Patent: Faye

France 93612

Ministère de l’Agriculture et du Commerce

Durée: Quinze ans

N. 93612

Brevet d’Invention sans garantie du Gouvernement

Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Vu la loi du 5 juillet 1844; Vu le procès verbal dressé le 20 Décembre 1871, à 3 heure 6 30 minutes, au Secrétariat général de la Préfecture du département Faye d’une demande de brevet d’invention de quinze années, pour une arme à feu dite révolver-Faye

Arrête ce qui suit:

Article premier.

Il est délivré au S. P. Faye, Rue e S. Cloud, 59 à Turesne (Seine), sans examen préalable, à ses risques et périls, et sans garantie, soit de la réalité, de la nouveauté ou du mérite de l’invention, soit de la fidélité ou de l’exactitude de la description, un brevet d’invention de quinze années, qui ont commencé à courir le 20 Décembre 1871, pour une arme à feu dite Révolver-Faye

Article deuxième.

Le présent arrêté, qui constitue le brevet d’invention, est délivré au S. Faye pour lui servir de titre. A cet arrêté demeurera joint un des doubles de la description avec dessin déposés à l’appui de la demande.

Paris, le quinze mars mil huit cent soixante douze Pour le Ministre et par délégation:

Le Directeur du Commerce intérieur

Description de l’arme qualifiée revolver Faye, pour laquelle l’inventeur demande au Gouverne-ment français, un brevet de quinze ans.

L’arme dont il s’agit se compose des pièces ci-après décrites:

1.Un canon A.B., ouvert par les deux bouts, et portant à sa bâse, une pièce métallique B.C. munie, dans sa longueur d’une petite tige verticale en forme de vix.

Le canon et sa pièce de soutien sont fixés ensemble.

2. Un bois E.F. creusé de manière à recevoir le canon et sa pièce de soutien, en lui permettant de glisser, en avant ou en arrière, dans son creuse.

Ce bois est terminé. à son extrémité opposé à la crosse, par un ferranent ??? dans lequel passe, en s’y vissant, une vis horizontale; et porte, vers son milieu, une entaille destinée à recevoir le système dont il sera ci-après parlé.-Sur cette entaille, repose une roue d’engrenage fixée sur un arbre ou pivot traversant le bois

Sous la poignée de la crosse, est fixée une pièce H. formant, entr’elle et le bois, un petit vide.-Cette pièce est nommée ici régulateur.

3. Un système métallique L., en forme de tablette à autant de trous qu’on veut donner de coups à l’arme. C’est dans cette pièce que se logent les charges de l’arme.

Sur le milieu de l’une des deux plus grandes surfaces, est fixée, extérieurement, une crémaillère se croisant avec la longueur des trous.

4.-Une pièce O. en forme de compas à autant de branches qu’il y a de trous ou cylindres creux dans le système L., avec observation qu’une roue-compas pour seule suffire au système le plus long.

5.-Un tube R. s’entaillant et se fixant dans la longueur de la poignée de la crosse.-Ce tube porte, à son extrémité supérieure, une fente droite

Le bout du tube (du côté de la fente) passe dans le ferrument, recul de la poignée, au moyen d’un trou pratiqué dans ce ferrumen

6.-Une tige P. dont une partie passe dans un ressort à Goudin, et dont l’autre partie porte une pièce quelconque (anneau ou cheville)

Cette tige s’introduit dans le tube R. dans lequel, elle coulisse selon les besoins, et porte ici le nom de marteau.

7.-Plusieurs cylindres métalliques et égaux i.i.i., dits cylindres-cartouches, destinés à recevoir les charges.

Chaque cylindre porte, au centre de sa bâse, une cheminée s’y vissant et y faisant saillie extérieurement.-La partie saillante est traversée par une aiguille; de plus, elle a son bout dentelé de plusieurs pointes en forme de scie.-L’aiguille et les dents de la cheminée formant ainsi un faisceau de points sur lequel s’appuie la bâse d’une capsule qu’on adapte au bout.-Ce concours de plusieurs pointes agissant à la fois sur le fulminate, détermine l’explosion sans exiger une pression aussi forte que celle ordinaire des armes à feu.

Observation.-Aux pièces qui viennent d’être décrites, se joignent d’autres de sûreté et d’ornement dont la description paraît inutile vu qu’elles ne sont que des accessoires.

Manière de monter l’arme.

1.Introduire le marteau P. dans le tube R., et loger, dans la poignée de la crosse, les deux pièces réunies

2.-Mettre le canon et sa pièce de soutien dans l’entaille du bois destiné à les recevoir, en faisant traverser le bois par la petite tige D.

Ceci fait, mettre un écrou au bout de cette tige.

3.-Dans l’entaille destinée à recevoir le système, placer la roue d’engrenage en faisant traverser le bois par l’arbre ou pivot; et, au bout de celui-ci, fixer le compas O. de manière à ce qu’il puisse jouer librement dans le vide du régulateur H. placé sous la poignée de la crosse.

4.-Sur la roue d’engrenage, placer le système L. en tournant en bas, bien entendu, le côté qui porte la crémaillère.

5.-Faire passer une des branches latérales du compas dans le vide du régulateur, de manière à faire affleurer celui-ci avec la branche.-Le régulateur et chaque branche étant d’égale largeur, on connaît (sans le voir) que l’affleurement a lieu lorsque les deux pièces peuvent être pincées ensemble avec deux doigts, ou simplement touchées ensemble avec un seul doigt.

6.-Lorsqu’une branche latérale du compas se trouve dans le régulateur, en affleurant avec lui, mettre un des trous latéraux du système en communication avec le trou du canon, et établir l’engrenage entre la crémaillère et la roue.-Cet engrenage s’obtient en poussant, en arrière, le canon vers le système, tout en maintenant celui-ci dans la communication qu’on vient de lui donner.

Dans cette position, le système et le canon se touchent, et on fixe définitivement ce dernier, ce qui se fait en serrant l’écrou de la petite tige D. et la vis G. laquelle vient ainsi pousser la pièce de soutien du canon en butant contre son épaulement C.

Fonctionnement de l’arme. L’arme étant préalablement montée comme il vient d’être dit, son fonctionnement a lieu de la manière suivante:

1.-Charger, à l’avance, autant de cylindres-cartouches qu’on se propose d’en employer, et en garnir successivement les trous du système.

2.-Mettre successivement chaque cylindre du système une fois chargé en communication avec le canon; et, lorsque cette communication existe, pousser en arrière avec le doigt, le marteau en faisant fléchir le ressort, et puis le lâcher vivement pour le faire frapper sur la capsule du cylindre.

Il importe de bien remarquer qu’on ne doit lâcher que progressivement c.à.d. absolument comme si l’on voulait obtenir la vibration d’un corps quelconque qui en est susceptible. Or, une vibration ne s’obtient qu’en abandonnant très vivement l’objet tout en le poussant vivement aussi, en sens opposé. Les communications successives s’obtiennen en resserrant successivement, avec un ou deux doigts de l’une ou l’autre main, chaque branche du compas dans le vide du régulateur.-À chaque fois qu’une branche, après avoir passé dans cette pièce affleure avec elle, on est sûr d’une communication parfaite, parce que chaque branche correspond à une ligne droite (imaginaire) qui, à chaque affleurement, joindrait un des trous du système au trou du canon, en passant par le centre des deux.

Ainsi donc, les diverses communications reposent sur un glissement ou coulissement du système mis en action par l’engrenage.

2.Observation.-La roue, sa crémaillère, son compas et le régulateur peuvent être entièrement supprimés chaque fois que l’arme n’a pas plus de 3 ou 4 coups, et que celui qui s’en sert, dans cette limite, a le libre usage de ses deux mains.

Dans l’hypothèse, on peut obtenir le coulissement du système en le faisant glisser dans l’entaille avec les doigts de l’une des deux mains; et pour régler les diverses communi-cations successives on se sert avantageusement du procédé suivant comme un exemple entre d’autres de simplicité.

En travers et au dessous de chaque tube du système, fixer une baguette ou poussoir d’une longueur égale à la largeur de l’entaille dans laquelle glisse ce système. Bien observer que le milieu de chaque poussoir repose sur le milieu de son tube.

Dans ce dernier mécanisme (par poussoirs), on obtient les communications successives en faisant glisser successivement, avec les doigts, chaque poussoir dans l’entaille; et lorsque les deux bouts d’un poussoir affleurent avec les deux côtés de l’entaille (ce qu’on sent très bien avec les doigts) on est sûr d’une communication parfaite. En effet, l’affleurement des poussoirs avec les côtés de l’entaille produit absolument le même effet que l’affleurement des branches du compas avec le régulateur, dans le mécanisme par engrenage.

3. Observation.-Il est à remarquer ce qu’on peut encore simplifier le mécanisme en supprimant les cylindres-cartouches. Effectivement, les charges peuvent très bien être logées dans les trous du système lui-même. Seulement, dans ce cas, chaque trou doit être muni d’une cheminée semblable à celles des cartouches, et présenter une bâse (1)

1) assez forte pour recevoir cette cheminée et pour supporter l’effet de l’explosion de la charge.

2.et enfin, que tout ce qui concerne les cylindres-cartouches, les cheminées à aiguille, les poussoirs et le régulateur, peut s’appliquer aussi bien au revolver ordinaire par tambour qu’au revolver décrit précédemment En effet, on conçoit très bien la grande facilité qu’il y a à fixer, sur les cylindres d’un tambour, des poussoirs quelconques pour lui imprimer des mouvements de rotation sur son axe, en les faisant passer successivement dans un régulateur dont l’établissement ne présente aucune difficulté. Les résultats obtenus par les deux systèmes (à tambour et à tablette) sont absolument les mêmes. Il n’y a de différence que dans la manière dont s’effectuent les communications successives avec le canon de l’arme. Dans le système à tambour, elles se produisent par un tournement circulaire tandis que, dans le système à tablette, elles ont lieu par un glissement horizontal

Déposé par le demandeur du brevet.

Turesnes, le 19 X 1871. S. Faye