la vitesse initiale, en maximum, avec laquelle l’arme peut lancer son projectile.
Les dimensions ei-dessus indiquées peuvent être variées, pourvu que 1/2(JDπ^2) soit au moins égal à J π (D+J) + o6Jπ(D+3,J), attendu que le principe de mon invention repose spécialement sur le moyen de boucher l’évent par un corps élastique.
Les dessins joints sont tracés sur une échelle arbitraire, c’est-à-dire que les objets représentés peuvent être appliqués à toute espèce d’armes.